Des centaines de policiers chinois infectés par le coronavirus alors que le régime lutte pour contenir l’épidémie

Par Eva Fu
25 février 2020 16:47 Mis à jour: 25 février 2020 16:47

Un document interne du gouvernement obtenu par Epoch Times a révélé qu’au moins 813 policiers et leurs proches au centre de l’épidémie dans la province de Hubei ont été infectés par le nouveau coronavirus, ce qui complique la tâche du régime chinois pour contenir la propagation du virus.

Ces policiers, chargés de contrôler l’opinion publique pour s’assurer qu’elle s’aligne sur le récit du régime, sont en première ligne du dispositif d’intervention des autorités face à l’épidémie.

Le document, daté du 21 février, détaille la manière dont les fonctionnaires de Hubei tentent de faire face à la crise.

Le décompte comprend 371 officiers de police, 61 officiers retraités et 381 membres de familles d’officiers. 277 autres agents sont soupçonnés d’être porteurs du virus. Au moins 4 officiers sont morts.

Bien que limitées, ces données offrent un autre aperçu des perspectives sombres auxquelles les autorités sont confrontées.

Contrôle des témoignages sur la situation

La police chinoise est le fer de lance des efforts du régime chinois pour maintenir le récit officiel de l’épidémie. Le régime chinois utilise couramment l’euphémisme « maintien de la stabilité sociale ».

En date du 21 février, pas moins de 120 000 policiers ont été stationnés dans tous les hôpitaux désignés du pays pour prendre en charge les patients atteints de coronavirus, a déclaré le chef de la police nationale Li Jingsheng lors d’une conférence de presse le 21 février. La police a monté la garde 24 heures sur 24 pour protéger les médecins dans ces établissements, a déclaré Li, expliquant que certains patients atteints de coronavirus et leurs proches peuvent s’en prendre au personnel médical lorsqu’ils se sentent exaspérés.

Le document, cependant, a révélé que les tâches des agents vont bien au-delà de ce que Li a décrit.

Le Hubei à lui seul a mobilisé environ 40 000 policiers au cours de l’épidémie. Les forces de police sont affectées à 244 hôpitaux désignés, 678 cliniques spécialisées dans le traitement de la fièvre et 1 958 sites de quarantaine. Ils ont arrêté 84 personnes pour des infractions pénales liées à l’épidémie, placé 39 personnes sous surveillance à domicile, détenu 1 344 personnes sans procès et infligé différentes formes de sanctions à 2 525 autres.

Une militante pro-démocratie (au centre) de l’Alliance HK tient une pancarte du journaliste citoyen disparu Fang Bin, alors qu’elle proteste devant le bureau de liaison chinois à Hong Kong le 19 février 2020. (Isaac Lawrence/AFP via Getty Images)

Pistolets et stylos

Wuhan, la capitale du Hubei, a recruté des forces de police dans d’autres villes, selon des vidéos et des reportages des médias chinois. Qin Han, un commentateur des affaires politiques basé à New York, a déclaré que cette décision indique soit que les forces de police de Wuhan ont été sévèrement réduites à cause des infections, soit qu’il y a un besoin croissant de maintenir le pouvoir et la stabilité.

La province a également engagé plus de 1 600 censeurs pour effacer les informations « sensibles » sur le virus sur Internet.

Le document interne du 21 février a révélé que les censeurs ont supprimé 3 248 messages « sensibles » ou « nuisibles » et publié 199 000 messages « positifs » sur les autorités. Entre-temps, la police a identifié 610 cas de « rumeurs » et a réprimandé 601 personnes impliquées.

Le document souligne l’importance de renforcer la présence de la sécurité autour des bureaux du gouvernement et des centres de traitement des virus, de renforcer la censure sur Internet pour éliminer les rumeurs et de trouver des solutions pour les éventuels incidents « liés à la stabilité ».

« La police porte des armes, et les armes et les stylos se complètent », a déclaré Qin à Epoch Times. « Quand les mensonges ne fonctionnent pas, [la police] recourt à la violence. Quand quelqu’un essaie de parler de vérités qui dépassent les limites permises par les autorités, il est mis à terre. »

Li Wenliang, un médecin de Wuhan qui a tenté d’avertir ses pairs médecins des dangers du virus fin décembre, a été retrouvé par la police. Ils l’ont accusé d’avoir fait de fausses déclarations et l’ont forcé à avouer le délit de « propagande de rumeurs ». Il est ensuite mort de la maladie après l’avoir contractée auprès d’un patient qu’il traitait.

Deux journalistes citoyens, Chen Qiushi et Fang Bin, ont également disparu après avoir diffusé des vidéos documentant l’épidémie à Wuhan. Après que Fang Bin a filmé une camionnette dans un hôpital local avec huit cadavres à l’intérieur, la police est entrée par effraction dans son appartement et l’a emmené. On n’a plus eu de nouvelles de lui depuis.

Qin Han a déclaré que de telles arrestations sont courantes. « Le Parti communiste chinois n’a pas l’habitude de s’excuser [pour ses faux pas] […] si quelqu’un proteste et élève une voix différente, sa première réaction est de l’arrêter. »

Il a toutefois fait remarquer que de telles mesures forcées pourraient avoir des répercussions négatives. « Avec l’apparition de nouveaux problèmes, le ressentiment à leur égard [le Parti] ne peut que se renforcer », a-t-il déclaré.

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