Aider les jeunes qui sont à risque : « On ne peut pas enseigner à un jeune avant d’être vraiment entré en contact avec lui »

Par Andrew Thomas
31 décembre 2019 14:01 Mis à jour: 31 décembre 2019 14:01

Élevé par sa grand-mère et un oncle alcoolique juste à l’extérieur de Wilson, en Caroline du Nord, Sean Ingram a grandi dans une pauvreté abjecte.

Sa mère était alors en proie à la toxicomanie, et il n’a rencontré son père qu’à l’âge de huit ans, après sa libération de prison.

Et pourtant, en grandissant dans un environnement de pauvreté et de criminalité, M. Ingram a trouvé une planche de salut dans les arts créatifs – plus précisément dans l’écriture créative. Il avait été diagnostiqué comme maniaco-dépressif et a découvert que la création littéraire l’équilibrait.

« J’ai découvert que l’écriture était un don. Souvent, quand je ne comprenais pas comment pleurer, je me contentais d’écrire ma douleur, sans savoir que ce serait une bénédiction un jour et que ce serait ma carrière », a confié M. Ingram, âgé de 42 ans, qui dirige maintenant une académie pour aider les jeunes qui sont à risque à cultiver leurs talents.

Tomber dans la criminalité

Le talent de M. Ingram pour la création littéraire n’a été découvert que lorsqu’un professeur l’a surpris en train d’écrire de la prose et de la poésie alors qu’il était assis au dernier rang d’une classe d’études sociales. La rumeur s’est rapidement répandue parmi les enseignants que Sean avait un talent pour l’écriture, puis un professeur d’anglais, M. Clarke, s’est rapidement intéressé à lui.

Au début, M. Ingram a gardé sa passion en sourdine parce qu’il n’était pas socialement populaire à l’époque d’être écrivain ou poète. Cependant, après que ses camarades de classe ont découvert qu’il était écrivain, c’était cool, en fait. C’était un enfant populaire et il s’entendait avec tout le monde.

Sean Ingram (au centre) avait une passion pour l’écriture créative, mais il a grandi dans un quartier pauvre où la criminalité était considérée comme un moyen de subvenir aux besoins d’une famille. (Avec l’aimable autorisation de Sean Ingram)

Malgré son talent, M. Ingram a grandi dans un environnement de crimes. Cependant, il ne considérait pas le crime comme un phénomène hors du commun, surtout parce que les gens qui y participaient étaient ses proches.

« C’étaient des gens bien. C’étaient des oncles, des cousins, des amis de la famille et des hommes respectés. Ils ont choisi un autre aspect de la vie qui était le crime alors, dans un sens, je suppose que j’ai grandi en pensant que c’était une façon de soutenir sa famille si on n’a pas d’emploi », a expliqué M. Ingram.

À l’âge de 14 ans, M. Ingram s’est retrouvé à vendre de la drogue et à commettre des vols dans la rue. Finalement, ses activités criminelles se sont intensifiées et allaient devenir un tournant majeur dans sa vie.

Le cousin de M. Ingram avait fait des pieds et des mains pour rembourser certains des trafiquants de drogue du quartier et avait monté un plan pour cambrioler une banque. M. Ingram et certains de ses cousins ne voulaient pas le laisser faire le vol tout seul et ont décidé de l’aider.

« Bien sûr, 15 ans plus tard, tu penses qu’il y avait beaucoup d’autres options », a dit M. Ingram en rigolant.

L’incarcération et la créativité

M. Ingram et ses cousins ont été arrêtés quelques jours plus tard, et le jeune homme de 22 ans a finalement été condamné à cinq ans de prison pour vol en 2003 à la prison fédérale de Butner. Pendant son incarcération, il est retourné à l’écriture, ce qui lui a permis de rester concentré. Pendant cette période, il a écrit The Passion of the Pen, un recueil d’essais et de nouvelles.

« Mon but pour ce livre était d’être très créatif. Je voulais aussi me forcer à être créatif, mais je voulais commencer à écrire des choses qui font réfléchir les gens, qui suscitent la réflexion », a expliqué M. Ingram.

Il est également allé à une école de métiers pour le chauffage, la ventilation et la climatisation pendant son séjour en prison, et a trouvé un emploi dans une entreprise de réfrigération après sa libération en 2007. Après avoir travaillé pour cette entreprise pendant huit ans, M. Ingram a mis sur pied la Sean Ingram Creative Arts Academy à Raleigh, en Caroline du Nord, à l’intention des jeunes à risque afin de favoriser le développement de leurs compétences et de leurs intérêts.

Huit ans après sa libération, Sean Ingram a fondé la Sean Ingram Creative Arts Academy pour aider à encadrer les jeunes à risque et les jeunes incarcérés. (Avec l’aimable autorisation de Sean Ingram)

« Je voulais créer une académie [où] les esprits créatifs pourraient se réunir et dire ‘Vous savez quoi ? Je ne suis pas un marginal. Je ne suis pas un solitaire. Je ne suis pas tout seul parce que je choisis de dessiner toute la journée’ ou ‘j’ai ce rêve de devenir peintre » alors que tous les autres ne le font pas », a dit M. Ingram.

La mission de l’organisation est de transformer les jeunes à risque et ceux qui sont en détention juvénile en citoyens productifs. Les jeunes lui sont envoyés par leurs parents, le service de la police de Raleigh, le système scolaire public du comté de Wake, le ministère de la Sécurité publique et le système judiciaire pour mineurs.

Mentorat

M. Ingram et son organisation s’occupent des passions des participants et les aident à développer leurs compétences. De plus, il aide les jeunes avec lesquels il travaille à transformer leur passion en une profession commercialisable afin qu’ils puissent gagner leur vie en faisant ce qu’ils aiment. Par exemple, l’organisation peut conseiller à un jeune qui s’intéresse aux arts visuels d’aller à l’école d’art pour développer ses compétences. M. Ingram invite aussi des conférenciers de diverses professions créatives pour aider à encadrer et à enseigner à ceux qui pourraient vouloir poursuivre une carrière similaire.

Il fournit également des compétences professionnelles pour que les jeunes inscrits à son programme puissent trouver un emploi rémunérateur et qu’ils soient moins susceptibles d’être incarcérés ou de retourner en prison. Il oriente les jeunes vers des écoles de métiers dans des secteurs comme la cosmétologie, la construction, le camionnage et le chauffage, ventilation et climatisation.

« Une fois qu’un jeune peut réussir financièrement par lui-même, il n’a plus à subir un stress aussi important ni à se retrouver dans une situation qui le ramènera en prison », explique M. Ingram.

M. Ingram et son académie ont eu un impact incroyable sur les jeunes avec lesquels ils travaillent. Un des participants est allé à l’université et joue au football dans la NCAA. Un autre jeune qui a participé au programme joue dans la NFL.

En plus des aspects pratiques du programme, M. Ingram adopte toujours une approche de mentorat personnel auprès des jeunes avec lesquels il travaille et leur inculque les valeurs d’intégrité et de respect.

« On ne peut pas enseigner à un jeune avant d’être vraiment entré en contact avec lui », dit-il.

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