Autrefois intouchable, Zhou Yongkang condamné à perpétuité

12 juin 2015 18:05 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:25

 

Pékin – Jeudi 11 juin, l’ancien patron de la sécurité chinoise a été condamné à perpétuité sur des accusations de corruption. Il s’agit d’une nouvelle victoire du président Xi Jinping dans sa campagne de lutte contre la corruption. La chute de cet opposant cimentera un peu plus l’autorité du numéro un chinois.

Zhou Yongkang, ancien membre du tout-puissant Comité permanent du Politburo au sommet du Parti communiste chinois (PCC), est la cible la plus importante atteinte par la campagne de Xi Jinping visant à éradiquer la corruption et les jeux d’influence parmi les responsables politiques.

La première cour populaire intermédiaire de Tianjin a fait savoir que Zhou Yongkang avait été condamné après avoir été jugé le 22 mai sur des accusations de corruption, d’abus de pouvoir et de divulgation de secrets d’État. Le jugement a eu lieu à huis clos en raison de ces dernières accusations.

Corruption et abus de pouvoir

Zhou Yongkang, âgé de 72 ans, accusé de corruption, a été condamné à des peines moins lourdes pour les charges d’abus de pouvoir et de divulgation de secrets d’État, mais il devra purger toutes ces peines simultanément.

La condamnation ordonne également la saisie de tous les biens personnels de Zhou Yongkang.

Présentée comme un coup porté à la corruption, la condamnation de Zhou Yongkang supprime un opposant à l’autorité de Xi Jinping et a été largement perçue comme un reflet de la lutte des factions politiques au sommet du Parti au pouvoir.

Zhou Yongkang est l’homme politique de plus haut rang à avoir été condamné depuis le procès pour trahison en 1981 de l’épouse de Mao Zedong et des membres de la « Bande des quatre » pour avoir persécuté des opposants politiques pendant la révolution culturelle entre 1966 et 1976.

Zhou Yongkang, un personnage sombre et autrefois craint, faisait l’objet d’une enquête depuis fin 2013 et avait été privé de toute tribune publique. L’enquête s’était également tournée vers les anciens alliés de Zhou Yongkang au sein des autorités et de l’industrie pétrolière.

Selon le tribunal, Zhou Yongkang aurait perçu, de façon directe ou indirecte, un total de 130 millions de yuans (18,6 millions d’euros) en pots-de-vin et aurait usé de son influence pour faire profiter des tiers de 2,1 milliards de yuan (plus de 300 millions d’euros).

Les actes de Zhou Yongkang ont « infligé des dommages immenses aux finances publiques et aux intérêts de la nation et du peuple », a expliqué la cour au sujet du verdict sur son site web.

La cour a aussi annoncé que Zhou Yongkang a accepté la sentence et ne fera pas appel de la décision. Les accusations portées contre Zhou Yongkang auraient pu lui valoir la peine de mort mais il a bénéficié de l’indulgence de la cour après s’être confessé, avoir exprimé des remords et ordonné à ses proches de rendre la majorité des biens mal acquis.

Zhou Yongkang a construit la première partie de sa carrière dans l’industrie du pétrole et a gravi les échelons au cours de plusieurs décennies pour devenir en 1996 directeur général de la China National Petroleum Corporation, l’une des plus grandes entreprises énergétiques au monde.

L’influence et la chute de Zhou Yongkang

Zhou Yongkang était autrefois considéré comme intouchable avec un vaste réseau de relations couvrant la province du Sichuan où il régnait en maître sur le secteur pétrolier, la police et les tribunaux.

Il était un allié important et un protégé de l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin. Zhou Yongkang a aidé Jiang Zemin à maintenir son immense influence dans les affaires du Parti des années après la retraite officielle de ce dernier en 2002.

Zhou Yongkang a été particulièrement efficace dans les rangs de la faction politique de Jiang Zemin dans l’application et le maintien de la campagne de persécution contre la pratique bouddhiste du Falun Gong que Jiang Zemin avait personnellement mise en œuvre à partir de 1999.

Jiang Zemin et sa faction ont réussi à maintenir un contrôle considérable sur la Chine au cours du mandat de son successeur Hu Jintao au pouvoir, mais les choses ont ensuite commencé à changer.

En février 2012, Wang Lijun, alors directeur de la police de Chongqing, a fui pour se rendre au consulat américain de Chengdu. Wang Lijun travaillait alors sous les ordres de Bo Xilai, membre du Politburo et proche alliée de Zhou Yongkang et Jiang Zemin.

Wang Lijun aurait dévoilé aux autorités américaines des secrets très compromettants comme des informations sur une tentative de coup politique monté par Zhou Yongkang et Bo Xilai pour faire tomber Xi Jinping qui venait d’arriver au pouvoir.

Cette conspiration n’a jamais été révélée officiellement, mais Bo Xilai a été démis de ses fonctions et condamné en septembre 2013 pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir.

Il aura fallu plus longtemps pour faire tomber Zhou Yongkang, mais des rumeurs d’enquête ont commencé à courir dès la tentative de fuite de Wang Lijun. Une enquête n’a été officiellement ouverte qu’en juillet 2014.

Le coup politique manqué contre Xi Jinping n’a lui aussi été révélé publiquement qu’en mars de cette année lorsque des articles ont commencé à apparaître dans les médias contrôlés par l’État et en particulier un article écrit par Zhou Qiang, le président de la cour suprême du PCC selon lequel Zhou Yongkang, Bo Xilai et d’autres étaient « engagés dans des activités politiques non organisées ».

De nouveau en mars, Huang Jiefu, haut responsable des greffes d’organes en Chine, a accusé Zhou Yongkang d’utiliser les prisonniers comme réserve vivante d’organes, rapportant à Pékin des milliards d’euros, ce qui a été vivement critiqué par la communauté internationale comme une violation de toute éthique. De nombreuses enquêtes indépendantes ont indiqué que les pratiquants de Falun Gong sont les principales victimes de ces prélèvements d’organes.

 

Associated Press Pékin a contribué à cet article

Version originale : Once Untouchable, China’s Ex-Security Chief Sentenced to Life

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