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Un pétrolier sanctionné saisi par les États-Unis près du Venezuela : ce qu’il faut savoir

Le plus grand pétrolier jamais saisi était lié au trafic de stupéfiants et au commerce de brut, a indiqué l’administration américaine.

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La porte parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt répond aux questions lors d’un point de presse à la Maison Blanche, le 11 décembre 2025, à Washington. Mme Leavitt a été interrogée sur la récente opération militaire américaine visant à saisir un pétrolier sanctionné au large du Venezuela, dans un contexte de renforcement du dispositif militaire américain dans la région.

Photo: Alex Wong/Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Le président Donald Trump a confirmé, le 10 décembre, que les États‑Unis avaient intercepté un grand pétrolier au large des côtes vénézuéliennes.
Alors que l’actuelle administration américaine affirme que le navire servait à transporter du pétrole brut sanctionné en provenance du Venezuela et de l’Iran, Caracas a qualifié cette opération de « piraterie internationale ».
Cette nouvelle opération a encore attisé les tensions entre Washington et Caracas, alors que la Maison‑Blanche continue de faire pression sur le président vénézuélien Nicolás Maduro pour qu’il quitte le pouvoir.
Voici les principaux éléments à retenir.

L’opération

M. Trump a évoqué l’opération devant les journalistes, tout en s’abstenant d’en donner beaucoup de détails.
« Comme vous le savez sans doute, nous venons d’arraisonner un pétrolier au large du Venezuela », a déclaré le président. « Un gros pétrolier, un très gros pétrolier, le plus grand jamais saisi, en réalité. »
L’autorité maritime du Guyana a indiqué mercredi que le superpétrolier Skipper, chargé de brut vénézuélien, battait illégalement pavillon guyanien. Après avoir été informée de la saisie par les États‑Unis, l’agence a annoncé qu’elle engagerait des poursuites pour usage non autorisé de son pavillon.
« Nous constatons une tendance croissante et inacceptable de navires utilisant le pavillon guyanien sans être enregistrés », a précisé le département.
La procureure générale Pam Bondi a confirmé, sur X, que les garde‑côtes, le FBI, les services d’enquêtes de Homeland Security et le Pentagone avaient conjointement exécuté le mandat de saisie.
Mme Bondi a également publié sur X une vidéo de 45 secondes de l’assaut, où l’on voit des militaires américains lourdement armés descendre d’hélicoptères et se déployer sur le pont du navire, sans qu’aucun membre d’équipage ne soit visible.
« Depuis plusieurs années, ce pétrolier fait l’objet de sanctions américaines en raison de son implication dans un réseau illicite d’acheminement de pétrole au profit d’organisations terroristes étrangères », a‑t‑elle indiqué dans sa publication.

Pétrole ou stupéfiants

De hauts responsables de l’administration ont aussi laissé entendre que l’incident était lié aux stupéfiants.
Lors d’une audition devant la commission de la Sécurité intérieure de la Chambre des représentants, le 11 décembre, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a défendu cette opération comme faisant partie de la stratégie de lutte antidrogue de la Maison‑Blanche en Amérique latine.
Mme Noem a assuré aux élus que des « doses létales de cocaïne » avaient été empêchées d’entrer sur le territoire grâce à cette opération. Sous l’autorité du président, a‑t‑elle poursuivi, les États‑Unis ripostent contre un « régime qui protège systématiquement et inonde notre pays de drogues mortelles, tuant la prochaine génération d’Américains ».

La secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, témoigne devant la commission de la Sécurité intérieure de la Chambre des représentants, au Cannon House Office Building, à Washington, le 11 décembre 2025. (Anna Moneymaker/Getty Images)

Interrogée pour savoir si les opérations américaines en Amérique latine étaient davantage liées au pétrole ou aux narcotiques, la porte‑parole de la Maison‑Blanche, Karoline Leavitt, a répondu que l’administration se concentrait sur un large éventail de priorités dans l’hémisphère occidental. Elle a ajouté que des saisies similaires pourraient être menées afin d’empêcher que les revenus pétroliers n’alimentent le trafic de drogue.
« Nous n’allons pas rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés sillonner les mers avec du pétrole vendu au marché noir, dont le produit viendrait financer le narco‑terrorisme de régimes voyous et illégitimes partout dans le monde », a déclaré Mme Leavitt aux journalistes lors d’un point de presse le 11 décembre.
Ces dernières semaines, l’administration Trump a lancé des frappes militaires contre des navires qu’elle accuse de faire passer de la drogue aux États‑Unis. Le gouvernement a également désigné le Cartel de los Soles comme organisation terroriste étrangère, affirmant que ce groupe agit sous les ordres de M. Maduro.
Lors d’une allocution à la Maison‑Blanche la semaine précédente, M. Trump a indiqué qu’il pourrait aller plus loin et ordonner des frappes terrestres au Venezuela. Il a en outre averti que d’autres pays impliqués dans le trafic de drogue vers les États‑Unis pourraient, eux aussi, faire l’objet d’actions militaires.

« Piraterie internationale »

Le sort du brut transporté à bord du navire reste incertain.
« On le garde, j’imagine », a lancé M. Trump. « Je ne sais pas. »
Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yván Gil Pint, a dénoncé sur les réseaux sociaux un « vol manifeste » et un acte de « piraterie internationale ».
« Les véritables raisons de cette agression prolongée contre le Venezuela sont désormais mises à nu », a déclaré M. Pint dans un communiqué publié le 11 décembre sur Instagram.
« Ce n’est pas la migration. Ce n’est pas le trafic de drogue. Ce n’est pas la démocratie. Ce ne sont pas les droits de l’homme. Il a toujours été question de nos richesses naturelles, de notre pétrole, de notre énergie, de ces ressources qui appartiennent exclusivement au peuple vénézuélien. »
Dans un message publié le 11 décembre sur X, l’ambassade d’Iran à Caracas a, elle aussi, fustigé l’attitude des États‑Unis, qualifiant leurs actions de « piraterie d’État » et les accusant de se livrer à un « brigandage armé en mer ».

Prix du pétrole

Les tensions grandissantes en Amérique latine ont eu peu d’effet sur les prix de l’énergie.
Le baril de West Texas Intermediate, la référence américaine, a reculé de 4 % cette semaine, repassant sous les 58 dollars. Depuis le début de l’année, il cède 20 %.
De même, le Brent, référence mondiale, a perdu 4 % cette semaine, évoluant autour de 61 dollars le baril. Sur l’année, le Brent a chuté de 18 %.
« Certains estiment que la saisie d’un pétrolier pourrait être considérée comme un acte de guerre, mais s’il existe réellement une justification solide, nous pourrions bientôt en savoir davantage », commente Phil Flynn, stratégiste énergie chez The PRICE Futures Group, dans une note datée du 11 décembre.
« Pour l’heure, le marché semble disposé à accorder au président le bénéfice du doute. »
Le Venezuela exporte plus de 900.000 barils de pétrole par jour, soit davantage que la moyenne d’environ 656.000 barils enregistrée l’an dernier.
Jack Phillips a contribué à la rédaction de cet article.
Avec Reuters
Andrew Moran couvre les affaires, l'économie et la finance. Il est écrivain et reporter depuis plus de dix ans à Toronto, avec des articles publiés sur Liberty Nation, Digital Journal, et Career Addict. Il est également l'auteur de "The War on Cash" (La guerre contre le liquide).

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