Automobile : le raz-de-marée de voitures électriques chinoises va-t-il inonder l’Europe?

Par Michel Pham
3 mai 2023 15:41 Mis à jour: 3 mai 2023 15:41

Alors que le salon automobile de Shanghai s’est terminé il y a quelques jours, des experts français prévoient un raz-de-marée de voitures électriques chinoises en Europe, comme c’est déjà le cas en Russie et en Israël.

Le développement vertigineux ces dernières années du groupe automobile chinois Geely est l’un des exemples les plus significatifs de la montée en puissance de la Chine dans l’industrie automobile mondiale. Encore inconnu même en Chine jusqu’en 2010 — l’année de son acquisition de l’emblématique marque suédoise Volvo Cars pour 1,8 milliard d’euros auprès de Ford — le groupe basé à Hangzhou est aujourd’hui un géant mondial de l’industrie automobile. À l’échelle mondiale, Geely a vendu environ 2,2 millions de voitures en 2021 et plus de 17.000 véhicules électriques en janvier 2022.

Lors du dernier salon automobile de Shanghai, Geely a annoncé son « objectif à moyen terme » : conquérir l’Europe, en commençant par les Pays-Bas et la Suède en 2023, avant d’inonder le Vieux Continent avec de nouveaux modèles « spécialement conçus pour les utilisateurs européens ».

En mars, le président de Zeekr — l’une des marques de Geely — a déclaré lors d’une conférence de presse : « La marque lancera un nouveau modèle tous les six mois dans le cadre d’un plan d’expansion visant à atteindre 650.000 unités vendues par an d’ici 2025. Le développement de la marque en Europe d’ici la fin 2023 et aux États-Unis en 2024 contribuera à sa croissance ».

« Investir à fond dans ce segment des voitures électriques »

À l’instar de Geely, d’autres marques chinoises ont tout misé sur les nouvelles technologies de véhicules électriques pour conquérir le monde, et en particulier l’Europe, qui reste « un terrain extrêmement fertile ». « Tout le monde a bien conscience de la mutation du secteur de l’automobile et de l’électrification du fait de directives européennes fortes sur notre continent », souligne Nicolas Caillault, le directeur de la marque chinoise Aiway en France.

En effet, la « transformation » du secteur automobile est « l’un des grands piliers de la stratégie européenne de relance verte », constate l’Institut français de relations internationales dans une étude. Cependant, il semble que l’industrie automobile chinoise a anticipé cette tendance stratégique européenne il y a environ 15 ans, comme l’a remarqué le 25 avril au micro de BFM TV Jérôme Dedeyan, président de Mon Partenaire Patrimoine :

« C’est une stratégie d’un pays qui a décidé il y a déjà une quinzaine d’années qu’il ne pourrait jamais rattraper les constructeurs automobiles occidentaux sur les voitures thermiques, jamais les constructeurs japonais sur les voitures hybrides, compte tenu de l’état de sa technologie, d’image de marque, etc.  Il a fait une stratégie délibérée pour investir à fond dans ce segment des voitures électriques ».

« On va dépendre de la voiture électrique chinoise »

Une stratégie dont le résultat est aujourd’hui sans appel selon Jérôme Dedeyan : « La moitié des voitures électriques [du monde] (6,8 millions) ont été produites en Chine l’année dernière […] J’ai beaucoup de mal pour imaginer comment l’Europe peut sauver son industrie automobile devant cette déferlante. On va dépendre de la voiture électrique chinoise. »

Pour Nicolas Caillault, la France ne serait pas une exception européenne devant ce raz-de-marée des voitures électriques « made in China » : « Tant qu’on sera sur du 100 % électrique, je pense que les Chinois vont être de plus en plus agressifs [en matière tarifaire] et de plus en plus créatifs en termes de silhouette. Donc, il y a vraiment une mise en marche de l’industrie automobile chinoise sur le continent européen qui est très prononcée. »

En particulier, pour le cas de la France, « si on prend l’électrique, c’est beaucoup plus important que [l’on peut imaginer], c’est peut-être 15 à 20 % des populations [de voitures électriques] qui sont chinoises », toujours selon Nicolas Caillault.

Les voitures électriques chinoises envahissent déjà Israël et la Russie

À cause de la guerre en Ukraine, Renault a dû se retirer de la Russie, malgré le fait que le constructeur automobile français dominait encore environ un tiers du marché automobile russe jusqu’en 2021.

Dans l’ex-usine de Renault en Russie, on fabrique actuellement des voitures électriques chinoises, faisant ainsi renaître le symbole de l’industrie automobile soviétique, la marque « Moskvitch ».

«En 2023, l’usine de Moskvitch prévoit d’assembler 50.000 véhicules, dont 10.000 unités à moteur électrique», déclare Moskvitch dans un communiqué. Il s’agit là de SUV du constructeurs chinois JAC, 100% importés de Chine et assemblés en Russie.

Ainsi, on estime que la part actuelle des voitures chinoises dans le marché automobile russe est au moins de 28%, alors qu’elle était de 18% en 2021, et presque négligeable (3,5%) en 2020.

Situé sur le côté oriental de la mer Méditerranée, Israël a lui aussi enregistré des records d’importation de voitures chinoises en janvier et février 2023, avec un nombre cumulé total de 15.500 véhicules. Parmi ces voitures nouvellement importées en Terre Sainte depuis la Chine communiste, 80% sont électriques ou rechargeables.

Dans le classement des plus gros importateurs de véhicules chinois où la France occupe la onzième place —mais la première place si l’on ne regarde que les pays d’Europe occidentale —, Israël est juste derrière la Russie et le Mexique.

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