La censure chinoise passe à la vitesse supérieure alors que les internautes soulèvent des questions sur la mort d’un médecin dénonciateur du coronavirus

Par Nicole Hao
8 février 2020 19:42 Mis à jour: 9 février 2020 09:47

Les internautes chinois pleurent la mort de Li Wenliang, le médecin dénonciateur qui a été le premier à publier des informations sur l’épidémie de coronavirus en décembre 2019.

Tôt le matin du 7 février, Li est décédé après avoir contracté le virus d’un patient qu’il avait traité. Peu de temps après, les médias sociaux ont été le théâtre d’une vague de chagrin et de colère. Les censeurs chinois ont rapidement commencé à supprimer ces messages.

Li et plusieurs médecins de Wuhan, l’épicentre de la nouvelle épidémie de coronavirus, avaient alerté le public sur la maladie avant que les autorités ne la confirment. Mais il a reçu la visite de la police locale et a été réprimandé pour « propagande de rumeurs ».

Après les protestations du public, les autorités chinoises ont présenté Li comme un héros qui a mis en garde les gens contre le virus.

Le deuil

« Wuhan aujourd’hui est notre ville demain » et « Je veux la liberté d’expression » sont actuellement parmi les mots-clés les plus en vogue sur les médias sociaux chinois.

Les internautes sont furieux que les autorités aient puni Li pour avoir dit la vérité.

Comparant sa bravoure à celle de personnages de l’histoire chinoise qui ont risqué leur vie pour défendre les libertés, certains ont même partagé des photos de manifestants lors du mouvement de la place Tiananmen en 1989 – un sujet tabou qui est interdit de discussion publique.

Peu de temps après, ces messages ont été retirés par la censure chinoise. Seuls les messages des médias publics sur sa mort étaient disponibles. Sur la plateforme chinoise Weibo, semblable à Twitter, l’internaute Lin Sensen s’est plaint qu’il avait tenté huit fois de publier un billet en référence aux questions qu’il avait sur la mort du Dr Li, puis il a déclaré : « Je suis fatigué. »

Les autorités de Wuhan ont également arrêté des journalistes citoyens qui partageaient des informations sur la situation à Wuhan sur les médias sociaux.

Chen Qiushi est originaire de Pékin. Il est arrivé à Wuhan le 24 janvier, peu après la fermeture de la ville. Tôt le matin du 7 février, la mère de Chen a déclaré qu’elle ne pouvait pas le joindre et a demandé l’aide d’internautes pour le retrouver. Dans l’après-midi, la famille de Chen a reçu un avis de la part des autorités indiquant que Chen était détenu.

L’internaute Fang Bin a également partagé des vidéos qu’il avait enregistrées dans les hôpitaux de Wuhan depuis fin janvier. Le 7 février après-midi, Fang a déclaré dans une nouvelle vidéo que des policiers en civil avaient encerclé la zone résidentielle où il vit et qu’il craignait qu’ils puissent entrer par effraction à tout moment.

La mort du Dr Li

Les médias publics ont rapporté pour la première fois la mort du Dr Li jeudi à 21 h 30. Mais quelques heures plus tard, ils ont rapporté qu’il était toujours en vie et en cours de réanimation. Peu avant 4 heures du matin, les médias publics ont ensuite annoncé que Li Wenliang était décédé à 2 h 58 du matin le 7 février.

Li Wenliang, un ophtalmologue, a étudié à Wuhan. Certains de ses anciens camarades de classe à l’université sont ses collègues. Le 7 février, les camarades de classe de Li Wenliang ont révélé qu’il était en fait décédé vers 20 h 30 jeudi, et ont affirmé que l’hôpital ne lui avait pas donné de traitement approprié.

Bien que les messages aient été rapidement supprimés, les internautes les ont pris en photo et les ont partagés sur les plateformes internationales de médias sociaux.

Les médias d’État ont rapporté que les médecins de l’hôpital ont essayé de le réanimer, en utilisant un ventilateur médical pour fournir l’oxygène. Ils ont ensuite procédé à une opération d’oxygénation extracorporelle par membrane (ecmo) et à environ trois heures de réanimation cardio-pulmonaire (CPR).

Le 7 février, la mère de Li Wenliang a révélé plus d’informations sur la mort de son fils dans une vidéo publiée. « Son état était stable il y a environ 20 jours. Il pouvait manger et marcher. Mais au cours des deux derniers jours, son état s’est rapidement détérioré. »

Comme la maladie est contagieuse, les deux parents de Li Wenliang n’ont pas pu le voir en personne. Ils étaient auparavant infectés par le virus mais s’en étaient remis et étaient rentrés chez eux.

« Après avoir envoyé son corps dans un funérarium, les autorités nous ont emmenés à l’hôpital pour récupérer ses affaires. »

La mère a déclaré que la femme de Li Wenliang, Fu Xuejie, est retournée dans son village natal, qui fait partie de la ville de Zaoyang de la municipalité de Xiangyang dans la province du Hubei, accompagnée de leur fils de cinq ans, après que le médecin est tombé malade le 10 janvier.

Fu est également enceinte de leur deuxième enfant, attendu en juin, a déclaré la mère.

Une résidente apporte un bouquet de fleurs pour rendre hommage au Dr Li Wenliang à l’hôpital où il travaillait à Wuhan, en Chine, le 7 février 2020. (Getty Images)

L’épouse du Dr Li

La femme de Li Wenliang, Fu Xuejie, a également posté une lettre publique sur les médias sociaux.

« Mon jeune frère a été diagnostiqué [avec le coronavirus] le 27 janvier. Mes deux parents ont commencé à avoir de la fièvre le 1er février, et sont en quarantaine à la maison », a déclaré Fu Xuejie. « Après avoir appris le décès de mon mari, mon corps ne peut plus supporter la pression. J’ai commencé à avoir de la fièvre aujourd’hui. Je m’inquiète pour notre bébé dans mon ventre. »

Selon Mme Fu, tous les adultes doivent être mis en quarantaine s’ils sont suspectés d’avoir contracté le virus. Elle craint que personne ne puisse s’occuper de son enfant de 5 ans si elle était mise en quarantaine.

Fu Xuejie a demandé de l’aide pour son fils, car il serait difficile de le réinstaller à Wuhan, où vivent ses grands-parents. La province entière est actuellement sous le coup d’une interdiction de transport.

Le nouveau coronavirus 2019 (2019-nCov) a fait son apparition à Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine centrale, début décembre 2019. Des dizaines de milliers de personnes ont été infectées en Chine, tandis que de nombreux autres pays signalent également des cas.

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