« J’en ai pleuré » : le compagnon d’Agnès Lassalle évoque sa « rage d’impuissance » après la mort de Mélanie à Nogent

Stéphane Voirin, lors de la cérémonie funéraire de l’enseignante Agnès Lassalle, sa compagne, poignardée à mort par l'un de ses élèves le 22 février 2023.
Photo: Crédit photo GAIZKA IROZ/AFP via Getty Images
Stéphane Voirin, le compagnon d’Agnès Lassalle – enseignante poignardée en 2023 par un élève dans un lycée de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) – appelle à une prise de conscience face à la recrudescence des violences dans les établissements scolaires.
S’exprimant au micro de BFMTV ce jeudi soir, Stéphane Voirin a expliqué combien le meurtre de Mélanie, surveillante tuée ce mardi par un élève de 14 ans à Nogent (Haute-Marne), l’avait perturbé. Ce énième drame lui a rappelé celui qu’il a vécu le 22 février 2023, lorsque sa compagne Agnès Lassalle a été tuée en plein cours par l’un de ses élèves.
« La vie est précieuse »
« Quand j’ai appris pour Mélanie, j’en ai pleuré, ça m’a perturbé », a indiqué l’invité de l’émission spéciale Violence des jeunes : quelle réponse ? ce jeudi, ajoutant avoir eu des réactions « inappropriées » ce jour-là. Il a fait le parallèle entre les deux auteurs de ces crimes, pointant leur manque d’empathie, et notamment une absence de « regrets » et de « remords ». « Je suis sûr que cet adolescent va passer une bonne nuit », a-t-il lancé, écœuré.
Outre « la violence du geste », celui qui avait suscité l’émotion en effectuant quelques pas de danse devant le cercueil de sa défunte compagne a exprimé « une rage d’impuissance » de voir que cela puisse « encore arriver ». Cet énième meurtre est pour lui un véritable « constat d’échec » car, après avoir dansé pour sa « princesse », il pensait pouvoir se dire « plus jamais ça ».
Il s’est indigné face à ces « actes gratuits », signalant que, dans de nombreux pays à travers le monde, comme il a pu le constater lors de ses nombreux voyages : « La vie ne vaut rien, pour une montre à deux balles on vous agresse et vous y laissez la vie. » Pour lui, la vie est au contraire « précieuse », « n’importe laquelle, même celle de ces tueurs ».
Il espère « une prise de conscience d’un phénomène »
Rapportant que le meurtrier de sa conjointe « va aller répondre de ses actes en cour d’assises, encore heureusement, Dieu merci », il a exprimé l’espoir qu’il en sera de même pour le meurtrier de Mélanie.
Assurant qu’un tel drame n’est pas « sans influence », il a poursuivi : « On essaye toujours d’œuvrer dans le bien du plus grand nombre, mais là, vous vous rendez compte, pouvoir dire, devoir dire ‘je suis heureux d’aller à un procès d’assises’… alors que j’aurai préféré tout faire pour l’éviter, y compris pour Mélanie, pour tous les autres. »
« Chaque cas est singulier, mais il y a quand même des socles communs sur lesquels travailler », a par ailleurs analysé Stéphane Voirin sur BFMTV, poursuivant : « Il n’y a que maintenant, à cause de Mélanie ou grâce à Mélanie – j’espère qu’on pourra dire ça un jour – qu’il semble qu’il y a une prise de conscience d’un phénomène. »
Il a voulu tuer une surveillante, « n’importe laquelle »
Quentin G. – mineur de 14 ans ayant tué Mélanie à coups de couteau le 10 juin dernier – a été mis en examen pour « meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public », une circonstance aggravante, et placé sous le statut de témoin assisté pour des « violences aggravées » sur un gendarme lors de son interpellation immédiatement après les faits, selon un communiqué du parquet de Dijon.
Devant le juge d’instruction, le mis en cause a « confirmé les déclarations qu’il avait faites lors de sa garde à vue », à savoir qu’il avait voulu tuer une surveillante, « n’importe laquelle ».
Le procureur de Chaumont, Denis Devallois, a dressé de lui ce mercredi le portrait d’un adolescent « sans compassion », « fasciné par la violence » et « en perte de repères ». Du fait de sa minorité, il encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle au lieu d’une peine de prison à perpétuité.
« Très appréciée des enfants »
Sa victime, ancienne coiffeuse qui s’était reconvertie en assistante d’éducation, était maman d’un petit garçon de 4 ans. Elle avait entamé des démarches pour devenir AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap).
Elle exerçait dans ce collège de Nogent avec sa cousine. « C’était quelqu’un sans histoire, qui venait accompagner les jeunes, qui était très à l’écoute, très douce », a confié cette dernière au micro de LCI-TF1. « Elle adorait son métier et me disait qu’elle était très bien où elle était. Elle était très appréciée des enfants », a indiqué sa belle-sœur au Figaro.
Ce jeudi midi, une minute de silence a été observée en son hommage dans tous les établissements scolaires. Ses obsèques se tiendront le 17 juin prochain à 9 heures à Sarcey, la commune dans laquelle elle résidait.

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