Avant/après: une décennie de guerre et le témoignage en photos de dix Syriens

Par Epoch Times avec AFP
14 mars 2021 14:00 Mis à jour: 2 avril 2021 18:28

Samer a été paralysé, Roukaya s’est enfuie en France et Bakri a été amputé d’une jambe. Marqués à vie par la guerre dans leur pays, dix Syriens, photos à l’appui, racontent à l’AFP une décennie dévastatrice aux séquelles souvent indélébiles.

Qu’ils vivent dans les zones gouvernementales, dans les derniers bastions hostiles au pouvoir ou qu’ils soient réfugiés en Europe, ces Syriens déroulent l’un des chapitres les plus douloureux de leur vie, posant pour l’AFP avec une photo d’eux avant la guerre.

Le conflit entre lundi dans sa onzième année et a fait plus de 387.000 morts. Les armes se sont quasiment tues mais les souffrances persistent sous différentes formes.

A Damas, Samer Sawan, 33 ans, montre la photo d’un jeune homme souriant en bord de mer, dans la station balnéaire de Lattaquié (nord-ouest).

1,5 million de Syriens souffrent de handicaps physiques

Son destin a été bouleversé en 2011. Au volant de sa voiture à Damas, une balle perdue pénètre l’habitacle, lui faisant perdre le contrôle du véhicule. Il reste paralysé à vie.

-Mohammed al-Hamid, un ancien combattant rebelle syrien de 28 ans et amputé à Idlib, le 6 mars 2021. Photo par Aaref Watad / AFP via Getty Images.

« Mes ambitions et mes rêves ont changé », résume-t-il. Un soir « je me suis endormi avec mes deux jambes. Le lendemain, j’étais dans un fauteuil roulant ».

Estropiés de guerre

Près de 1,5 million de Syriens souffrent de handicaps physiques liés au conflit, selon des statistiques de l’ONU datant de 2019.

Mohamad al-Hamed, 28 ans, et Bakri al-Debs, 29 ans, font partie de ces estropiés de guerre.

Juché sur des béquilles, Mohamad, ancien combattant rebelle, a perdu une jambe en 2016 lors d’affrontements près de Lattaquié. Sur un vieux cliché, l’homme à la carrure corpulente apparaît durant son service militaire, en uniforme et arme au poing.

-Bakri al-Debs, un médecin syrien de 29 ans est amputé sous le genou, dans la province d’Idlib, tenue par les rebelles, le 6 mars 2021. Photo par Aaref Watad / AFP via Getty Images.

L’un de ses frères est mort dans les mêmes affrontements. Il a ensuite appris le décès en détention de trois autres frères. En 2017, son domicile à Idleb (nord-ouest) a été touché par un bombardement, tuant l’un de ses enfants.

Blessé par des raids aériens

Bakri prend la pose à l’endroit même où il a été blessé il y a six ans par des raids aériens dans la localité d’Ihsim, dans la province d’Idleb. A ses côtés, une prothèse de jambe calée contre un mur: il a été amputé sous le genou.

-Abu Anas, un Syrien de 26 ans devenu aveugle à la suite des bombardements, dans la ville rebelle d’Idlib, le 10 mars 2021. Photo Omar Haj Kadour / AFP via Getty Images.

Toujours à Idleb, Abou Anas, 26 ans, montre une photo de l’adolescent qu’il était il y a dix ans. Originaire de la région de Damas, il a rejoint Idleb en 2018, où un bombardement lui a fait perdre la vue deux ans plus tard.

Dans la grande métropole d’Alep (nord), Ahmed Nachawi pose devant sa maison endommagée par les combats, exhibant un portrait réalisé chez un photographe.

Refuge à l’étranger

Il y a aussi ceux qui ont trouvé refuge à l’étranger. Parmi eux, la journaliste de 32 ans Roukaya al-Abadi, originaire de Deir Ezzor (est). Elle est arrivée à Paris fin 2018.

Collaborant avec des organisations humanitaires, elle a été accusée par le pouvoir de militantisme et emprisonnée. Quand sa ville est tombée aux mains du groupe Etat islamique, elle s’est engagée pour documenter les exactions des jihadistes. Elle a quitté le pays fin 2015.

Anas Ali, un journaliste et réfugié syrien de 27 ans pose pour une photo à Paris, la capitale française, le 27 février 2021. Photo  Sameer Al-Doumy/AFP via Getty Images.

Le visage encadré par ses cheveux noirs, elle exhibe un cliché datant de 2011, celui d’une jeune étudiante en économie portant le voile intégral.

Lui aussi réfugié à Paris depuis deux ans, Anas Ali, 27 ans, montre une photo de lui blessé lors de combats entre rebelles et forces gouvernementales aux abords de Damas.

Au Kurdistan irakien, Dima al-Qaed, 29 ans, pose devant la citadelle d’Erbil avec sa photo, l’un des rares souvenirs qu’elle a emportés après avoir vendu la maison familiale et quitté Damas.

« Je rêvais de changer le monde »

« Je n’ai pris aucune clé avec moi », dit-elle. « Je rêvais de changer le monde. Et voilà que la guerre m’a prise de court en changeant le mien ».

Au Liban depuis 2013, Fahd al-Routayban travaille comme concierge. Il exhibe sur son portable un portrait de lui en uniforme durant son service militaire, il y a 11 ans.

Mohammed al-Rakouia, un peintre réfugié palestinien de 70 ans du camp ravagé de Yarmouk  le 7 mars 2021. Photo Maher Al Mounes / AFP via Getty Images.

Dans le camp de Yarmouk au sud de Damas, le peintre palestinien Mohammad al-Rakouii, 70 ans, a retrouvé son atelier détruit par la guerre.

« Ma perte est irréparable », regrette-t-il. « Mes peintures ont été volées et mes gouaches ont été éparpillées. »

 

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