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Le conseil d’administration de Warner Bros. exhorte les actionnaires à rejeter l’offre hostile de rachat de Paramount
La présidente du conseil de Warner Bros. Discovery estime que l’offre de Paramount est « inadéquate ».

Le logo de Warner Bros. Discovery sur l’une des façades du groupe, à Culver City, en Californie, le 5 décembre 2025.
Photo: Patrick T. Fallon / AFP via Getty Images
Le conseil d’administration de Warner Bros. Discovery a annoncé, le 17 décembre, qu’il recommandait aux actionnaires de rejeter l’offre publique d’achat hostile de Paramount Skydance et de soutenir la proposition de Netflix.
La semaine dernière, Paramount a proposé une offre entièrement en espèces de 30 dollars par action, valorisant Warner Bros. à 108,4 milliards de dollars, soit le même montant que l’offre faite une semaine plus tôt. Le PDG David Ellison a fait valoir que cette proposition était supérieure à celle de Netflix et a déclaré qu’une fusion entre Paramount et Warner Bros. aurait plus de chances d’être approuvée par les autorités réglementaires.
Mais Samuel Di Piazza Jr, président du conseil de Warner Bros. Discovery, assure que Paramount n’a jamais présenté de proposition supérieure à celle de Netflix, ajoutant que l’offre actuelle est « inadéquate, et fait peser des risques et des coûts considérables sur nos actionnaires ».
« Cette offre ne répond une nouvelle fois pas aux préoccupations essentielles que nous avons constamment exprimées à Paramount tout au long de nos échanges approfondis et de l’examen de leurs six propositions précédentes », a déclaré M. Di Piazza dans un communiqué.
« Nous sommes convaincus que notre fusion avec Netflix offre à nos actionnaires une valeur supérieure et plus certaine et nous nous réjouissons de pouvoir concrétiser les bénéfices majeurs de cette combinaison. »
Le conseil ajoute que l’offre de Paramount repose sur plus de 40 milliards de dollars de financement extérieur à la famille Ellison, en contradiction avec les assurances du studio qui évoquait une garantie de financement « intégrale » apportée par le clan familial.
« En dépit de leurs ressources substantielles, ainsi que de multiples assurances données par PSKY [Paramount Skydance] durant notre examen stratégique, selon lesquelles un tel engagement allait être formalisé, la famille Ellison a choisi de ne pas garantir l’offre de PSKY », écrit le conseil aux actionnaires.
Peu après ces déclarations, Paramount a réaffirmé sa volonté de racheter Warner Bros., accusant le groupe de tromper « ses actionnaires en leur laissant croire qu’il s’agit d’une question compliquée de documents juridiques ».
« La propre version des faits de WBD [Warner Bros. Discovery] sur les décisions qui ont abouti à sa transaction inférieure avec Netflix révèle un processus qui n’a pas été mené pour obtenir la meilleure offre possible pour les actionnaires de WBD », a dénoncé Paramount dans un communiqué.
« En réalité, c’est très simple : 30 dollars en numéraire, intégralement garantis par un trust très bien capitalisé (créé il y a environ quarante ans) par l’un des entrepreneurs et fondateurs les plus connus au monde, Larry Ellison. »
Dans une interview accordée à l’émission « Squawk Box » de CNBC, le 17 décembre, M. Di Piazza a indiqué que le conseil aurait souhaité une implication plus forte de Larry Ellison, le milliardaire cofondateur d’Oracle.
« Nous n’étions pas convaincus que l’un des hommes les plus riches du monde serait présent au moment de la finalisation de l’opération », a‑t‑il souligné. « Conclure un accord, c’est bien, le mener à son terme, c’est mieux. »
Le géant du streaming Netflix a annoncé plus tôt ce mois‑ci son intention de racheter l’empire Warner Bros. dans le cadre d’une opération en numéraire et en actions valorisée 27,75 dollars par action, pour une valeur totale de 72 milliards de dollars.
Ted Sarandos, co‑directeur général de Netflix, a indiqué dans un communiqué publié le 17 décembre qu’il se félicitait du soutien apporté par le conseil de Warner Bros., réaffirmant que l’offre de Netflix est « supérieure » et conforme à l’intérêt des actionnaires.
« Ce processus concurrentiel a abouti au meilleur résultat possible pour les consommateurs, les créateurs, les actionnaires et l’ensemble du secteur du divertissement », a déclaré M. Sarandos.
Des obstacles réglementaires
Si les autorités de régulation valident cet accord géant, le studio de cinéma et la plateforme de streaming de Warner Bros. passeront sous l’égide de Netflix.
L’offre de Netflix « n’a pas été un choix difficile », a assuré M. Di Piazza sur CNBC.
Depuis que Netflix est apparu comme le vainqueur de cette bataille de surenchères, les inquiétudes se multiplient, aux États‑Unis, au sujet des risques de concentration liés à la fusion Netflix–Warner Bros.
Le président Donald Trump ainsi que plusieurs parlementaires américains ont critiqué ce projet.
« [Netflix a] une part de marché très importante, et avec Warner Bros., cette part augmente fortement. C’est une part de marché considérable, cela ne fait aucun doute. Cela pourrait poser problème », a déclaré M. Trump à des journalistes le 7 décembre.
La sénatrice Elizabeth Warren (démocrate, Massachusetts) a qualifié l’opération de « cauchemar anti‑monopole ».
Samuel Di Piazza estime qu’une fusion avec l’un ou l’autre des prétendants serait soumise à un examen réglementaire approfondi.
« L’une ou l’autre de ces opérations peut aboutir. Dans les deux cas, il faudra se battre pour franchir l’étape du [département de la Justice] », a‑t‑il expliqué sur CNBC.
Même en cas de recours des autorités fédérales, Greg Peters, co‑directeur général de Netflix, affirme que le groupe défendra son projet de fusion.
Netflix considère toutefois que la procédure sera tranchée « sur la base des faits, qui plaident clairement pour l’approbation de l’accord », a indiqué M. Peters à l’émission « Squawk Box » de CNBC, le 17 décembre, ajoutant qu’il s’agit d’une opération « bénéfique pour les consommateurs, au bout du compte ».
David Ellison, de Paramount, a toutefois déclaré à la même émission, la semaine précédente, que Netflix se heurterait à un parcours réglementaire difficile, une fusion entre le numéro un du streaming et la troisième plateforme du marché étant, selon lui, « anticoncurrentielle ».
Dans les échanges avant‑Bourse, le titre Paramount a cédé plus de 2 %, tandis que l’action Warner Bros. reculait d’environ 1 % et que le titre Netflix progressait de près de 2 %.

Andrew Moran couvre les affaires, l'économie et la finance. Il est écrivain et reporter depuis plus de dix ans à Toronto, avec des articles publiés sur Liberty Nation, Digital Journal, et Career Addict. Il est également l'auteur de "The War on Cash" (La guerre contre le liquide).
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