La Chine cherche à créer un empire alors que les démocraties serrent les rangs

Par Anders Corr
9 août 2023 20:26 Mis à jour: 9 août 2023 22:02

Il semble que les pays occidentaux commencent enfin à se rendre compte que la Chine cherche à créer un nouvel empire dirigé depuis Pékin par le Parti communiste chinois (PCC). Par exemple, le 21 juillet, les exercices militaires biennaux entre les États-Unis et l’Australie, appelés Talisman Sabre, ont été élargis pour inclure des forces japonaises et allemandes.

« Le message le plus important que la Chine peut tirer de ces exercices et de tout ce que nos alliés et partenaires font ensemble, c’est que nous sommes extrêmement liés par les valeurs fondamentales qui existent entre nos nombreuses nations », a déclaré à Sydney (Australie) Carlos Del Toro, le secrétaire à la Marine des États-Unis.

Même Emmanuel Macron, l’un des dirigeants européens les plus conciliants à l’égard de la Chine, a parlé le 27 juillet au Vanuatu, dans le Pacifique « de nouveaux impérialismes qui apparaissent et une logique de puissance qui vient menacer la souveraineté ».

Bien que M. Macron n’ait pas cité nommément la Chine, il faisait clairement référence à la puissance et à l’influence croissantes de Pékin, comme en témoigne sa critique des « navires étrangers qui pêchent de manière illégale » et « de nombreux prêts aux conditions léonines » qui « étranglent littéralement » les pays les plus fragiles. Il ne pouvait parler que de la pêche illégale et non enregistrée menée par la Chine, ainsi que des prêts accordés dans le cadre du programme titanesque chinois « Initiative Ceinture et Route », souvent critiqué pour avoir créé des pièges de la dette insolvable pour ses participants.

Les régimes autoritaires modernes de Pékin et de Moscou cherchent aujourd’hui à exploiter l’environnement international libéral relativement nouveau – un environnement qui inclut des États démocratiques « désagrégés » après la dislocation des empires européens.

Par exemple, la « désagrégation » du Vanuatu en 1980, qui était auparavant un territoire gouverné par la France et la Grande-Bretagne, lui a donné l’indépendance en tant qu’État, mais cette indépendance l’a également rendu plus vulnérable face à une Chine communiste en pleine expansion.

Les îles Salomon sont une autre nation insulaire du Pacifique, un protectorat britannique qui est devenu indépendant en 1978. Mais cette indépendance a permis à Pékin de corrompre son dirigeant actuel qui a signé des accords de sécurité et de maintien de l’ordre avec la Chine, dont le plus récent date du 10 juillet dernier.

Manasseh Sogavare, le Premier ministre des îles Salomon (dr.), et Li Qiang, le Premier ministre chinois, inspectent la garde d’honneur lors d’une cérémonie de bienvenue au Grand palais du Peuple à Pékin, le 10 juillet 2023. (Andy Wong/P00l/AFP via Getty Images)

Pékin et Moscou considèrent les libertés individuelles et le libre-échange comme des faiblesses à exploiter et non comme des objectifs à atteindre. Ils encouragent ces « idéologies faibles » chez leurs adversaires tout en veillant à ce qu’elles « n’infectent » pas leurs propres populations séquestrées derrière des murs de contrôle – des murs qui préservent le règne de leur régime autoritaire en empêchant la libre circulation des idées, la formation d’une société civile diversifiée et l’association bénévole des gens.

Cependant, Vladimir Poutine doit être bien surpris de voir comment un groupe de démocraties auparavant relativement désagrégé peut faire revivre des institutions telles que l’OTAN – et ce, pour faire face à une nouvelle menace et en poursuivant un objectif commun tel que l’expulsion de l’Ukraine des forces d’occupation russes.

L’Occident a fait preuve de détermination dans son soutien à l’Ukraine, tant sur le plan économique que par la fourniture modérée de matériel militaire aux troupes ukrainiennes au front. Mais l’Occident n’est pas allé assez loin pour empêcher Poutine d’être encouragé par la peur manifestée par les États occidentaux de le « provoquer » dans une escalade militaire qui pourrait devenir nucléaire. Poutine est parfaitement conscient de cette peur et en joue, par exemple, en faisant voler des bombardiers à capacité nucléaire autour de l’Europe et en déplaçant quelques armes nucléaires en Biélorussie, à la frontière de l’Europe.

La volonté de Poutine de s’engager dans un bras de fer nucléaire avec l’Occident a contribué à notre indécision et, en fin de compte, à notre inaction en ce qui concerne la fourniture en temps voulu aux combattants ukrainiens d’armes plus puissantes, telles que des avions de chasse modernes.

Cette « unité pour des actions à mi-chemin » cherche à équilibrer la menace d’escalade avec la menace de ne pas en faire assez et de permettre à Poutine de gagner. Ce qui est clair, c’est que les stratégies occidentales antérieures, y compris d’exclusion totale de l’Ukraine à l’OTAN en la laissant en tant qu’un « État tampon » n’ont pas permis de maintenir la paix.

En tenant compte du risque de guerre nucléaire, il se peut que nous soyons allés trop loin après la Seconde Guerre mondiale en désagrégeant la puissance occidentale et démocratique à l’échelle mondiale et en laissant de côté les démocraties comme l’Ukraine et Taïwan qui sont à la première ligne de bataille avec l’autoritarisme.

Toutefois, aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle agrégation des démocraties dans de nouvelles formes politiques d’alliances plus fortes, davantage axées sur les menaces de Moscou et de Pékin.

Alors que la guerre froide avec l’Union soviétique se déroulait essentiellement sur un seul front, le nouveau pouvoir acquis par le dirigeant chinois Xi Jinping et sa plus grande volonté de prendre des risques, ainsi que celle de Poutine, ont transformé la « deuxième guerre froide » actuelle en un combat sur deux fronts.

Avec la Corée du Nord et les BRICS – composés non seulement de la Chine et de la Russie, mais aussi du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud – ainsi qu’avec l’Organisation de coopération de Shanghai, à laquelle s’ajoutent le Pakistan et l’Iran en tant qu’États observateurs, Moscou et Pékin cherchent à transformer le combat sur deux fronts en un ensemble de conflits si lointains et si complexes que la longue période de paix relative maintenue depuis le milieu du 20e siècle appartiendrait au passé.

Elle serait probablement remplacée par une période de guerre mondiale menée par Pékin qui essaierait d’éviter de recourir à une violence directe. Dans la désagrégation des systèmes internationaux dirigés par les États-Unis en tant que première puissance occidentale, l’État-parti chinois pourrait intervenir en s’appuyant sur ses formes centralisées de pouvoir afin de réorganiser le monde à son image totalitaire.

Xi Jinping joue donc une partie plus longue que Poutine. En encourageant Moscou à se battre imprudemment à l’Ouest tout en avançant plus prudemment et plus lentement à l’Est, Xi Jinping désintègre en même temps la puissance occidentale et russe, ce qui pourrait créer un vide mondial dans lequel Xi Jinping et le PCC pourraient s’engouffrer en vainqueurs.

Pour éviter ce désastre, l’Occident doit serrer davantage les rangs, parler d’une seule voix et encourager les démocraties du monde entier et les autres États attachés à leur souveraineté à conclure des alliances plus solides et à prendre des mesures plus strictes pour contenir l’agression à la fois de la Russie et de la Chine.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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