«C’était clairement un attentat»: le témoignage glaçant des amis de Thomas sur cette fin de bal sanguinaire, à Crépol

Par Emmanuelle Bourdy
24 novembre 2023 12:33 Mis à jour: 24 novembre 2023 12:34

Dans le drame qui a touché le petit village de Crépol (Drôme) dans la nuit de samedi à dimanche dernier, lors d’une fête communale, Thomas a trouvé la mort. Les amis du jeune lycéen de 16 ans sans histoire reviennent sur cette attaque sanglante en se confiant dans un podcast diffusé par Le Dauphiné libéré ce 22 novembre.

Dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre, l’attaque de Crépol est survenue alors que le bal touchait à sa fin. Juste avant que Thomas ne soit mortellement poignardé, il « était dehors en train de fumer », raconte une adolescente à nos confrères, précisant qu’il n’était pas du genre à danser.

« Il n’y a pas eu de règlement de compte, personne ne les connaissaient »

Un peu plus tôt dans la soirée, deux jeunes du quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, avaient tenté de s’incruster à ce bal selon des témoignages. Il en aurait résulté une altercation entre un joueur du club de rugby et ces intrus. Des agents de sécurité seraient alors intervenus pour les expulser, raison pour laquelle ils seraient revenus en renfort un peu plus tard, « un peu avant la fin », souligne celui qui se définit comme le « meilleur pote » de Thomas, dans le but de se venger.

Un adolescent témoin de la scène explique qu’ils étaient venus « entre copains pour s’amuser à un bal, rigoler, chanter, boire au bar » et étaient loin de se douter que « ça tournerait comme ça ». « Ils ont encerclé la salle des fêtes, ils nous attendaient », poursuit-il.

Selon un autre témoin de cette soirée tragique, les assaillants criaient : « On est là pour tuer les Blancs, on est là pour planter les Blancs ! » Il précise être sorti dehors pour voir ce qu’il se passait, et c’est à ce moment qu’il a vu son ami Thomas « se faire tuer devant [lui], se prendre des coups de couteau ». « Il n’y a pas eu de règlement de compte, personne ne les connaissaient », précise une adolescente.

« Il y avait du sang partout dans la salle. Ça giclait »

Un jeune explique au micro du quotidien local avoir reçu un coup de couteau au niveau de la poche de son pantalon, ayant réussi à l’esquiver. Puis il s’est fait taper dans le dos et a pris peur, alors il est rentré. « J’ai vu un autre pote se faire planter dans le dos. J’ai mis mes mains dessus pour faire garrot. J’avais du sang partout dans les mains. C’était l’horreur », indique encore ce témoin. Pour lui aucun doute : « C’était clairement un attentat. »

Une jeune femme se souvient avoir vu son ami « entrer dans la salle après avoir pris un coup de couteau dans le dos ». « Son t-shirt était blanc de base, et là il était rouge de sang. Il y avait du sang partout dans la salle. Ça giclait. Ses mains étaient pleines de sang. Même nous, on était plein de sang », se remémore-t-elle.

Un autre renchérit : « En sortant de la salle, sur la gauche, j’ai vu Thomas se battre avec un mec. Un gars m’a frappé avec une pierre derrière l’épaule. J’ai reculé. Je me suis retourné et j’en ai vu un autre arriver sur Thomas. Et il l’a planté. Je l’ai vu partir… »

« On a essayé de les faire partir. L’un d’eux nous a balancé une pierre dessus, je l’ai esquivé et elle est arrivée sur le crâne de quelqu’un derrière moi, ça l’a séché, il est tombé devant moi. Ils ont commencé à nous insulter, l’un des gars a baissé son pantalon et nous a dit : ‘Je vous pisse dessus’ », poursuit ce témoin.

« Nous, on veut faire entendre que c’est un attentat. Ils ont tué notre ami »

Dans la salle des fêtes, qui avait été fermée à clé par les vigiles, c’était également le « chaos » selon les témoins. Ils racontent que des groupes d’amis s’étaient mis à se bagarrer entre eux car « certains voulaient sortir se battre et d’autre non ». « Des gens aux t-shirts pleins de sang entraient, demandaient de l’aide, nous disaient que des gens dehors étaient à moitié morts », assure une femme.

Lors de bals de la région, où Thomas s’était rendu accompagné de ses amis durant l’été, « il y avait des bagarres, mais là, ce n’était pas une bagarre », c’était bel et bien « un attentat », assure un témoin. Un autre poursuit : « Nous, on veut faire entendre que c’est un attentat. Ils ont tué notre ami. »

« On ne sent pas en sécurité, on n’ose même plus sortir »

Depuis ce jour, ces jeunes se disent « traumatisés » et « sous le choc ». N’arrivant pas à accepter le décès de Thomas, ils se sentent dans le « déni ». « On sait ce qui est arrivé, les images tournent en boucle dans nos têtes, on ne peut pas oublier », déclare l’un d’eux. « On ne sent pas en sécurité, on n’ose même plus sortir », lance un autre.

Une jeune femme confie combien Thomas était « un pilier », « un garçon sans histoire, un enfant du village que tout le monde connaissait, qui ne ratait aucune soirée, qui n’a jamais fait de problème, n’avait aucun ennemi ».

Ces violences ont fait huit blessés dont deux jeunes de 28 et 23 ans hospitalisés dans un état d’urgence absolue. Leur pronostic vital n’est cependant plus engagé à ce jour, selon une source proche du dossier. Le jeune Thomas, lui, est décédé lors de son transport vers l’hôpital de Lyon, ce 19 novembre au petit matin. Pas moins de 6000 personnes ont défilé en silence ce mercredi à Romans-sud-Isère, derrière de grandes banderoles, en sa mémoire. Ses obsèques se tiennet à Saint-Donat-sur-l’Herbasse ce vendredi.

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