TikTok, Ben Laden et le problème des médias sociaux

Par Roger L. Simon
24 novembre 2023 16:02 Mis à jour: 24 novembre 2023 16:02

Vingt-deux ans après le 11 septembre, Oussama ben Laden est de retour dans la peau du nouveau Che Guevara. Bientôt, il figurera sur des T-shirts à travers tout le pays, portés par des gens qui n’ont pas la moindre idée de qui il était vraiment.

C’est là le pouvoir de TikTok, ce cadeau de la Chine communiste qui continue de faire des siennes. D’une manière ou d’une autre, une lettre de Binny est apparue après toutes ces années et notre « jeunesse bien éduquée » s’en est emparée comme s’il s’agissait de la seconde venue du Sermon sur la montagne.

Comme on pouvait s’y attendre, TikTok a supprimé la lettre et interdit les vidéos qui la soutenaient – l’« optique » n’était pas très bonne, et ils ont probablement craint un retour de bâton — mais le mal était fait. De jeunes cerveaux ont été infectés par ce qui leur semblait être tout à fait exact, voire une source d’inspiration, alors qu’il n’y avait aucun contexte.

Il s’agit d’événements survenus avant leur naissance et qui ne sont généralement pas abordés en profondeur à l’école.

La plupart des médias sociaux ne proposent pas de contexte, et c’est bien là le problème.

C’est vrai en dépit des efforts considérables déployés par des personnes comme Catturd pour justifier tout ce qu’elles écrivent sur Twitter/X. La très grande majorité des messages publiés sur la plateforme ne sont pas du tout de cet acabit. Catturd est l’exception qui confirme la règle proverbiale.

Les médias sociaux en général sont une nouvelle forme malheureuse de cancer culturel que le Parti communiste chinois (PCC) a eu l’intelligence d’exploiter, comme beaucoup d’autres, connus ou inconnus.

Le gouvernement fédéral en fait également partie, puisqu’il s’est avéré qu’il les utilisait clandestinement à des fins de propagande.

Dans l’ensemble, les médias sociaux font beaucoup plus de dégâts que de bien. Ils nous séparent au lieu de nous unir. Nous vivons dans un monde de clubs Facebook, et non de clubs humains, ce qui nous rend d’autant plus vulnérables à cette propagande.

La génération TikTok est née dans cet environnement aliénant et ne connaît rien d’autre. La majeure partie de leur vie se joue en ligne, par à-coups, ce qui nuit à leur capacité de réflexion.

En fait, ils reçoivent des injections de pensées, des idées insérées dans leur cerveau si rapidement qu’elles sont intégrées bien avant qu’elles ne puissent être prises en considération. Les résultats peuvent être catastrophiques.

Un exemple récent qui illustre comment les choses peuvent être dangereusement mal interprétées — Twitter/X semble presque conçu pour cela — est le retweet d’Elon Musk lui-même, propriétaire de la plateforme.

D’après Fox Business, « le PDG milliardaire de Tesla, qui est en conflit avec la Ligue anti-diffamation (ADL) au sujet de ses allégations d’antisémitisme sur X, a semblé répondre d’un commun accord à un message affirmant que les communautés juives avaient répandu la haine contre les Blancs ».

« Vous avez dit la vérité », a écrit Elon Musk le 15 novembre.

« L’ADL attaque injustement la majorité de l’Occident, qui soutient pourtant le peuple juif et Israël », a-t-il poursuivi dans un autre message.

« C’est parce qu’ils ne peuvent pas, selon leurs propres principes, critiquer les groupes minoritaires qui constituent leur principale menace », a-t-il écrit, faisant apparemment référence aux Palestiniens et aux Arabes qui ont appelé au djihad contre Israël.

Des annonceurs tels que Disney, Apple et IBM — tous fortement liés à la Chine, il convient de le souligner — ont ainsi quitté X.

Néanmoins, je suis juif et il se trouve que je suis d’accord avec Elon Musk, ne serait-ce qu’en ce qui concerne l’ADL. C’est le cas de beaucoup d’entre nous. L’ADL vit loin dans le passé avec ses vues ridicules sur l’antisémitisme comme étant le produit de quelques bigots blancs mythiques. Le KKK n’existe pratiquement plus, mais il agit comme s’il était toujours là à brûler des croix.

Les causes réelles de l’horrible croissance de notre forme moderne d’antisémitisme ne pourraient être plus évidentes. Regardez par la porte.

Mais la discussion très brève de Musk — en ce sens, typique de la négligence inhérente aux médias sociaux qui souffrent de troubles de l’attention — sur le sujet, a permis de le déformer facilement sur sa plateforme en une atteinte à tous les juifs. Et c’est ce qui s’est passé.

Franchement, je ne connais pas personnellement un seul juif qui soit d’accord avec l’ADL. Je suppose que leurs collecteurs de fonds le sont — ou font semblant de l’être — et peut-être quelques personnes nostalgiques d’une époque révolue. Mais c’est à peu près tout.

J’ai ajouté ceci à propos de Musk et de X pour montrer qu’il ne s’agit pas seulement de TikTok — aussi mauvais soit-il, et c’est probablement le pire — mais de tous les médias sociaux.

L’idée de Musk selon laquelle X pourrait être une nouvelle forme de place publique est un rêve. Notre pays est loin d’être capable d’une telle chose à ce jour compte tenu de ce qu’est devenu notre système éducatif.

Les jeunes sont tellement mal éduqués et/ou manipulés qu’ils sont loin d’avoir le bagage nécessaire pour raisonner ensemble sur X ou ailleurs. Même les débats scolaires — qui constituaient autrefois un excellent moyen d’éducation civique, les élèves prenant position sur des questions opposées — se sont transformés en vecteurs d’une même propagande avariée.

En toute transparence, pour des raisons qui me sont totalement inconnues, je suis toujours banni par X. J’ai essayé à plusieurs reprises de remédier à cette situation, mais en vain. Maintenant, je ne m’en soucie plus.

Revenons donc à ce qu’il faut faire, non seulement à propos de TikTok, importé de Chine (comme beaucoup le savent, il est soigneusement censuré en Chine, mais pas ici), mais aussi à propos de tous les médias sociaux.

Je viens de la génération des blogs, lorsque les articles étaient beaucoup plus détaillés et les auteurs capables d’expliquer le contexte qui justifiait leur point de vue. J’en ai parfois la nostalgie. Mais cette époque semble révolue, sauf dans des endroits comme la section Opinion d’Epoch Times, ce dont je suis reconnaissant. Les podcasts fournissent également un contexte.

Mais comment éviter ces « injections d’idées » permanentes véhiculées par les médias dominants dans l’esprit de nos jeunes ? Elles alimentent le conformisme le plus malfaisant, et je doute que ce soit totalement étranger au fait que le QI moyen des Américains diminue depuis un certain temps.

Je me considère toujours comme un absolutiste pour la liberté d’expression et il m’est extrêmement difficile de préconiser la censure sous quelque forme que ce soit. Je veux croire que la réponse au faux discours est un discours de vérité.

Mais s’agit-il vraiment d’un discours ? Parfois, c’est plutôt comme si une personne criait « au feu » dans un théâtre bondé après une autre, sans parler des niveaux de contrôle de la pensée jusqu’à présent inimaginables.

Le plus grand problème des médias sociaux concerne les jeunes. Ceux d’entre nous qui se souviennent d’une époque antérieure au smartphone ont au moins quelques souvenirs d’une réalité plus humaine à laquelle se raccrocher.

Nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement pour régler ce problème, et nous ne devrions pas le faire. Mais ceux d’entre nous qui sont parents ont une énorme responsabilité.

Jusqu’à l’âge de 16 ans, nous devons empêcher nos enfants d’utiliser leur téléphone ou leur ordinateur pour aller sur Internet. Une telle mesure provoquera sans aucun doute des guerres civiles à la maison, mais il s’agit d’une forme d’amour vache pour nos enfants et pour la société dans son ensemble qui doit être adoptée.

Nous devons également leur parler de ce qu’ils apprennent à l’école et entendent de leurs amis qui sont en ligne, pour qu’ils puissent au moins écouter un contre-argument qu’ils sont loin de se voir offrir par leurs amis ou par l’école.

Bien que ces deux éléments requièrent une attention quasi constante, ils sont impératifs. Et j’ai constaté des résultats positifs dans plusieurs familles.

Je ne vois pas d’autre solution à ce stade que la réforme totale de notre système éducatif, qui est bien sûr nécessaire.

Quant à TikTok, accepteriez-vous que des espions chinois entrent dans la chambre de votre enfant ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Interdisez-le.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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