La colère est liée à la maladie chez les personnes âgées

L'apprentissage de la régulation émotionnelle peut réduire l'inflammation et les problèmes de santé

24 mai 2019 19:40 Mis à jour: 24 mai 2019 19:40

Les émotions négatives ne sont pas nécessairement mauvaises lorsqu’elles peuvent orienter notre comportement de façon utile. Si vous êtes coincé dans la circulation et en retard, la colère face à cette situation peut vous motiver à trouver un autre itinéraire, ce qui vous soulagera de votre stress (même si vous n’avez pas nécessairement besoin de vous énerver pour être motivé à trouver un itinéraire plus rapide).

Mais lorsque la colère persiste dans une situation qui ne peut être changée, elle est moins qu’utile et peut même être nocive.

Les émotions ont des effets physiologiques, comme l’élévation du taux de cortisol dans votre circulation sanguine, qui peuvent affecter votre santé. Une nouvelle étude, publiée dans la revue scientifique américaine mensuelle Psychology and Aging, montre que des niveaux élevés de colère sont associés à une mauvaise santé chez les personnes âgées.

L’étude canadienne a recruté 226 adultes âgés de 59 à 93 ans. Ils ont prélevé des échantillons de sang pour évaluer les niveaux d’inflammation chronique de faible intensité et ont demandé aux participants de signaler toute maladie chronique liée à l’âge qu’ils pourraient avoir, comme les maladies cardiovasculaires, l’arthrite et le diabète. Les participants ont également rempli un court questionnaire sur les niveaux de colère ou de tristesse qu’ils ont éprouvées au cours de trois journées types sur une période d’une semaine.

Pour l’analyse, les chercheurs se sont demandé si l’âge pouvait influer sur les résultats. Ils ont constaté que des niveaux plus élevés de colère étaient associés à l’inflammation et à la mauvaise santé chez les participants les plus âgés (80 ans et plus), mais pas chez les participants les plus jeunes (59-79 ans). La tristesse n’était pas associée à l’inflammation ou à une mauvaise santé dans chacun des deux groupes d’âge.

L’étude est transversale, ce qui signifie qu’elle a évalué un groupe de personnes à un moment donné. Pour mieux comprendre la relation entre les émotions négatives et la santé, nous avons besoin d’études qui suivent les participants pendant une période de temps, appelées études observationnelles prospectives. Les études futures devraient également tenir compte d’autres facteurs qui pourraient être en cause, comme d’autres émotions (positives et négatives), la dépression clinique, le stress et la personnalité.

Bien que cette nouvelle recherche montre un lien entre l’émotion et la santé à un âge plus avancé, nous ne savons pas si la colère cause l’inflammation et la maladie ou si les problèmes de santé rendent les gens plus en colère.

L’effet des émotions sur la santé au cours des différentes étapes de la vie d’une personne

Les émotions négatives peuvent parfois aider les gens à surmonter les défis de la vie, mais cette dernière recherche suggère que les émotions négatives spécifiques fonctionnent différemment, en particulier à différents stades de la vie, et devraient être évaluées séparément.

L’âge avancé est une période associée au déclin, à la perte et à la réduction des possibilités. Si un défi est difficile ou impossible à surmonter, la colère peut ne plus être utile et peut entraîner des problèmes de santé. En revanche, la tristesse peut permettre de mieux s’adapter psychologiquement à un âge plus avancé, aidant les gens à accepter la perte et à s’y adapter.

Ces résultats peuvent brosser un tableau négatif de l’expérience émotionnelle et de ses effets à un âge plus avancé. Pourtant, une longue série de recherches a montré que les personnes âgées sont plus heureuses. Lorsqu’on suit des personnes sur une période de 10 ans, les expériences émotionnelles positives augmentent avec l’âge, culminent à 64 ans, et ne reviennent jamais aux niveaux observés chez le jeune adulte moyen.

Peut-être que ces résultats valident l’idée qu’avec l’âge viennent à la fois la force et la vulnérabilité. La conclusion selon laquelle les personnes âgées sont plus heureuses peut s’expliquer par les forces de la régulation émotionnelle liées à l’âge. En vieillissant, nous sommes plus à même d’éviter ou de réduire l’exposition à des situations négatives et au stress. Nous pouvons aussi mieux réguler notre réaction émotionnelle aux événements extérieurs. Mais toute négativité ne peut être évitée. Dans le cas de niveaux élevés d’émotions négatives soutenues, les personnes âgées peuvent être plus vulnérables, mettant plus de temps à surmonter la réaction physiologique.

Lâcher prise face aux émotions négatives et aux stéréotypes

Les émotions négatives et la santé chez les personnes âgées sont un domaine de recherche relativement nouveau, mais de nombreuses recherches ont porté sur les relations entre les attitudes envers le vieillissement et les résultats pour la santé. On peut prédire qu’une personne qui entretient des stéréotypes négatifs liés à l’âge plus tôt dans la vie aura des problèmes cardiovasculaires plus tard dans la vie et présentera des processus de vieillissement du cerveau associés à la maladie d’Alzheimer.

Par exemple, le fait de croire que la dégénérescence est inévitable peut réduire les chances qu’une personne fasse ce qui est bon pour sa santé, comme faire de l’exercice ou prendre ses médicaments prescrits. Lâcher prise sur la colère et d’autres émotions et attitudes négatives tout au long de la vie peut donc être bénéfique pour la santé plus tard dans la vie.

Il est important que les personnes âgées aient la possibilité de participer à des communautés intergénérationnelles mutuellement bénéfiques. Par exemple, aux États-Unis, un programme fait venir des personnes âgées dans les écoles locales pour aider les jeunes enfants à apprendre à lire. Les communautés intergénérationnelles offrent un meilleur soutien social et une meilleure compréhension du vieillissement pour tous et offrent aux personnes âgées la possibilité de demeurer actives le plus longtemps possible.

Louise Brown Nicholls est maître de conférences à l’Université de Strathclyde au Royaume-Uni. Cet article a été publié pour la première fois dans The Conversation.

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