Après les annonces de Gabriel Attal, les syndicats agricoles ont appelé à « suspendre les blocages »

Par Vincent Solacroup
1 février 2024 17:50 Mis à jour: 2 février 2024 07:28

Après les annonces du Premier ministre, les syndicats FNSEA, Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale ont appelé à suspendre les blocages d’agriculteurs. Pesticides, grandes surfaces, successions : Gabriel Attal avait annoncé de nouvelles mesures jeudi.

Lever les blocages

« Nous avons décidé qu’à l’heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé (…), il faut qu’on change de modes d’action et donc nous appelons nos réseaux (…) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation », a indiqué le président des JA Arnaud Gaillot, aux côtés du patron de la FNSEA Arnaud Rousseau, lors d’une conférence de presse à Paris au siège de la FNSEA.

Au niveau national, la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc’h, a également appelé à lever progressivement les blocages au micro de TF1, mais en ajoutant que « tout ce weekend, les actions prévues vont se poursuivre ».

Troisième salve d’annonces de Gabriel Attal

Entouré de ses ministres Bruno Le Maire (Économie), Marc Fesneau (Agriculture) et Christophe Béchu (Transition écologique), le Premier ministre s’était exprimé depuis Matignon. Il s’agissait de sa troisième salve d’annonces sur le sujet en moins d’une semaine.

« Nous voulons être souverains, souverains pour cultiver, souverains pour récolter, souverains pour nous alimenter », a résumé M. Attal, promettant d’inscrire « l’objectif de souveraineté (alimentaire) dans la loi » et de consacrer « dans le code rural l’agriculture comme un intérêt fondamental de la nation ».

« Ce n’est pas une souveraineté retranchée sur elle-même car je n’oublie pas que notre agriculture est un de nos principaux secteurs exportateurs, avec les céréales, les vins, les spiritueux, les produits laitiers. Mais c’est une ouverture avec des règles de la réciprocité et les mêmes exigences pour tous », a-t-il cependant précisé.

Parmi les annonces de jeudi figure un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroces entre supermarchés d’une part, et distributeurs et fournisseurs de l’agro-industrie d’autre part. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a précisé que « toutes les grandes chaînes de supermarchés » seront « contrôlées dans les prochains jours » sur ce sujet.

50 millions d’euros en soutien aux éleveurs

M. Attal a également annoncé une enveloppe de 150 millions d’euros en soutien fiscal et social aux éleveurs. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà annoncé une mesure de défiscalisation pour les éleveurs bovins en octobre. Mais la Fédération nationale bovine (FNB) avait fait part la semaine dernière d’une « déception extrêmement forte » des éleveurs à ce sujet.

Gabriel Attal a également annoncé le relèvement des seuils d’exonération sur les successions agricoles. Il s’est engagé à assouplir les règles imposant aux agriculteurs de maintenir des surfaces en prairies en appliquant « une dérogation à l’obligation de réimplantation pendant un an ».

M. Attal a par ailleurs dit vouloir empêcher l’importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride, un produit interdit en Europe. Parallèlement, le plan Ecophyto visant à réduire l’usage des pesticides sera mis « en pause », a précisé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

Le chef du gouvernement a également appelé à une « législation claire au niveau européen sur la dénomination de ce qu’est la viande de synthèse », car celle-ci ne « correspond pas à notre conception de l’alimentation à la française ».

Une négociation sur les céréales ukrainiennes

Il a par ailleurs demandé que la question de la limitation des importations de céréales ukrainiennes dans l’Union européenne soit incluse dans une négociation. L’UE n’a pas intégré les céréales dans une liste de produits « sensibles » sur lesquels les importations peuvent être freinées.

Gabriel Attal avait longuement reçu ces jours derniers la FNSEA, pendant trois heures trente notamment lundi soir puis près de trois heures mardi soir, ainsi que mercredi soir. Il a aussi reçu mercredi matin les représentants de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, et de la Coordination rurale, deuxième syndicat.

Les conditions pour ne pas reprendre le mouvement

La FNSEA pose plusieurs conditions pour ne pas reprendre le mouvement : de « premiers résultats » d’ici le Salon de l’agriculture (24 février-3 mars) puis l’adoption d’une loi d’orientation et d’avenir agricole ainsi que des mesures européennes d’ici au mois de juin. « Si d’ici le mois de juin, ces marqueurs ne sont pas remplis, nous n’hésiterons pas à re-rentrer dans un mouvement de mobilisation d’ampleur générale », a déclaré Arnaud Gaillot.

Les deux responsables ont réclamé un document de synthèse mettant par écrit toutes les annonces du gouvernement. « Là, maintenant, tout de suite, on veut que ce soit écrit, voilà, parce que les gars sur le terrain, ils veulent voir. (…) Les gars bougeront pas tant qu’ils l’auront pas », a ajouté Arnaud Rousseau. Il a mis en garde contre toute tentative d’« enfumage ».

Avant le Salon de l’agriculture, « on a quinze jours pour regarder si tout ça c’est sérieux, c’est crédible, ça tient la route », a souligné Arnaud Rousseau. Le patron de la FNSEA a de façon générale salué « l’écoute » du Premier ministre « pour essayer de comprendre ce que sont nos enjeux, nous recevoir, échanger, discuter et finalement annoncer en plusieurs salves des mesures d’urgence ». « Dans le même temps, nous nous interrogeons sur la surdité de l’Europe », a-t-il ajouté, évoquant « l’incompréhension grandissante entre une technostructure murée dans ses bureaux à Bruxelles et les réalités de ce que nous vivons dans nos exploitations ».

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