Cantal : Caroline Grandjean, directrice d’école, s’est suicidée le jour de la rentrée

Illustration.
Photo: Crédit photo Ground Picture/Shutterstock
Caroline Grandjean, 42 ans, institutrice et directrice d’école à Moussages, dans le Cantal, a été retrouvée morte lundi matin près de son domicile à Anglards-de-Salers. Selon le parquet d’Aurillac, la piste du suicide est privilégiée, dans un contexte de harcèlement lesbophobe récurrent dont la victime était la cible.
Aucun écrit découvert
Caroline Grandjean, responsable d’une école à classe unique à Moussages, a été retrouvée sans vie par les gendarmes en contrebas d’un site escarpé. Aucun écrit n’a été découvert pour expliquer son geste, mais l’enquête « en recherche des causes de la mort » vise à recueillir tous les témoignages disponibles, selon la procureure Sandrine Delorme. Il a été précisé que la victime avait prévenu les secours, mais que l’intervention s’est révélée trop tardive.
Harcelée en raison de son orientation sexuelle
Au cours de l’année scolaire 2023-2024, l’enseignante avait fait face à des menaces de mort sous forme de tags et d’une lettre anonyme en raison de son orientation sexuelle. Elle avait été arrêtée temporairement pour raisons médicales, puis avait repris son activité, avant d’être de nouveau en arrêt de travail depuis fin avril selon le rectorat de Clermont-Ferrand.
Une enquête judiciaire avait été ouverte mais clôturée en mars 2025, faute d’éléments suffisants pour retrouver les auteurs des actes de harcèlement. L’académie précise qu’elle « suivait de près » la situation de la directrice et préparait son retour en tenant compte de ses souhaits.
Le décès de la professeure, survenu le jour de la rentrée scolaire, a profondément ému les communautés enseignante et LGBTQ+. Le ministère de l’Éducation nationale s’est déclaré « profondément touché » et a mis en place une cellule d’écoute dans la circonscription concernée. Il a également demandé à l’Inspection générale de conduire une enquête administrative sur les faits ayant précédé le suicide.
Le syndicat FSU-SNUipp souligne que la victime « a mis fin à ses jours après de longs mois de harcèlement lesbophobe sur son lieu de travail », et réclame que l’enquête administrative fasse toute la lumière sur d’éventuelles responsabilités au sein de l’Éducation nationale. De son côté, l’Unsa appelle à des sanctions judiciaires contre les auteurs des actes discriminatoires et à une clarification sur les éventuels manquements de l’institution en matière de protection du personnel.
Le ministère rappelle que des dispositifs d’accompagnement avaient été activés, incluant protection fonctionnelle, signalement au procureur et dispositifs de soutien.
Émotion et indignation
La disparition de cette enseignante, qualifiée de « figure respectée du Cantal », a suscité réactions et indignation parmi les collègues et les associations de lutte contre l’homophobie. « L’Éducation nationale a du sang sur les mains » a dénoncé Julia Torlet, porte-parole de SOS Homophobie, sur Instagram, soulignant la gravité du harcèlement lesbophobe. Le Syndicat des directrices et directeurs d’école a exprimé sa douleur sur les réseaux sociaux, rappelant que « Caro, directrice d’école, a décidé de mettre fin à ses jours ce lundi, jour de rentrée ».
Articles actuels de l’auteur









