Barcelone : « Il n’y aura pas de retour en arrière »

3 octobre 2017 21:44 Mis à jour: 3 octobre 2017 21:44

« Il n’y aura pas de retour en arrière », promet Miriam Lao, une dirigeante d’entreprise de 35 ans qui s’est jointe aux centaines de milliers de Catalans manifestant mardi à Barcelone.

« Nous sommes ici pour protester contre les charges policières de dimanche (…) ils nous ont frappés alors qu’on était juste assis, les mains en l’air. J’ai encore sur la jambe la trace d’un coup de matraque et en tête l’image des grands-mères au visage en sang », raconte à l’AFP cette indépendantiste de gauche au milieu du vacarme des fanfares, des concerts de casseroles et de l’hymne nationaliste « L’estaca ».

« Si à Madrid ils ne reconnaissent pas ce référendum de dimanche, qu’ils nous en donnent un autre. Mais qu’on nous écoute! » s’emporte-t-elle.

« Dehors les forces d’occupation », « Les rues seront toujours à nous » : deux slogans entonnés par une foule de Catalans de tous âges qui donne l’impression de vivre déjà son émancipation.

À Madrid, le porte-parole du parti conservateur au pouvoir a comparé les dirigeants séparatistes catalans à des « nazis ». De quoi faire bouillonner un peu plus le sang de Jordi Marti Bautista, 68 ans, retraité des Douanes qui s’étrangle : « Je suis un ancien prisonnier politique de 1970 en tant qu’anti-fasciste » au temps de la dictature de Francisco Franco (1936-1975).

« On obtiendra l’indépendance ou non, mais mentalement nous sommes libres », dit l’ancien douanier. « Le drame, c’est qu’ils n’arriveront plus à me faire sentir de nouveau espagnol ».

Sur la place de l’Université, où des centaines de manifestants pique-niquent à même le goudron, l’ambiance est d’autant plus détendue qu’aucun policier national ni garde civil n’est en vue.

Dans l’un des rares restaurants ouverts, des infirmières du même hôpital – en grève – déjeunent de chorizo et de « patatas bravas » après avoir manifesté. « Jusqu’à présent, j’avais mes doutes, parce que je ne vois pas clairement de quelle manière l’indépendance nous bénéficie, mais avec la répression, je vois que nous devons quitter l’Espagne », s’emballe Maria Dolores Pardillo, 59 ans.

Dans la foule, un manifestant élève cependant bien haut sa pancarte : « je ne suis pas indépendantiste ». Cet architecte de 38 ans, Lluis Fuste, a un double message pour le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et celui de l’exécutif catalan, Carles Puigdemont : « un, c’est lamentable qu’on ne laisse pas voter notre peuple pour qu’il dise ce qu’il veut. Deux, la déclaration unilatérale d’indépendance serait lamentable aussi ».

Dans la soirée, de nouvelles manifestations sont apparues bien plus énormes, emplissant des places, des avenues, avec des familles entières, venues y compris avec des bébés et des personnes handicapées en fauteuils roulants.

Cette fois, l’hymne catalan était chanté en choeur par des indépendantistes comme des non indépendantistes, qui se disaient invariablement scandalisés par la répression policière contre le référendum.

« C’est intolérable ce qu’ont fait dimanche les policiers et gardes civils. Traîner des femmes par les cheveux, frapper des grands-mères, alors que les gens demandaient seulement à voter. C’est un outrage à la dignité ! », renchérissait Jose Maria Asin Prades, ancien cadre en ressources humaines de 62 ans.

« C’est comme ça qu’ils ont fait sortir dans la rue même les gens qui ne sont pas indépendantistes comme nous. Ce n’est pas contre l’Espagne mais contre le gouvernement espagnol », dit-il, accompagné de sa femme et de sa fille.

Et une fois de plus, chacun revendiquait le caractère pacifique des mobilisations. « Du calme, notre paix est leur défaite », résumait une pancarte.

Beaucoup d’autres clamaient: « demain, nous serons libres » ou encore « bienvenue en République catalane ».

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