Chronique d’une orthographe revisitée : nénufar, ognon…

8 février 2016 10:29 Mis à jour: 8 février 2016 10:40

« Je suis circonflexe ». Depuis le 4 février, Twitter et les réseaux sociaux connaissent un déferlement de commentaires, opposés ou pas, à la réforme de l’orthographe de la langue française qui devrait être appliquée dans les établissements scolaires dès la rentrée prochaine. Bonne idée ou nivellement pas le bas, les avis sont partagés.

Les origines de la réforme

C’est un article écrit sur TF1.fr qui semble avoir mis le feu aux poudres le mercredi 3 février. Il ne se bornait pourtant qu’à reprendre et expliciter un paragraphe des nouveaux programmes de l’école élémentaire, parus au Bulletin officiel du 26 novembre 2015. Celui-ci stipulait que « l’enseignement de l’orthographe a pour référence les rectifications orthographiques publiées par le Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990 », remettant au goût du jour une réforme qui avait été actée depuis 26 ans.

En 1990, Michel Rocard, Premier ministre, crée le Conseil Supérieur de la Langue Française (CSLF). Y figurent des membres de l’Académie française, le ministre de l’Éducation nationale, mais aussi des linguistes, grammairiens, français, québécois, suisses, belges, qui s’accorderont pour proposer « par souci d’utilité », des modifications à l’orthographe française. Validées par l’Académie française, ces propositions seront alors publiées au Journal officiel. Mais face au tollé général qu’elles entraîneront en France, cette réforme ne sera pas appliquée et sera quasiment enterrée.

Il était hors de question de toucher à l’esthétique de l’orthographe. Bernard Pivot

À la rentrée 2016, ces modifications seront cependant apportées dans les nouveaux manuels scolaires de l’élémentaire, lesquels devront apposer un macaron « Nouvelle orthographe ». Le secondaire semble encore y échapper sous le prétexte officiel de ne pouvoir modifier les extraits de textes littéraires présents dans ces manuels.

L’orthographe rectifiée

Dans les faits, ces modifications ne concernent que 2 400 mots sur les quelque 60 000 répertoriés dans les dictionnaires. Ce sont avant tout les noms composés qui sont mis sur la sellette : les traits d’union seront supprimés entre des mots qui ne formeront plus qu’un. Exit pique-nique et bonjour piquenique, idem pour portemonnaie et tous les mots formés de préfixes prépositionnels (contrecourant, entretemps…) et de préfixes latins (extraconjugal, ultrapériphérique, infrarouge…). Certains mots courants seront aussi simplifiés tels que « nénufar » ou « ognon » pour faciliter leur apprentissage phonétique par les enfants.

Autre point d’achoppement, l’accent circonflexe qui disparaît (« disparait » dira-t-on) du i et du u, et conservé encore pour a, o et e. Exit maîtresse et bonjour maitresse. De même, le coût ne sera plus chapeauté. Subsisteront les mots dont le sens peut porter à confusion, tels que mûr ou mur, jeûne ou jeune.

Pour Bernard Pivot, membre du CSLF, le but était de proposer « des retouches et des aménagements correspondant à l’évolution de l’usage. Mais il était hors de question de toucher à l’esthétique de l’orthographe ».

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