Ce que nous apprennent les exercices chinois autour de Taïwan

Par Epoch Times avec AFP
11 avril 2023 13:36 Mis à jour: 11 avril 2023 14:48

Pékin a mené trois jours d’exercices militaires autour de Taïwan, simulant des attaques et un blocus de l’île qu’elle considère comme faisant partie de son territoire.

Voici les principaux enseignements de ces manœuvres, baptisées « Épée commune », concernant les capacités militaires de Pékin et les chances de Taipei en cas de vraie invasion. Pékin a déployé un vaste arsenal : missiles anti-navires terrestres ultramodernes, avions de chasse, bombardiers et même un porte-avions.

Pour la seule journée de lundi, le ministère taïwanais de la Défense a détecté 12 navires de guerre et 91 aéronefs chinois autour de l’île, dont 54 ont pénétré dans la zone d’identification de la défense aérienne (ADIZ), le nombre le plus élevé en une seule journée depuis 2021. Les exercices ont été déclenchés après une rencontre entre la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy. Ils rappellent ceux survenus en août 2022 après la visite à Taipei de Nancy Pelosi, prédécesseure de M. McCarthy.

Répétition d’une guerre réelle

Pékin avait alors effectué des tirs à munitions réelles à une douzaine de milles nautiques des côtes taïwanaises. Les exercices de cette semaine n’étaient « pas aussi intenses », relève un analyste en Chine. Mais ils ont révélé une plus grande sophistication stratégique, en soulignent d’autres. Le déploiement du porte-avions Shandong suggère que les exercices étaient moins une démonstration de force symbolique que la répétition d’une guerre réelle, juge l’analyste militaire Leung Kwok-leung, basé à Hong Kong.

« L’intention est très claire : tester la capacité de combat des forces dans un environnement concret », explique-t-il, notant que le Shandong a navigué jusque dans l’océan Pacifique, loin du détroit de Taïwan. Comme en août 2022, les exercices ont essentiellement consisté à simuler un blocus de Taïwan et des frappes visant à détruire les défenses de l’île.

Certains analystes restent sceptiques quant à l’efficacité de telles tactiques. « Ce qui peut être fait dans une simulation peut être reproduit en conditions de combat réelles… ou pas », note Steve Tsang, de l’université SOAS de Londres. « On ne peut pas être certain que (la Chine) puisse dissuader les États-Unis d’intervenir, ni qu’elle puisse imposer un blocus efficace contre Taïwan, ni qu’elle puisse lancer des assauts amphibies et les soutenir pour remporter la victoire ». « Les Taïwanais non plus ne vont pas rester assis à ne rien faire au cours de la prochaine décennie », prédit M. Tsang. Taïwan a lancé ses propres exercices militaires et a insisté sur le fait que l’île résistera à ce qu’elle appelle « l’expansionnisme autoritaire » de la Chine.

Un éventail d’équipements militaires pour tenir Pékin à distance

Ces dernières années, Taipei a joint le carnet de chèques à la parole en achetant aux États-Unis un éventail d’équipements pour dissuader la Chine ou, à défaut, pour lui infliger de lourdes pertes en cas d’invasion. Ces équipements « comprennent de tout, des avions aux pièces détachées, en passant par les missiles, les technologies de missiles, les technologie de sous-marins, les équipements radar et de surveillance et les chars », énumère Ja Ian Chong, professeur de sciences politiques à l’Université nationale de Singapour.

Taïwan possèdera la plus grande flotte de chasseurs F-16 de la région une fois que tous les avions qu’elle a commandés lui auront été livrés par leur fabricant américain. Un contrat de 62 milliards de dollars. Ces moyens « peuvent faire comprendre à (la Chine) que toute escalade est susceptible d’être difficile à contrôler, très risquée et très coûteuse, quelle que soit l’issue finale », estime Ja Ian Chong.

Pour M. Tsang, cela devrait être assez pour tenir Pékin à distance pour le moment. « Si Xi pensait que l’Armée populaire de libération pouvait le faire à un coût acceptable, il aurait déjà envahi Taïwan », juge-t-il. « Il ne l’a pas fait parce que l’APL ne le peut pas ».

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