Activité physique sur ordonnance: un remboursement de la Sécu en vue pour certaines pathologies?

Par Epoch Times avec AFP
23 septembre 2023 10:45 Mis à jour: 23 septembre 2023 10:51

En cas de maladie chronique et d’affection de longue durée, un médecin peut prescrire des séances d’activité physique, mais elles ne sont remboursées par la Sécurité sociale. Les choses pourraient cependant changer pour certaines pathologies. 

Cancers, dépressions légères, diabète : les études scientifiques prouvent depuis des années déjà les bienfaits d’une activité physique parallèlement aux traitements. D’où ces séances dites d’« activité physique adaptée » (APA) permises depuis une loi de 2016, et prises en charge en partie par certaines mutuelles. La loi sport promulguée en mars 2022 a même élargi à certaines maladies chroniques ainsi qu’à la perte d’autonomie pour les personnes âgées par exemple la liste des pathologies pouvant justifier une APA.

« 20 millions de personnes »

« Cela représente plus de 20 millions de personnes en France », explique à l’AFP Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, présidente de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps). Elle note au passage que les bienfaits de l’activité physique, que ce soit à titre préventif ou de traitement – pas courir un 10 km mais juste marcher, prendre les escaliers ou jardiner – sont parfois méconnus des médecins eux-mêmes. « Depuis deux ans, c’est intégré à la formation des étudiants en médecine », précise-t-elle.

Concrètement, un cycle d’activité physique adaptée consiste en deux à trois séances hebdomadaire pendant trois mois au minimum auprès notamment des Maisons sport-santé, des établissements créés en 2019. Il varie selon les pathologies.

« L’activité physique adaptée »

Du côté de Dunkerque (Nord), c’est à bord d’un bus, à l’initiative d’un cancérologue, que l’association DK Pulse amène les séances vers les domiciles des patients. La prise en charge financière du bilan préalable aux séances pour une personne atteinte d’un cancer a été décidée en 2020 à hauteur de 180 euros. Mais les séances en elles-mêmes ne sont toujours pas remboursées. Certaines Agences régionales de santé (ARS) mettent la main au pot. Quelques expérimentations, comme celle menée à Nice par l’association Azur Santé pour des patients atteints de pathologies cardio-vasculaires sont prises en charge.

Cet été, l’Assurance maladie a proposé dans son rapport 2024 « d’engager cette prise en charge en ciblant sur les personnes atteintes de cancer ou de diabète ». La discussion est engagée avec les pouvoirs publics. Lors d’un conseil olympique qui s’est tenu en juillet, Emmanuel Macron a émis le souhait que « l’activité physique adaptée bénéficie d’une prise en charge de droit commun par les organismes d’assurance maladie obligatoire ou complémentaires santé pour certains parcours de soins ».

« Le non-remboursement est l’un des freins »

La question est de savoir si ce souhait sera concrétisé dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ? « Le non-remboursement est l’un des freins » au développement de l’APA, explique Martine Duclos qui a participé à un rapport sur le sport et la santé, remis cet été, qui préconise la prise en charge pour « toutes les maladies chroniques ». D’autant que ces maladies peuvent toucher des populations « qui n’ont pas de mutuelle » et « un accès difficile aux soins ». Une séance peut coûter « 40 euros », un tarif dégressif en groupe, précise-t-elle encore.

Pour l’ex-député Régis Juanico (Génération.s), « il faut un ‘‘acte II’’ de l’activité physique adaptée avec le remboursement ». Auteur du livre « Bougeons, manifeste pour des modes de vie plus actifs », il explique à l’AFP qu' »il faudrait commencer par rembourser la première consultation », bilan et questionnaire, consultation qui n’est pas remboursée.

Selon plusieurs études, dont une menée en 2021 par l’Institut national du cancer, les médecins prescrivent peu l’activité physique adaptée, faute de formation et aussi « par manque de visibilité et de financement ». « À part quelques villes, comme Strasbourg ou Libourne, fortement mobilisées car il y a une volonté politique, le médecin est seul », poursuit l’ancien député.

Il se montre aussi vigilant pour que les Maisons sport-santé puissent avoir un « financement pérenne ». Dans l’optique du futur débat parlementaire autour du PLFSS, il reconnaît que « la difficulté de communication pour le gouvernement aujourd’hui, c’est d’un côté une augmentation des dépenses de soins, et de l’autre, dire on va faire d’autres dépenses », dit-il.

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