Violences à Paris : l’échec d’une société multiculturelle devenue « fabrique de barbares »

Par Germain de Lupiac
2 juin 2025 13:21 Mis à jour: 3 juin 2025 13:55

Après la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, la liesse populaire a rapidement viré au cauchemar dans la nuit de samedi à dimanche. alors que des scènes de violences, de pillages et d’incendies ont éclaté à Paris et dans plusieurs villes de France, faisant deux morts, des centaines de blessés et plus de 500 interpellations.

Le président Emmanuel Macron a condamné les incidents « inacceptables » qui ont endeuillé les célébrations : « Rien ne peut justifier ce qu’il s’est passé ces dernières heures, les affrontements violents sont inacceptables […] Nous poursuivrons, nous punirons, on sera implacables », a-t-il assuré. Le PSG, par la voix de son président Nasser al-Khelaïfi, a également condamné « avec la plus grande fermeté » les violences survenues en marge des célébrations.

À Paris, en dépit d’un dispositif particulièrement conséquent – 5.400 policiers et gendarmes mobilisés dans la capitale et en petite couronne -, des scènes de pillages, de bris de mobilier urbain, de vitrines dégradées et d’incendies de vélos en libre service, ont été constatées principalement sur les Champs-Élysées et à ses abords.

En cause, une jeunesse violente et désœuvrée venant des quartiers, s’attaquant aux policiers et aux pompiers, descendue par milliers à Paris pour piller et dégrader.

Quand la violence remplace la joie

Dès le coup de sifflet final, des dizaines de milliers de supporters parisiens ont envahi les rues de la capitale pour célébrer cette consécration européenne. Les Champs-Élysées, la place de la République, Bastille et les abords du Parc des Princes, où près de 50.000 personnes s’étaient réunies pour suivre le match sur des écrans géants, ont été le théâtre de scènes de joie explosive.

Cependant, l’ambiance festive a rapidement laissé place à des débordements. Dès 22h, des affrontements ont éclaté entre certains groupes de supporters et les forces de l’ordre. Jets de projectiles, tirs de mortiers d’artifice, incendies de véhicules et pillages de boutiques, notamment des magasins Chanel et Foot Locker sur les Champs-Élysées, ont transformé des quartiers emblématiques de Paris en zones de chaos.

De jeunes délinquants se heurtent aux policiers après le défilé du bus de l’équipe du PSG, près de l’avenue des Champs-Elysées à Paris, le 1er juin 2025, au lendemain de la victoire du PSG en finale de la Ligue des champions de l’UEFA 2025 contre l’Inter Milan à Munich. (ROMAIN PERROCHEAU/AFP via Getty Images)

Le bilan édifiant de la « fête »

À Dax, un mineur de 17 ans a été tué à coups de couteau lors d’un rassemblement pour célébrer le sacre du club parisien, sans que l’on sache à ce stade si les faits étaient ou non liés à ces festivités.

À Paris, un jeune homme d’une vingtaine d’années circulant à scooter a été percuté par une voiture et a succombé à ses blessures. Le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue, selon le parquet. Là aussi, il y a une incertitude concernant un éventuel lien avec la fête.

À Grenoble, quatre personnes d’une même famille ont été blessées dont deux grièvement après qu’une voiture a heurté la foule célébrant la victoire du PSG.

À Coutances (Manche), un policier, atteint à l’œil par un pétard, a été placé en coma artificiel et transporté à l’hôpital de Caen. L’enquête devra déterminer si le tir était accidentel ou intentionnel.

Au cours de la soirée, émaillée de très nombreux incidents et de violences, majoritairement dans la capitale, 22 membres des forces de l’ordre ont été blessés dont 18 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur. La nature et la gravité des blessures n’ont pas été précisées.

Sept sapeurs-pompiers ont été blessés ainsi que 192 manifestants. Il y a eu 563 interpellations dont 491 à Paris, qui ont conduit à 307 gardes à vue dont 254 à Paris, selon M. Retailleau. Le ministère a décompté, selon un bilan national provisoire, 692 incendies dont 264 véhicules.

La destruction des « cadres communs qui permettent à une société de tenir debout »

Laurent Nuñez a mis l’accent sur la présence samedi soir « d’une population venue que pour piller, pour commettre des exactions ». Il l’a évaluée à « plusieurs milliers de personnes ».

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dit « sa colère » face à ces « barbares ». « C’est cette fabrique de barbares qu’on a vu déferler sur Paris mais aussi malheureusement sur tout le territoire », a-t-il dit. « Cette fabrique de barbares a été engendrée par une société, qui pendant des décennies, a déconstruit tous les cadres communs qui permettent à une société de tenir debout ».

« Cette fabrique de barbares a été engendrée par une société, qui pendant des décennies, a déconstruit tous les cadres communs qui permettent à une société de tenir debout »
— Bruno Retailleau

Le lendemain des violences, le Rassemblement national et La France Insoumise ont mis en avant la responsabilité du ministre de l’Intérieur dans les incidents et violences survenus dans la nuit.

« Ceux qui pensent que la réponse, c’est simplement une doctrine d’emploi des forces de l’ordre se trompent comme le Rassemblement national, comme ils trompent les Français », a répondu le ministre. Quant au parti de Jean-Luc Mélenchon, M. Retailleau l’a qualifié de « France incendiaire ». « Dès que le feu des violences surgit, les LFI se précipitent pour défendre systématiquement ceux qui allument le feu et attaquer ceux qui sont censés éteindre le feu », a-t-il asséné.

Une réponse sécuritaire massive mais débordée

Anticipant des débordements, les autorités avaient déployé un dispositif exceptionnel de 5.400 policiers et gendarmes à Paris et dans ses environs. Le préfet de police, Laurent Nuñez, a insisté sur le fait que les violences étaient le fait de « casseurs et pilleurs » plutôt que de véritables supporters du PSG.

« Les vrais supporters du PSG célèbrent leur équipe avec passion, mais des barbares ont profité de l’occasion pour semer le chaos », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, lors d’une conférence de presse le 1er juin.

Malgré cette mobilisation massive, les forces de l’ordre ont été submergées par l’ampleur des incidents, qui se sont également étendus à d’autres villes comme Lyon, Grenoble, Nantes et Dax.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont dénoncé une « banalisation » des violences lors des grands événements sportifs, pointant du doigt un manque d’anticipation des autorités.

Derrière ces violences systémiques, des défaillances structurelles

Pour Sophie Laurent, sociologue spécialiste des mouvements de foule, ces événements reflètent un problème structurel. « Les célébrations sportives sont devenues des exutoires pour des tensions sociales plus profondes. Les casseurs profitent de l’anonymat des foules pour agir, et les forces de l’ordre, malgré leur présence, peinent à identifier les fauteurs de troubles en temps réel », explique-t-elle.

Selon Laurent Nuñez, interviewé par RTL le 2 juin, plusieurs milliers de jeunes délinquants se sont rendus à Paris samedi soir pour se livrer à des pillages, des dégradations et des affrontements avec la police. Comme l’a souligné Alain Madelin, ancien ministre et député européen, sur LCI, « ce sont des problèmes au fond de perte totale de civilité et d’une micro culture violente qui s’est installée dans certains quartiers ».

D’autres y voient la défaite d’une société multiculturelle et mondialisée, où un drapeau et une culture ne font plus ni cohésion ni l’unité du vivre ensemble et où une partie de la population s’en prend violemment à une autre, sans raison ni limite morale.

« Aux sources de cette nuit de chaos, on retrouve la faillite de la politique migratoire, du projet d’assimilation, de l’exercice de l’autorité, de l’efficacité de la sanction, de la transmission de la culture. Toutes les compagnies de CRS de France ne peuvent rien contre cela », résumait Vincent Tremolet de Villers, directeur délégué de la rédaction du Figaro et éditorialiste politique sur Europe 1. « Paris ne peut plus être une fête » titrait-il au lendemain de la victoire footballistique mais de la défaite civilisationnelle.

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