Bélarus: face à la contestation, investiture en catimini pour Loukachenko

Par afp
23 septembre 2020 16:50 Mis à jour: 23 septembre 2020 16:50

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, confronté à un mouvement de contestation post-électoral inédit, a prêté serment mercredi en catimini pour un sixième mandat, avant de proclamer que la « révolution » voulue par ses détracteurs avait échoué.

Des Etats européens ont dénoncé l’obstination de M. Loukachenko, Berlin déclarant « ne pas le reconnaître », faute de « légitimité démocratique ».

Cérémonie d’investiture annoncée une fois achevée

Fait exceptionnel, la cérémonie d’investiture n’a été annoncée par l’agence de presse d’Etat Belta puis la présidence qu’une fois achevée.

Dans la matinée, l’opposition avait spéculé sur une investiture surprise: le cortège présidentiel a défilé dans la rue à toute vitesse, l’artère principale de Minsk a été fermée au public et les forces de l’ordre déployées en nombre autour de la présidence.

Le secret révélateur des faiblesses du régime

« Cette prétendue investiture est évidemment une farce », a dénoncé Svetlana Tikhanovskaïa, principale rivale de M. Loukachenko, dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram.

Cette novice en politique, désormais exilée en Lituanie, a une nouvelle fois revendiqué sa victoire à la présidentielle d’août.

-Le président biélorusse Alexander Loukachenko prête serment lors de sa cérémonie d’inauguration à Minsk le 23 septembre 2020. Photo de – / Belta / AFP via Getty Images.

Le gouvernement allemand, par la voix de son porte-parole, a lui jugé que « le secret » entourant la cérémonie d’investiture était « révélateur » des faiblesses du régime, et que faute de « légitimité démocratique », Berlin ne reconnaissait pas la réélection de M. Loukachenko.

Le chef de la diplomatie lituanienne, Linas Linkevicius a raillé « des élections frauduleuses, une investiture frauduleuse ».   

Pour les opposants et médias indépendants, cette cérémonie, qui devait avoir lieu légalement avant le 9 octobre, a été organisée en catimini de crainte d’une nouvelle grande manifestation.

Selon l’Ukraine, les ambassadeurs n’ont pas été invités, comme c’est le cas d’ordinaire. Selon la présidence bélarusse, 700 personnes hauts placées étaient dans l’assistance.

Pour Loukachenko une révolte fomentée par les Occidentaux

Dans son discours, M. Loukachenko a affirmé que son pays avait résisté à une « révolution de couleur », surnom donné en ex-URSS aux mouvements populaires ayant chassé du pouvoir des régimes autoritaire depuis le début des années 2000 en Ukraine, en Géorgie ou encore au Kirghizstan. Pour la Russie et M. Loukachenko, il s’agissait de révoltes fomentées par les Occidentaux.

« Notre Etat était face à un défi sans précédent, mais nous sommes parmi les seuls, sinon les seuls, chez qui la +révolution de couleur+ n’a pas fonctionné. C’est le choix des Bélarusses », a-t-il assuré.

Sur des images diffusées par des médias d’Etat, il est ensuite apparu en uniforme militaire lors d’un discours devant des soldats au garde-à-vous.

« Vous avez sauvé la paix sur ce bout de terre, vous avez défendu la souveraineté et l’indépendance de notre pays », leur a lancé M. Loukachenko.

Tremplin pour une guerre contre la Russie

Selon lui, les Occidentaux voulaient le renverser pour se servir du Bélarus comme tremplin pour une guerre contre la Russie.

« Qu’il prête serment 10 fois, pour moi, il n’est déjà plus personne », a réagi auprès de l’AFP Valentina Sviatskaïa, retraitée de 64 ans vivant à Minsk, certaine que le « peuple en colère » va continuer à manifester.

« C’est officiel maintenant, un usurpateur nous gouverne et nous vivons en dictature », commente Igor Koukharski, un entrepreneur de 38 ans.

M. Loukachenko est confronté depuis la présidentielle du 9 août à une contestation inédite, des dizaines de milliers de personnes descendant dans la rue chaque dimanche à Minsk, malgré la répression policière, pour dénoncer sa réélection jugée frauduleuse.

Les premiers jours, les manifestations avaient été réprimées très violemment et des milliers de personnes arrêtées.

Les figures de l’opposition ont été soit incarcérées, soit contraintes à l’exil.

Journalistes objet d’arrestations et de pressions

De nombreux journalistes ont aussi fait l’objet d’arrestations et de pressions. Mercredi, c’est le rédacteur en chef du site indépendant Nacha Niva qui a été interpellé.

M. Loukachenko, qui accuse les Occidentaux d’avoir orchestré la protestation, a promis une vague réforme constitutionnelle pour répondre à cette crise politique. Mais il a exclu tout dialogue avec les détracteurs du régime qu’il pilote depuis 1994.

La Russie l’a assuré de son soutien, bien que dans les semaines précédant la présidentielle il avait accusé Moscou de chercher à le chasser du pouvoir pour pouvoir vassaliser son pays.

L’UE menace elle de sanctionner Minsk, mais n’a pas décidé de mesures, en raison de divergences internes.

Focus sur la Chine  – 1 million $ retrouvé chez un chef de village

Le saviez-vous ? 

Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.