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Hôpitaux

Caen : les urgences du CHU privées d’internes faute de médecins pour les encadrer

Les services d'urgence du centre hospitalier universitaire de Caen connaissent une situation critique qui les contraint à se passer des internes dès ce lundi. Cette décision, qualifiée de "très rare" par les représentants des internes, intervient en raison d'un manque de médecins expérimentés capables d'assurer leur supervision.

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Un visiteur marche dans le couloir du CHU de la ville de Caen,, le 12 septembre 2012.

Photo: CHARLY TRIBALLEAU/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le CHU de Caen fait face à une crise d’encadrement qui impacte directement l’organisation de ses urgences. L’absence de personnel médical senior en nombre suffisant a conduit à une décision sans précédent : retirer tous les internes du service pour protéger leur formation et leur santé mentale. Cette mesure révèle les failles d’un système hospitalier sous tension, où les jeunes médecins en formation subissent de plein fouet les difficultés structurelles des établissements de santé.

Un déficit criant de médecins encadrants

Le service des urgences souffre d’un manque structurel de praticiens expérimentés. Selon Mélanie Debarreix, présidente de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), « il n’y avait pas assez de médecins expérimentés permettant un encadrement satisfaisant des internes ».
La situation est alarmante puisque le service ne compte que trois médecins alors qu’il devrait en avoir six. « Cela avait une répercussion sur la santé des internes », a souligné la responsable syndicale.
Les conditions de travail dégradées ont provoqué des signalements et placé certains internes « en surcharge émotionnelle », rendant leur maintien dans le service impossible sans risque pour leur bien-être.

Vingt internes retirés du service pour six mois

À partir de lundi, les urgences devront fonctionner sans le soutien des internes pendant tout le second semestre universitaire, soit de novembre à mai. Cette décision prive le service hospitalier de Caen de vingt internes, selon l’Isni.
Ces jeunes médecins seront réorientés vers d’autres services du CHU ou vers des hôpitaux de la région. « C’est une situation très rare, mais le plus important, c’est que tout ça se fasse sans impact sur leur formation », a déclaré Mélanie Debarreix.
La présidente de l’Isni déplore toutefois que les « internes soient les variables d’ajustement et une main d’œuvre facile » dans un système hospitalier en tension permanente.

Un hôpital confronté à des défis multiples

La direction du CHU, citée par Le Monde, tente de trouver des solutions alternatives en cherchant « des renforts issus des autres spécialités du CHU ». L’établissement fait face à une équation complexe.
« À Caen comme ailleurs, le CHU fait face à un triple défi, un afflux constant de patients, souvent âgés, parfois sans autre solution que l’hôpital, une difficulté majeure de recrutement de médecins urgentistes, et une difficulté récurrente à trouver des lits d’aval dans les établissements du territoire », a écrit la direction, selon Le Monde.
L’Agence régionale de santé (ARS) travaille également avec les médecins généralistes pour leur demander « une contribution active », selon un message relayé par Ici Normandie et d’autres médias locaux.

Un problème national selon l’Isni

La présidente de l’Isni insiste sur le caractère généralisé de cette problématique. « C’est partout pareil en France : les internes ont peur de parler derrière, par crainte des répercussions », a-t-elle affirmé, rappelant le rôle d’« alerte » de son organisation.
Malgré la gravité de la situation, Mélanie Debarreix salue la réactivité des autorités normandes. « On a eu de la chance d’avoir l’ARS et le CHU derrière nous pour répondre à cette urgence. Il valait mieux prendre cette décision, plutôt que d’avoir des burn-out d’internes derrière », a-t-elle conclu.
Cette crise à Caen illustre les tensions qui traversent le système hospitalier français et la fragilité d’une organisation qui repose en partie sur les jeunes médecins en formation.
Avec AFP