Allocation handicapés : l’Assemblée rejette avec véhémence l’individualisation de l’AAH des personnes en couple

Par Epoch Times avec AFP
7 octobre 2021 14:09 Mis à jour: 9 octobre 2021 09:59

Entre accusations de « sectarisme », « froideur technocratique » ou « cynisme » électoraliste, l’Assemblée nationale a rejeté une nouvelle fois jeudi 7 octobre,  « l’individualisation » de l’allocation adultes handicapés (AAH) des personnes en couple, au terme d’un débat mouvementé.

De LR à LFI, l’opposition réclamait à l’unisson cette « déconjugalisation » de l’allocation, c’est-à-dire de la calculer sans tenir compte des revenus du conjoint, contrairement à ce qui est fait aujourd’hui.

La majorité hurle à la « démagogie » électoraliste à six mois de l’élection présidentielle. Elle a rejeté la mesure, qu’elle juge inéquitable car bénéficiant sans distinction aux modestes comme aux fortunés. « Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin », a martelé Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Un débat houleux autour de l’individualisation de l’AAH

Le LR Aurélien Pradié a remis à l’ordre du jour un thème qui avait déjà suscité une séance houleuse dans l’hémicycle fin juin. Le député a ouvert les hostilités contre un « gouvernement buté » et la « sale méthode » de la majorité, pour supprimer un à un les articles de sa proposition de loi.

Son texte était débattu lors d’une « niche » parlementaire LR, une journée réservée à un groupe minoritaire à l’Assemblée nationale. Le Sénat dominé par la droite a aussi mis le sujet à son ordre du jour le 12 octobre.

En juin, le gouvernement avait privilégié une formule jugée « plus redistributive » : un abattement forfaitaire de 5.000 euros sur les revenus du conjoint, soit un gain moyen estimé à 110 euros mensuels pour 120.000 couples à partir du 1er janvier 2022.

Les couples handicapés devraient maintenir leur allocation pleine

Jeudi, Mme Cluzel a à nouveau loué cet « investissement supplémentaire » de « 185 millions (d’euros) qui permettront à 60% des bénéficiaires en couple de conserver l’allocation à taux plein ».

Créée en 1975, l’AAH est destinée à compenser l’incapacité de travailler. D’un montant maximal de 904 euros mensuels, elle est versée sur critères médicaux et sociaux. Elle compte aujourd’hui plus de 1,2 million de bénéficiaires, dont 270.000 en couple, pour une dépense annuelle d’environ 11 milliards d’euros.

Le fait que certains sont amenés à choisir entre vivre en couple au risque de voir leur allocation diminuer, ou la conserver mais en renonçant sur le plan légal à leur union, est au centre des polémiques. L’opposition, soutenue par quelques voix dans la majorité, s’indigne de ce « prix de l’amour » pour les handicapés.

« Nous ne sommes que les messagers d’une revendication portée haut et fort par les personnes en situation de handicap », a insisté la socialiste Gisèle Biémouret.

Vingt-deux organisations et associations, dont APF France handicap, ont adressé mardi une lettre au président Emmanuel Macron, l’appelant à « une réforme historique », pour « considérer cette allocation avant tout comme un revenu individuel d’existence ».

La déconjugalisation de l’AAH représenterait environ 600 millions d’euros selon une parlementaire de la majorité.

Mme Cluzel y voit une « impasse » de nature à remettre en cause « l’ensemble du système de protection sociale français fondé sur la solidarité familiale et nationale », avec un effet boule de neige pour tous les minima sociaux et la fiscalité. Des élus de la majorité évoquent le coût de 20 milliards d’euros pour déconjugaliser l’ensemble des aides sociales.

Christine Cloarec-Le Nabour (LREM) s’est emportée contre « l’opportunisme » de l’opposition. « Ce qui est honteux, c’est d’utiliser le sujet du handicap à des fins politiques ».

« A chaque fois vous êtes seuls » contre la déconjugalisation, a rétorqué l’insoumis François Ruffin, taxant LREM de « bêtise arrogante ».

Le communiste Stéphane Peu a promis que son groupe remettrait le sujet sur la table dans sa niche parlementaire du mois de décembre.

Sur Twitter, l’ex-LR Xavier Bertrand, l’un des candidats de la droite à la présidentielle, a apporté son soutien au texte.

Mobilisée, la majorité n’a cette fois pas eu de difficultés durant les votes, contrairement au mois de juin quand le gouvernement avait dû recourir au vote bloqué.

Les « niches » parlementaires sont souvent des épisodes délicats pour les « marcheurs », comme en janvier 2020, quand ils avaient provoqué une vague d’indignation en repoussant l’idée UDI-Agir d’un allongement du congé pour le deuil d’un enfant.

Outre l’AAH, le groupe LR défendait notamment jeudi des propositions de loi de Julien Aubert pour « dire stop à la prolifération anarchique des éoliennes » et d’Anne-Laure Blin réclamant « un ticket restaurant étudiant », visant les zones blanches sans restaurants universitaires.

 


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