Alsace : un poids lourd de 38 tonnes emprunte une rue étroite et endommage une colonne vieille de 400 ans

Par Paul Tourège
22 novembre 2019 22:07 Mis à jour: 23 novembre 2019 09:27

En empruntant une rue particulièrement étroite d’un petit village du Haut-Rhin, un poids lourd a violemment heurté la colonne vieille de quatre siècles qui se dresse à l’angle d’une ancienne maison autrefois occupée par les chevaliers de l’Ordre de Malte.

Les faits ont eu lieu mercredi à Niedermorschwihr, un village du Haut-Rhin situé à l’ouest de Colmar.

Vers neuf heures, un camion de 38 tonnes a heurté une colonne vieille de 400 ans dressée à l’angle du commerce de Jean-Pierre Bachschmidt, un tapissier-décorateur de la commune.

Selon France 3, sous la violence du choc « le sommet du monument historique s’est à moitié décroché et a endommagé le toit » de la boutique de M. Bachschmidt sise 81, rue des Trois Épis.

« Ce camion de 38 tonnes circulait difficilement. C’est fortement déconseillé qu’ils passent par ici, mais pas interdit. Et il a heurté la colonne. C’était déjà arrivé il y a 7 ans, et c’était pire car elle était carrément tombée. C’était vieux de quatre siècles : à l’époque, les blocs de pierre étaient posés et pas maçonnés. Ils ont pu redresser la colonne, sept tonnes, et la refaire pour qu’elle tienne. Le sommet, de 300 kilos, n’a pas été collé. Mais ils l’ont fixé dans une tige de laiton. L’accident de ce mercredi l’a délogé de cette tige, et il a abîmé plusieurs tuiles », explique l’artisan.

« Chaque semaine, on est confronté à ces camions. On a beau dire de ne pas passer par là… Ce camion de 38 tonnes, il était piloté par un Français. Il m’a dit que c’est son GPS qui l’avait fait passer par ici. Il venait de Turckheim et il allait vers Nancy. Il n’avait rien à faire ici, il aurait dû passer par Kaysersberg ! Le panneau qui déconseille le passage des gros camions,  à l’entrée de la commune, il est bien trop petit. Personne ne le voit », ajoute-t-il.

« Des années que ça dure, et rien n’a été fait, on voit toujours aussi peu ce petit panneau. On a aussi eu un puits, centenaire lui aussi, qui a été abîmé quand un camion a reculé dedans. Il y a souvent l’excuse du GPS. Pourtant, à Eguisheim, ils ont su mettre à jour le GPS pour que les camions n’y passent plus », poursuit Jean-Pierre Bachschmidt.

Le maire du village promet un arrêté municipal

Contacté par les journalistes de France 3, le maire de Niedermorschwihr promet de mettre un terme à cette situation.

« C’est un problème récurrent. On a beaucoup de semi-remorques de passage. Ils se retrouvent coincés ici à cause de leur GPS quand ils viennent de Turckheim pour aller à Nancy. Arrivés à la place de la mairie, ils n’arrivent plus à tourner entre la rue de l’Église et la rue des Trois Épis. Le plus souvent, on doit sortir de la mairie et les faire reculer sur 200 mètres. Et c’est dangereux, il y a une sortie d’école, je n’aime pas ça ! »

« J’ai pris la décision de prendre un arrêté municipal pour interdire les véhicules de plus de 15 tonnes, en provenance de Turckheim, d’entrer dans la commune. On va recevoir un nouveau panneau. Et on va en mettre un aussi à hauteur de Turckheim. S’ils s’engagent quand même à l’entrée de la commune, ils peuvent toujours faire demi-tour via la zone de dépôt ou le parking du cimetière 50 mètres plus loin », observe l’édile.

S’agissant des problèmes rencontrés par les chauffeurs avec leur GPS, le premier magistrat de la ville admet que le problème sera plus délicat à résoudre.

« C’est relativement complexe. Surtout s’il s’agit de chauffeurs d’Europe de l’Est qui, d’après l’hypothèse qu’on m’a donnée, peuvent se servir de leurs téléphones portables comme GPS. C’est fait pour les véhicules légers et ça ne tient donc pas compte des interdictions visant les poids lourds. D’ailleurs, le chauffeur français et son GPS que l’on a eu il y a deux jours, je ne sais vraiment pas comment il a fait… »

Des réparations délicates

Ce jeudi, Jean-Pierre Bachschmidt a rencontré son assureur qui lui a donné le feu vert pour établir un devis destiné à évaluer le montant des réparations à mener. Un expert doit désormais le contacter afin de préciser les conditions des travaux spécifiques aux monuments historiques.

Lorsque la colonne de cette ancienne maison des chevaliers de l’Ordre de Malte avait chu une première fois il y a sept ans de cela, le coût des réparations avait atteint 7000 euros.

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