En pleine trêve tarifaire entre les États-Unis et la Chine, des experts avertissent que le PCC va déployer des tactiques dilatoires

Un expert a cité le célèbre ouvrage de stratégie militaire "L'art de la guerre" pour avertir que Pékin cherchera à ralentir les négociations pour prendre l'avantage

Par Andrew Moran et Andrew Moran & Terri Wu
18 mai 2025 17:13 Mis à jour: 18 mai 2025 17:13

Les États-Unis et la Chine ayant convenu d’une trêve commerciale temporaire, des experts prévoient que Pékin essaiera de faire traîner les choses au cours des trois prochains mois afin de prendre l’ascendant sur Washington.

À l’issue des négociations qui se sont déroulées du 10 au 11 mai en Suisse, les États-Unis ont accepté d’abaisser la plupart des droits de douane progressifs appliqués à la Chine de 145 % à 30 %, tandis que la Chine a réduit ses droits de douane de rétorsion sur les produits américains de 125 % à 10 %. Ces réductions seront maintenues pendant 90 jours, le temps que les deux parties poursuivent les négociations en vue de parvenir à un accord plus large.

William Lee, économiste en chef à l’Institut Milken, a considéré le résultat comme un match nul entre les deux pays.

« C’est une victoire pour les deux parties. Personne n’a pris le dessus », a-t-il récemment déclaré à Epoch Times.

La Chine, a-t-il fait remarquer, ne peut pas laisser le commerce décliner trop longtemps puisqu’il représente une part importante de son PIB. Sur le plan intérieur, a-t-il ajouté, il s’agit également d’une victoire pour les États-Unis, car « certains marchés ont sans aucun doute rebondi ».

Selon Christopher Balding, membre du groupe de réflexion britannique Henry Jackson Society et collaborateur d’Epoch Times, c’est le début d’un marathon entre les deux plus grandes économies.

« Il ne s’agit pas d’un accord révolutionnaire », a déclaré M. Balding lors d’une récente interview accordée à Epoch Times.

« La seule chose qu’ils peuvent vraiment dire est qu’ils ont mis en place un groupe pour discuter de la manière de poursuivre les négociations. »

Tactiques de retardement

Pour l’avenir, certains experts estiment que l’administration américaine devra trouver des moyens stratégiques pour mener à bien les négociations commerciales avec le Parti communiste chinois (PCC) tout en évitant les écueils.

Alexander Liao, un expert de la Chine qui compte plusieurs décennies d’expérience journalistique à Hong Kong, Londres et Washington, pense que le régime tentera de prolonger les discussions commerciales, peut-être jusqu’à la nouvelle année.

« Pour le Parti, le mandat limité du président Donald Trump est une faiblesse importante, tout comme la faible majorité du GOP au Congrès », a récemment indiqué M. Liao à Epoch Times. (GOP : le Parti républicain, ndlr)

Si le régime chinois parvient à faire traîner les négociations jusqu’en janvier ou février et à raviver les tensions commerciales, l’économie américaine et les élections de mi-mandat de 2026 pourraient en être affectées, a-t-il fait remarquer.

Pour la Chine, il s’agit de s’abstenir d’engager le combat aux conditions de l’ennemi.

« Dans L’art de la guerre, le célèbre stratège militaire chinois Sun Tzu conseillait de ne pas mener une guerre selon les conditions de l’ennemi », a expliqué M. Liao.

« Le moment de la guerre, le lieu de la guerre et le style de la guerre sont tous des facteurs essentiels pour prendre l’initiative. »

Si rien ne se passe au cours des négociations à venir, l’administration pourrait être amenée à revenir à l’agressivité, a estimé M. Liao.

« Les États-Unis devraient se lancer à corps perdu dans une guerre commerciale pour forcer la Chine à revenir sur leur calendrier », a-t-il ajouté.

Yeh Yao-Yuan, professeur d’études internationales à l’université de St. Thomas à Houston, pense que les responsables américains ne se laisseront pas faire par le PCC.

« Si Pékin n’offre rien de significatif à Washington d’ici juillet, M. Trump pourrait rétablir les droits de douane », a indiqué M. Yeh à Epoch Times.

Mais le président américain pourrait également recourir à d’autres mesures punitives, telles que l’établissement d’une liste noire des entreprises chinoises et la restriction des investissements américains dans certains secteurs et entreprises basés en Chine.

Selon M. Yeh, une éventuelle stratégie du PCC consistant à reporter la conclusion d’un accord pourrait renforcer la position de M. Trump dans son pays.

« L’opinion publique [américaine] sur la Chine est différente de celle qui prévalait lors du premier mandat de M. Trump », a poursuivi M. Yeh.

« Si le PCC fait traîner les choses jusqu’aux élections de mi-mandat, M. Trump pourrait en bénéficier, car l’opinion publique américaine souhaite désormais que les États-Unis se montrent plus sévères à l’égard de la Chine. »

La concurrence entre les États-Unis et la Chine se poursuit

Des experts avaient déjà signalé à Epoch Times que la concurrence entre les États-Unis et la Chine ne se ralentirait pas en cas de trêve tarifaire. Et c’est ce qui semble se produire aujourd’hui.

Pendant la période de désescalade des tensions commerciales avec Washington, Pékin a continué à prendre des mesures pour consolider sa position dans le cadre de ses ambitions plus larges visant à défier les États-Unis.

Quelques jours après l’annonce de la trêve tarifaire, le dirigeant chinois Xi Jinping a accueilli des chefs d’État d’Amérique latine et des Caraïbes à Pékin le 13 mai. À l’issue de cette réunion, la Colombie a officiellement adhéré à l’initiative « Belt and Road » (BRI, également connue sous le nom de « Une ceinture, une route » ou « Nouvelles routes de la Soie »), devenant ainsi le 11pays d’Amérique du Sud à le faire.

Le programme d’investissement dans les infrastructures mondiales de la BRI est un moyen clé pour le régime communiste de défier l’influence occidentale.

« La Chine capitalise désormais sur son influence dans le Sud. La concurrence entre les États-Unis et la Chine s’étend au-delà du commerce », a expliqué à Epoch Times Mike Sun, un homme d’affaires américain qui conseille depuis des décennies les investisseurs étrangers et les commerçants qui font des affaires en Chine.

Pour se protéger des représailles du régime, M. Sun utilise un pseudonyme.

« Faire contrepoids à l’initiative chinoise ‘la Ceinture et la Route’ et à l’influence mondiale de la Chine est le principal champ de bataille », a-t-il ajouté.

Le jour même du sommet « Belt and Road » de Xi Jinping à Pékin, Washington a renforcé l’application des restrictions existantes afin de garantir le leadership des États-Unis en matière de technologie d’intelligence artificielle (IA).

Le département du Commerce a averti que l’utilisation des puces avancées de Huawei n’importe où dans le monde constituerait une violation des contrôles américains à l’exportation. L’administration Trump soupçonne ces produits d’être développés via des technologies ou des équipements américains obtenus illégalement.

En outre, le 13 mai, le ministère a mis en garde le public contre l’utilisation de puces d’IA américaines pour former des entreprises chinoises ou pour participer à des transactions visant à contourner les contrôles à l’exportation.

Selon M. Balding, la trêve tarifaire n’a pas modifié les facteurs fondamentaux de tension entre les États-Unis et la Chine.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.