Catastrophe humanitaire au Soudan : une conférence à Paris pour « briser le silence » après un an de guerre

Par Epoch Times avec AFP
15 avril 2024 17:25 Mis à jour: 15 avril 2024 17:47

La communauté internationale, réunie lundi à Paris lors d’une conférence humanitaire pour le Soudan, a exhorté à « briser le silence » entourant la guerre qui sévit depuis un an dans ce pays et appelé à coordonner les différentes médiations pour mettre fin à ce conflit dévastateur.

« Depuis un an, les Soudanais sont victimes d’une guerre terrible (…) qui ne produit que chaos et souffrance », a déploré le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, estimant que les Soudanais étaient « victimes de l’oubli et de l’indifférence ». Il a ainsi appelé à « briser le silence qui entoure ce conflit et mobiliser la communauté internationale ».

À l’ouverture de la conférence, co-présidée par la France, l’Allemagne et l’Union européenne, plus de 840 millions ont été annoncés dont 110 millions par Paris, 244 par Berlin, 350 par Bruxelles et 138 par Washington.

La conférence se décline en trois volets : un volet politique avec la participation essentiellement d’ambassadeurs et ministres des Affaires étrangères (Soudan du Sud, Djibouti, Kenya, Tchad notamment), un volet humanitaire pour récolter les dons et une réunion d’une quarantaine de membres de la société civile soudanaise.

Une crise humanitaire catastrophique

Cette conférence se tient alors que les yeux sont rivés sur la situation au Proche-Orient après l’attaque de l’Iran contre Israël, a souligné la ministre allemande Annalena Baerbock.

Pour autant, la communauté internationale ne doit pas ignorer la guerre au Soudan qui a provoqué une crise humanitaire catastrophique, a-t-elle déclaré, évoquant la « souffrance indicible » et le sentiment d’abandon des Soudanais, victimes de la guerre que se mènent « deux généraux impitoyables ».

Les multiples initiatives de médiation sont restées sans effet, a-t-elle poursuivi, appelant « à œuvrer à une meilleure coordination » et à « agir de concert pour amener les belligérants à la table de négociation et parvenir à un cessez-le-feu ».

« Seule la pression internationale » poussera les belligérants à négocier, a renchéri le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

« Au-delà du financement, il faut mettre de la pression pour qu’il y ait un cessez-le-feu immédiat parce que si l’on continue comme ça, dans un an, le Soudan risque de se désintégrer », a alerté le chef de la diplomatie tchadienne Mahamat Saleh Annadif.

Et le risque est de déstabiliser toute la Corne de l’Afrique, la guerre ayant poussé de nombreux Soudanais à se réfugier dans les pays voisins.

Plus de 3,4 millions de personnes ont ainsi un besoin « urgent » d’une réponse humanitaire au Tchad, selon Action contre la faim (ACF).

La guerre avait éclaté le 15 avril 2023 entre les forces loyales au chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhane et celles de Mohamed Hamdane Daglo, son ancien adjoint et commandant des forces paramilitaires de soutien rapide.

La crise alimentaire au Soudan pourrait être « la plus grande jamais connue », a averti la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain lors d’un entretien avec l’AFP.

Outre la famine, les civils sont victimes de « violences sexuelles massives, de massacres ethniques à grande échelle et d’exécutions », a déploré Will Carter, le directeur au Soudan du Norwegian Refugee Council.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a, lui, mis en garde, contre une nouvelle escalade de la violence alors que les parties au conflit arment les civils et que davantage de groupes armés se joignent aux combats. « Le recrutement et l’utilisation d’enfants par les parties au conflit sont également très préoccupants », a-t-il également déclaré.

Alors que 25 millions de personnes, soit la moitié de la population soudanaise, ont besoin d’aide, Jean Stowell, chef de mission de Médecins sans frontières au Soudan, dénonce pour sa part « un vide humanitaire extrêmement inquiétant ».

« L’an dernier l’appel humanitaire des Nations unies n’a été financé qu’à moitié. Cette année, 5% » seulement sur les 3,8 milliards d’euros demandés », pointe le Quai d’Orsay. « Nous n’avons pas la prétention de les atteindre à Paris mais avons bon espoir que la communauté internationale se réveille. »

Des sanctions contre les belligérants

Directrice adjointe de la division Afrique de l’ONG Human Rights Watch, Laetitia Bader appelle, elle, à des sanctions contre les belligérants, qui ont « empêché la réponse humanitaire », « pillé massivement l’aide » et planifié des « tueries d’humanitaires », en plus des nombreuses exactions contre les civils.

Lundi, le Royaume-Uni a annoncé de nouvelles sanctions visant des entreprises qui soutiennent les belligérants.

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