Ce que Xi Jinping pourrait apprendre de l’empereur chinois Yongzheng à propos de la lutte anti-corruption

31 août 2015 12:57 Mis à jour: 18 octobre 2015 11:01

Le dirigeant du régime chinois Xi Jinping s’est retroussé les manches au cours des deux dernières années dans campagne de lutte contre la corruption. Il a remis au pas des dizaines de milliers de fonctionnaires chinois, avec parmi eux des dizaines de cadres de haut-rang du Parti communiste.

Mais, alors même que le Parti receuille confession sur confession de la part d’anciens fonctionnaires en larmes, les arrestations arbitraires massives et la torture restent des solutions permanentes pour résoudre les problèmes politiques profonds.

La méthode utilisée par l’empereur Yongzheng durant la dynastie des Qing (1644-1911) de 1722 à 1735 était plus complète, en prenant une approche globale de la société pour résoudre le problème et mettre en œuvre des réformes de grande envergure qui ont nettoyé les milieux politiques à tous les niveaux.

Lorsque Yongzheng a pris le pouvoir, l’empereur précédent, Kangxi, lui avait laissé un empire puissant, mais qui souffrait de querelles intestines et de privilèges excessifs, surtout parmi les Mandchous – qui avait conquis la Chine, mis en place la dynastie des Qing, et composé une élite impériale.

Alors que Kangxi avait été un leader intègre mettant en place beaucoup de politiques efficaces au cours de son règne de 60 ans, les nobles n’ont pas respecté ses tentatives de centralisation du pouvoir. Pris par la peur,ils organisèrent une rébellion.

Pour comprendre comment Yongzheng a pu gérer cela et a été en mesure de continuer le travail de Kangxi, il faut regarder son application de principes philosophiques dans sa politique.

Des principes de diligence

En tant que prince, Yongzheng avait beaucoup travaillé, beaucoup lu et était très préoccupé de l’état moral de l’empire. Il s’était profondément intéressé aux traditions philosophiques et religieuses de la Chine, qui ont guidé ensuite ses politiques impériales.

Pour Yongzheng, devenir lui-même un homme de principes et de foi n’était pas seulement une question de préférence personnelle, mais une nécessité politique.

Yongzheng était l’un des 24 fils de Kangxi, et son ascension au trône avait été controversée parmi la noblesse mandchoue. Pendant ce temps, les Chinois Han, qui étaient beaucoup plus nombreux que tous les autres groupes ethniques, y compris les Mandchous, se méfiaient de la nouvelle dynastie. Mais les enseignements de Confucius sur la famille, l’éthique et la gouvernance étaient synonyme de la nation chinoise elle-même. En outre, l’intérêt de Yongzheng dans le bouddhisme était très en phase avec la culture spirituelle chinoise.

Portrait de l'empereur Yongzheng en robe, réalisé par des artistes de la Cour anonymes, pendant la période Yongzheng (1723-1735). (Wikimedia Commons)
Portrait de l’empereur Yongzheng en robe, réalisé par des artistes de la Cour anonymes, pendant la période Yongzheng (1723-1735). (Wikimedia Commons)

En soutenant ces systèmes traditionnels, Yongzheng a été en mesure de combler les différences entre les Mandchous et les Han. Au cours de ses treize années de règne, Yongzheng a écrit de nombreux commentaires soulignant l’importance de l’enseignement de Confucius et de la morale, comme décrit dans le livre « Réorienter les Mandchous » écrit par Pei Huang. Les écrits de Yongzheng ont été condensés dans les « Amplified Instructions on the Sacred Edictt » (Littéralement Instructions amplifiées de l’Édit Sacré) qui est devenu le matériel d’étude requis pour les nobles et les fonctionnaires gouvernementaux de toutes les ethnies.

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Nettoyage des finances chinoises


Les mots de Yongzheng pourraient s’appliquer encore aujourd’hui. Pour nettoyer la bureaucratie et la noblesse chinoise, il a nettoyé leur comptabilité en appliquant des taxes pour mettre fin aux déficits et en veillant à ce que les dettes soient réglées en temps opportun. L’inventaire de l’argent national a grimpé à plus de 60 millions de taëls jusqu’à la fin de son règne.

Yongzheng s’occupa sûrement avec moins de gloire de ses frères, qui étaient mécontents de le voir sur le trône, en confisquant leurs biens et de les envoyant en exil ou en résidence surveillée. Dans le même temps, cependant, Yongzheng a été connu pour avoir puni les fonctionnaires corrompus, ce qui a contribué à améliorer la vie des Chinois.

Améliorer le sort des paysans

L’amélioration des politiques fiscales ont aidé Yongzheng à apporter la prospérité à la société en général. À la campagne, il a changé un système fiscal millénaire qui était basé sur les gens et non la terre. En fondant les nouveaux taux d’imposition sur la valeur des terres, il a assoupli les conditions de vie des agriculteurs pauvres qui possédaient peu ou pas de terre. Dans le même temps, l’empereur a investi des fonds dans la reconstruction des zones rurales pauvres qui avaient été endommagées par des rébellions au cours de la dernière dynastie.

Yongzheng a également aboli une caste sociale de bas rang similaire aux « intouchables » en Inde. Une fois légalement considérés comme des citoyens de seconde classe, ces gens – appelés les «indignes » étaient maintenant élevés au même statut que les autres sujets impériaux. Bien que, en réalité, il a fallu beaucoup plus de temps pour se défaire la discrimination, la législation de Yongzheng a offert aux anciens soi-disant « indignes » une chance à trouver un emploi dans la société, ce qui était impensable auparavant.

La mise en œuvre d’une bureaucratie forte et équitable


La noblesse mandchoue, à laquelle Yongzheng et son père Kangxi appartenaient, jouissait de nombreux privilèges. À l’époque de Yongzheng, la dynastie des Qing avait existé pendant environ huit décennies et  l’aristocratie elle-même était devenue de plus en plus complexe – la lutte pour le trône de Yongzheng avec ses nombreux frères avait démontré la gravité de cette crise.

Le nouvel empereur a alors institué un système solide de bureaucratie, et a assuré que les nobles suivraient les mêmes normes. De cette façon, l’empire pourrait être régi efficacement. En renforçant la bureaucratie, la primauté du droit a été renforcée par les fonctionnaires – pas par les aristocrates – qui gagnaient leurs positions à travers un système d’examen.

Un aspect important des réformes de Yongzheng était que les Mandchous et les Chinois Han devenaient égaux devant la loi. Comme Pei Huang l’expliquait: Yongzheng « a contenu les aristocrates, a bureaucratisé le système de titres, a restreint les privilèges judiciaires des Mandchous, et a ordonné aux administrateurs provinciaux de punir les contrevenants, indépendamment de leur origine ethnique ».

Dans le même temps, l’intégration en cours des Mandchous, y compris la propagation accrue du confucianisme encouragée par Yongzheng, leur a permis de conserver leur place de dirigeants des minorités de l’empire Qing près de deux cents ans après la mort de Yongzheng.

L’éradication de la corruption et la construction d’une véritable stabilité exigent un effort certain de réformes à travers toute la société. Comme on le voit ci-dessus, Yongzheng a pu concrétiser cela. Il a régné entre deux des plus grands empereurs de Chine, Kangxi, qui ont pris le trône en 1662, et Qianlong, qui a régné pendant 64 ans jusqu’à sa mort en 1799. Ces 140 quelques années sont considérées comme l’âge d’or de la dynastie Qing.

Article original : What Xi Jinping Could Learn From a Chinese Emperor About Anti-Corruption

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