Amnesty International sauve une Chinoise des camps

29 octobre 2015 11:01 Mis à jour: 13 novembre 2015 17:19

Après avoir été longuement détenue et torturée par les autorités chinoises, Chen Zhenping de la province du Henan au centre de la Chine a été libérée en mars dernier grâce aux efforts incessants du bureau taïwanais d’Amnesty International. Cette libération a été célébrée à Taïwan ainsi qu’en Finlande où Chen Zhenping a récemment pu retrouver sa fille.

Les deux femmes se sont retrouvées le 9 octobre dernier après une séparation de sept longues années. Toutes deux sont pratiquantes de la discipline spirituelle bouddhiste Falun Gong, durement réprimée en Chine par le Parti communiste chinois (PCC).

Un voyage vers la liberté

L’histoire du voyage de Chen Zhenping vers la liberté a commencé en décembre 2012, lorsque le Groupe 32 d’Amnesty International à Taïwan s’est intéressé à son cas. Dans les trois années qui ont suivi, les membres du Groupe 32 ont exercé une pression permanente sur les persécuteurs de Chen Zhenping en faisant en même temps appel au gouvernement finlandais, aux médias et aux autorités chinoises.

Su Ling, qui dirige actuellement cette branche d’Amnesty International basée à Taipei, avait initialement très peu d’espoir, qualifiant leurs démarches de « mission impossible ».

Selon un rapport de Minghui, un site rassemblant les informations sur la persécution du Falun Gong, Chen Zhenping a été enlevée à son domicile de Zhengzhou, dans la province du Henan en 2008.

La prison pour femmes de la ville de Xinxiang dans le Henan où elle a été détenue servait également à fabriquer des vêtements. Mme Chen y a été torturée et forcée à travailler comme une esclave.

Il y avait très peu de chances de sauver Chen Zhenping. Les pratiquants de Falun Gong – pratique de méditation chinoise proche des anciennes traditions bouddhistes et taoïstes – sont violemment persécutés en Chine. On pense que des dizaines de milliers de pratiquants ont été assassinés par le régime au cours de ces 16  années de persécution et une enquête a révélé que leurs organes ont été, dans de très nombreux cas, prélevés pour être vendus.

Jin Zhaoyu, la fille de Chen Zhenping, parle lors d'une réunion interne d'Amnesty sur les droits de l'homme en Chine (Minghui.org)
Jin Zhaoyu, la fille de Chen Zhenping, parle lors d’une réunion interne d’Amnesty sur les droits de l’homme en Chine (Minghui.org)

Les responsables directs des mauvais traitements sur Chen Zhenping – les fonctionnaires de la prison pour femmes, de la sécurité publique (la police chinoise) et du système judiciaire – ont reçu d’innombrables lettres demandant sa libération et appelant à mettre fin à sa persécution.

Souvent, des lettres personnelles étaient adressées aux gardiennes en particulier et aux responsables de la prison, leur faisant savoir que leurs violences ne restaient pas anonymes.

Des tactiques similaires avaient été utilisées auparavant pour aider à libérer une militante des droits de l’homme birmane.

Des méthodes de tortures pour détruire la croyance

Interviewée par la chaîne de télévision libre New Tang Dynasty basée à New York, Chen Zhenping a décrit une torture spécialement élaborée pour contraindre les pratiquants de Falun Gong à renoncer à leur croyance.

En 2003, lorsque Chen Zhenping avait été pour la première fois condamnée à trois ans de travaux forcés dans le camp pour femmes de Shibalihe dans le Henan, elle avait été soumise au gavage et on lui avait mis une camisole de force spécialement conçue pour « transformer » les pratiquants de Falun Gong. Par « transformer », il faut entendre que les pratiquants de cette pratique bouddhiste sont torturés – comme sous l’inquisition – jusqu’à ce qu’ils déclarent renoncer à leur pratique et embrasser l’idéologie communiste.

Les jambes et les bras ligotés derrière le dos par des cordes solides, les femmes du camp de travail étaient très souvent blessées et même tuées – car la camisole avait été conçue pour se resserrer lorsque la victime essayait de s’en débarrasser.

Une des codétenues de Mme Chen, la pratiquante de Falun Gong Sun Shimei, est morte après avoir passé une journée dans cette camisole de force. Les autorités de la prison ont annoncé aux membres de sa famille qu’elle était décédée d’une crise cardiaque.

En plus d’être ligotée et suspendue à une fenêtre dans un tel instrument de torture, lorsque Chen Zhenping a fait une grève de la faim pour protester, le personnel du camp de travail l’a nourrie de force. Suite à un épisode de gavage particulièrement violent, elle a eu un choc cardiaque et s’est évanouie. L’hôpital a émis un avis d’état critique et a laissé sa fille la ramener chez elle.

Des yeux et des stylos dénoncent les méfaits du régime

Selon un rapport de Minghui publié en 2009, Chen Zhenping a été arrêtée et condamnée une deuxième fois en juillet 2008 à la veille des Jeux olympiques de Pékin. Alors sa fille, Jin Zhaoyu, qui habitait en Finlande, a attiré l’attention internationale sur son cas grâce à l’aide d’Amnesty International et des médias finlandais.

Des lettres adressées par les membres d’Amnesty International, à la fois à la communauté internationale et aux autorités chinoises, décrivaient en détail les persécutions subies par Chen Zhenping et dénonçaient la nature anticonstitutionnelle de la persécution du Falun Gong.

Les membres du Groupe 32 savaient qu’il n’y avait pas beaucoup de chance que leurs lettres arrivent à Chen Zhenping, mais ils croyaient que des rappels constants de l’attention internationale portée à ce cas pourraient pousser les autorités carcérales à traiter Chen Zhenping avec moins de brutalité.

« C’est un régime communiste, il n’y aura probablement aucun résultat positif », a confié Su Ling à Epoch Times. « Mais nous avons décidé d’essayer malgré tout. »

Les lettres des membres d'Amnesty International de Taïwan à Chen Zhenping, à sa fille, au personnel pénitentiaire et au dirigeant chinois Xi Jinping. (Amnesty International)
Les lettres des membres d’Amnesty International de Taïwan à Chen Zhenping, à sa fille, au personnel pénitentiaire et au dirigeant chinois Xi Jinping. (Amnesty International)

Su Ling était décidée à le faire car elle était bien au courant des atrocités de la persécution à laquelle font face des millions de pratiquants de Falun Gong en Chine continentale. À part l’emprisonnement et la torture, les pratiquants sont aussi envoyés dans des hôpitaux militaires où ils servent de sources d’organes au très lucratif commerce de transplantation.

« C’est vrai et cela existe bel et bien. C’est vraiment horrible », a souligné Su Ling. « Nous devons faire connaître à plus de personnes le fait que de nombreux Chinois sont persécutés et tués pour leur croyance. »

« Rien ne s’améliorera si nous ne faisons rien, mais notre action peut changer les choses », a encore déclaré la responsable d’Amnesty Internationale à Taipei.

En septembre dernier, après avoir été libérée quelques mois plus tôt de la prison pour femmes, Chen Zhenping a réussi à s’échapper en Thaïlande avec l’aide de ses amis, avant de pouvoir rejoindre sa fille en Finlande.

« Aujourd’hui, je suis enfin sur une terre libre, la belle Finlande », a déclaré Chen Zhenping le 9 octobre dernier. « Je tiens à remercier Amnesty International et toutes les bonnes personnes offrant leur soutien aux pratiquants qui sont persécutés et qui n’abandonnent pas leur croyance dans les trois principes du Falun Gong : authenticité, bienveillance et tolérance ».

Version anglaise : Amnesty International Aids Chinese Woman’s Escape From Persecution Against Falun Gong

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