Affaire Legrand-Cohen : pour la patronne de Radio France, une vidéo « instrumentalisée » malgré des « propos problématiques »
La présidente de Radio France, Sibyle Veil, a estimé mercredi que la vidéo à l’origine de l’affaire Legrand‑Cohen avait été « instrumentalisée » pour accuser l’audiovisuel public de pencher à gauche, tout en reconnaissant qu’elle contenait des « propos problématiques ».

Sibyle Veil, PDG de Radio France, et Charles-Emmanuel Bon, secrétaire général, avant une audition à l’Assemblée nationale sur l’audiovisuel public, à Paris, le 17 décembre 2025.
Photo: STEPHANE DE SAKUTIN / AFP via Getty Images
« On a fait dire beaucoup de choses à cette vidéo, mais le soupçon de complot politique ne tient pas », a affirmé la dirigeante devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée de se pencher sur la « neutralité » et le « financement » de l’audiovisuel public.
Une vidéo devenue affaire politique
« Ce que je déplore, c’est qu’elle a été instrumentalisée », a poursuivi Sibyle Veil, à propos de la séquence montrant les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen, tous deux collaborateurs de l’audiovisuel public, conversant avec deux cadres du Parti socialiste dans un restaurant.
Les propos de Thomas Legrand à l’égard de la ministre de la Culture, Rachida Dati, dans cette vidéo « m’apparaissent problématiques », a reconnu la présidente de Radio France, tout en précisant qu’ils n’avaient « pas été dits au nom de Radio France ou de France Inter ».
Legrand et Cohen contestent un montage
Thomas Legrand, a‑t‑elle rappelé, a quitté la rédaction de France Inter en 2022 pour devenir éditorialiste à Libération ; il intervenait dès lors sur l’antenne en cette qualité. Le journaliste rencontrait les responsables socialistes « en tant que journaliste de Libération », et leurs échanges portaient sur « des éditoriaux qu’il a écrits dans (ce) journal », a insisté Sibyle Veil.
La vidéo incriminée, diffusée début septembre par le magazine conservateur L’Incorrect, montre Thomas Legrand évoquant, face à deux responsables socialistes, les stratégies de la gauche aux prochaines élections. À propos de la candidate de la droite parisienne, Rachida Dati, il lâche : « Nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi. » Les deux journalistes ont dénoncé un montage et ont porté plainte.
Le symbole d’une bataille médiatique
« Je regrette très fortement la violence et la virulence des attaques qui se sont abattues sur l’audiovisuel public et qui ont même conduit à l’existence de cette commission », a déploré la présidente de Radio France.
L’affaire Legrand‑Cohen a cristallisé les tensions entre l’audiovisuel public et les médias appartenant au groupe du milliardaire conservateur Vincent Bolloré — notamment CNews, Europe 1 et le Journal du Dimanche (JDD). Ces derniers y ont vu une preuve de partialité du service public en faveur de la gauche.
En réponse, France Télévisions et Radio France ont déposé début novembre une plainte pour « dénigrement » à l’encontre de plusieurs de ces médias.

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