Attaque djihadiste présumée à Madrid : le syndicat principal de la police espagnole demande la démission du ministre de l’Intérieur
Le principal syndicat de policiers affirme que le ministre nie « la réalité de l'augmentation de la criminalité en Espagne [...] en minimisant à nouveau la gravité des faits et en contribuant à un discours officiel qui vise à dissimuler une réalité de plus en plus préoccupante pour la sécurité publique et l'intégrité des agents ».
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Le ministre espagnol de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska et le Premier ministre Pedro Sánchez, au Palais Royal, le 6 janvier 2025 à Madrid, en Espagne.
Suite à une attaque djihadiste présumée à Madrid, le syndicat majoritaire de la police nationale espagnole JUPOL demande la démission du ministre de l’Intérieur du gouvernement de Pedro Sánchez. Il accuse le ministre de nier la réalité de l’augmentation de la criminalité.
Samedi, un jeune homme de 18 ans a fait irruption dans la rue Peña Gorbea, au cœur du quartier Puente de Vallecas, à Madrid, brandissant un couteau de grande taille. Résultat : deux hommes et une femme ont été légèrement blessés. Un affrontement direct avec la police nationale, qui s’est soldé par des coups de feu, s’est ensuivi.
Puente de Vallecas, Madrid, en Espagne. (Shutterstock)
L’agresseur, identifié comme étant d’origine marocaine et présentant des signes possibles de radicalisation, a crié « Allah est grand ! » avant d’être neutralisé par des agents de l’Unité d’intervention de la police (UIP) et du Sous-groupe opérationnel antiterroriste de réaction (SOAR).
L’incident, qui s’est produit dans un quartier connu pour sa diversité multiculturelle et ses tensions sociales, a déclenché un communiqué sévère du syndicat de police JUPOL (Police, Justice et ordre public).
Dans un communiqué de presse envoyé à la rédaction d’Epoch Times Espagne, le syndicat a pris la défense des agents impliqués et a directement pointé du doigt le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, pour avoir « nié la réalité de l’augmentation de la criminalité en Espagne ».
Cette photo, prise le 22 mai 2018, montre la paroisse San Carlos Borromeo, dans le quartier de Puente de Vallecas à Madrid. (BENJAMIN CREMEL/AFP via Getty Images)
La police nationale exclut toute disproportion dans l’usage de la force
Le texte résume une intervention policière « tout à fait proportionnée » et exige la démission immédiate du responsable de l’Intérieur.
L’agresseur, gravement blessé au rein, au thorax et à la hanche, a été stabilisé par le Samur-Protección Civil et transféré à l’hôpital universitaire Gregorio Marañón, où il est toujours en détention.
La police nationale a ouvert une enquête interne pour analyser l’usage de la force, mais exclut à titre préliminaire toute disproportion.
Défense de la police et accusation de dissimulation
« Au nom du JUPOL, syndicat majoritaire de la police nationale, nous tenons à réitérer tout notre soutien à nos collègues de l’UIP qui sont intervenus hier à Puente de Vallecas dans le cadre d’une opération extrêmement complexe », indique le texte du communiqué.
Les agents, ajoute-t-il, « ont réagi avec les moyens dont ils disposaient, de manière tout à fait proportionnée, neutralisant ainsi une menace réelle et imminente pour leur vie et celle de tiers ».
Le syndicat souligne l’intervention du SOAR, une unité spécialisée dans la lutte contre le terrorisme, « compte tenu de l’extrême dangerosité de l’individu et de la radicalisation manifeste dont il a fait preuve pendant l’agression ».
Et voici le coup de grâce : « Malgré tout cela, le ministère de l’Intérieur a tenté de nier tout caractère djihadiste éventuel de l’événement, minimisant à nouveau la gravité des faits et contribuant à un discours officiel qui vise à dissimuler une réalité de plus en plus préoccupante pour la sécurité publique et l’intégrité des agents ».
JUPOL associe cette affaire à une « nouvelle preuve de la perte du principe d’autorité » en Espagne, avec « davantage d’épisodes violents d’attaques directes contre des agents de l’autorité ».
« Un discours politique qui nie la réalité »
« Les incidents violents de ce type sont de plus en plus fréquents. Nous demandons un durcissement des lois afin de mettre fin au sentiment d’impunité dont jouissent les criminels », poursuit le communiqué, qui accuse une « législation insuffisante et un discours politique qui nie la réalité ».
Il se termine par une exigence catégorique : « JUPOL insiste sur la nécessité immédiate de la démission d[u ministre de l’Intérieur] Marlaska ».
La proportionnalité sous surveillance
Les faits se sont précipités dans un appartement de la rue Peña Gorbea, où le frère de l’agresseur a alerté le 091 en raison de son état d’agitation, probablement sous l’influence de drogues.
Le jeune homme, retranché à l’intérieur, est sorti en brandissant un couteau et a blessé trois voisins.
À l’arrivée des forces de l’ordre, l’individu a ignoré les ordres et s’est jeté sur elles, résistant aux décharges du Taser. Deux agents ont alors fait feu trois fois, le blessant gravement mais sans toucher d’organes vitaux.
Jusqu’à présent, le ministère de l’Intérieur a gardé un silence assourdissant.
Entre prévention et fermeté
Rubén Pulido, expert en immigration, a abordé ce sujet dans sa chronique hebdomadaire publiée par Epoch Times Espagne. Il explique que cette attaque reproduit fidèlement les manuels de l’État islamique diffusés en 2025 : coups de couteau aléatoires, coups portés à des zones vitales et cri « Allahu Akbar » comme signature.
« Les drogues n’excluent pas la motivation djihadiste, elles la renforcent », écrit-il, citant comme antécédents les cas de Nice (2016), Manchester (2017) et London Bridge (2017-2019).
« Il ne s’agit plus d’une simple crise migratoire. C’est une véritable crise de sécurité nationale », affirme-t-il, ajoutant que les données officielles du ministère de l’Intérieur « sont accablantes ».
Depuis le début de la législature (depuis août 2023), 235 personnes ont été arrêtées pour djihadisme. « La courbe ne se stabilise pas et continue de croître de manière exponentielle », prévient M. Pulido.
L’enquête judiciaire progresse et la perquisition du domicile de l’agresseur est prévue dans les prochaines heures.