Est-ce que Bernie Sanders veut vraiment devenir président ?

Par Roger L. Simon
9 mars 2020 17:03 Mis à jour: 10 février 2021 22:38

Sans interruption depuis 2006, Bernie Sanders a été candidat à la présidence américaine, à un niveau ou à un autre.

C’est pratiquement tout ce que fait Bernie : être en lice pour la présidentielle. Il est très doué pour faire la navette à travers les États-Unis (souvent dans des jets privés) dans le cadre de sa campagne où il rassemble des foules enthousiastes autour des questions de l’inégalité des revenus, d’une catastrophe climatique à venir, des soins de santé en tant que droit de l’homme, de l’université gratuite, de la gratuité de ceci, de cela, etc., en chantant avant tout les louanges du socialisme « démocratique » en général.

Mais veut-il vraiment devenir président ?

Il paraît évident qu’il le veut. Bien que je pense que ses intentions sont, en réalité, au moins ambivalentes.

Il n’a certainement pas envie de se lancer dans la concurrence à la manière des politiciens à succès comme Lyndon Johnson, Robert Kennedy, George Bush ou même Donald Trump, bien que Bernie va montrer du doigt tous ceux qui sont milliardaires ou qui osent s’associer avec l’un d’eux.

Lors de la campagne présidentielle de 2016, lorsqu’il se battait contre Hillary Clinton pour la sélection du candidat démocrate, il s’est abstenu de profiter du scandale des courriers électroniques ou autres malfaisances de cette dernière, par exemple, son rôle dans l’affaire des attaques meurtrières contre l’ambassade américaine à Benghazi – des controverses qui auraient bien pu lui faire gagner les élections (et, par conséquent, mettre en œuvre ses idées bien-aimées).

En fait, malgré les vives insistances de ses partisans, Bernie s’est effacé à la fin de la campagne 2016 et est devenu un bon petit chien qui aidait Hillary dans ses efforts de remporter la bataille présidentielle. Un drôle de rôle joué par ce « fier indépendant ».

Aujourd’hui, il est en compétition avec Joe Biden, un homme embourbé avec son fils toxicomane dans une corruption évidente en Ukraine et en Chine, et dont les capacités mentales se détériorent. Cependant, Bernie, pour des raisons qu’il est le seul à connaître, ne mentionne rien de tout cela. Jusqu’à présent, il n’y a même pas fait allusion.

Et pour quelle raison ?

Est-ce une question de bonnes manières ? Mais ce n’est pas de cette façon que les « révolutionnaires » se comportent normalement, surtout s’ils veulent vraiment apporter des changements, prendre le pouvoir et amener le socialisme. Les premiers bolcheviks en Russie, qui n’étaient au début qu’un tout petit groupe, n’hésitaient pas à exploiter les faiblesses de leurs adversaires. Et ils ont gagné (jusqu’à ce qu’ils commencent à se tirer dessus).

Dans ce contexte, Bernie Sanders a également fait preuve d’un remarquable manque d’intérêt pour la victoire – ceci en admettant à voix haute, en pleine campagne actuelle, son admiration pour Fidel Castro. Bien sûr, il y avait beaucoup de choses de ce genre dans le passé de Bernie, mais il n’avait pas du tout besoin d’attirer l’attention sur ce point maintenant.

On se pose la question si c’était simplement une forme de frime, lorsqu’il s’est tiré inconsciemment une balle dans le pied ?

On pourrait aussi noter le curieux phénomène qu’un nombre moins important que prévu de jeunes adhérents de Sanders s’est présenté aux récentes élections primaires du Super Tuesday. Peut-être qu’eux aussi, comme Sanders lui-même, considèrent cette campagne comme l’occasion pour une sorte de performance plutôt que l’occasion pour prendre réellement les rênes du pays.

Ils veulent, tout comme Bernie, avoir raison (pas politiquement, mais de manière polémique) en montrant que vous – un bourgeois redouté ou, pire encore, déplorable – avez tort. Ce besoin permanent d’avoir raison est souvent la première chose que les psychothérapeutes signalent à leurs patients comme l’une des sources de leur névrose.

Dans ce cas, il vaut mieux perdre que gagner. Si vous perdez, votre « raison » aura plus de poids et vous pourrez insister davantage sur le fait que vous avez « raison », car on ne saura jamais si vos idées auraient fonctionné. On ne peut que rêver de ce qui aurait pu se passer.

Bernie Sanders a déjà pratiquement « fermé boutique » en confiant à la journaliste Rachel Maddow qu’il abandonnerait la course à la présidentielle si Joe Biden obtient plus de délégués avant la convention démocrate en juillet prochain. Est-ce que cela fait penser à un combattant ? Est-ce que cela fait penser à un homme qui veut vraiment gagner ?

Sigmund Freud a beaucoup écrit sur la pulsion de mort. Il se pourrait que Bernie ait la pulsion de perdre, de perdre pour pouvoir revenir refaire son truc (la parlote) en évitant le désagrément compliqué de faire réellement le travail.

En fait, pourquoi pas ? Bernie Sanders candidat à la présidence en 2024 ! Peu importe qu’il ait bien plus de 80 ans. Ne soyez pas un âgiste qui discrimine les personnes âgées !

Roger L. Simon, analyste politique principal, cofondateur et PDG émérite de PJ Media, est un auteur primé et un scénariste nominé aux Oscars. Son nouveau roman The GOAT (la CHÈVRE) est paru en septembre dernier.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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