Comprendre le Tibet pour comprendre la Chine, déclare le président tibétain en exil

Par Venus Upadhayaya
4 novembre 2020 18:02 Mis à jour: 4 novembre 2020 18:02

NEW DELHI – Le monde doit comprendre la question du Tibet pour être en mesure de comprendre ce qui se passe dans la Chine contemporaine, déclare le président de l’Administration centrale tibétaine (ACT), également appelée le gouvernement tibétain en exil.

« Si vous ne connaissez pas le Tibet, vous ne comprendrez pas pleinement la Chine », a déclaré le Dr Lobsang Sangay au journal Epoch Times dans une interview exclusive réalisée par courrier électronique depuis son domicile situé à Dharamshala, en Inde, le siège de l’ACT. « Étudiez le Tibet pour comprendre pleinement ce dont le Parti communiste chinois est réellement capable. »

Le 15 octobre, Lobsang Sangay a assisté à une réunion officielle tenue au département d’État américain sur une initiative unique en son genre depuis soixante ans, immédiatement après la nomination de Robert A. Destro comme coordinateur spécial sur les questions tibétaines. Il a déclaré que lui et M. Destro ont examiné la situation critique dans laquelle se trouve le Tibet, ainsi que le récent rapport consacré aux camps de travail de masse existant au Tibet.

« Nous avons également discuté sur l’importance de renouveler le dialogue entre les représentants de Sa Sainteté [le Dalaï Lama] et le gouvernement chinois. J’ai exhorté le gouvernement américain et le coordinateur spécial M. Destro, à faire pression sur la Chine à ce sujet. Nous avons également discuté de l’adoption rapide de la loi de 2019 sur la politique et le soutien du Tibet au Sénat », a-t-il déclaré alors qu’il était en quarantaine à Dharamshala, qui se trouve à 480 km au nord de New Delhi, la capitale indienne.

Lobsang Sangay a expliqué qu’il n’était pas surpris que le Parti communiste chinois (PCC) qualifie la rencontre entre lui et M. Destro de « manœuvre visant à déstabiliser le Tibet ».

« La Chine devrait réaliser que le Tibet a été et est déstabilisé par sa politique répressive. La Chine devrait être en mesure de voir qu’un dialogue significatif avec les représentants de Sa Sainteté, fondé sur l’approche de la Voie du milieu[ou approche de la Voie médiane], est la seule façon de résoudre la question du Tibet », a-t-il déclaré.

« Au cours des six dernières décennies, la Chine n’a pas réussi à instaurer la stabilité et l’unité qu’elle souhaitait obtenir au moyen de sa politique répressive. Elle n’y est pas parvenue au cours des 60 dernières années et elle n’y parviendra pas à l’avenir si la question du Tibet n’est pas résolue de manière pacifique », a-t-il déclaré, ajoutant que la question tibétaine et l’approche de la Voie du milieu ont reçu un soutien bipartite au sein du Congrès américain et de l’administration Trump.

« Dernièrement, la puissance économique croissante de la Chine a forcé de nombreux pays et dirigeants à faire passer les intérêts économiques avant les droits de l’homme et la justice. Cependant, les anciens présidents américains depuis George Bush père ont accueilli Sa Sainteté le Dalaï Lama et ont donné la priorité aux questions des droits de l’homme, y compris la situation critique au Tibet », a déclaré M. Sangay.

Il a déclaré que l’ACT offrira des « efforts de consolidation de la paix » à celui qui remportera les élections américaines et cherchera également à aider à résoudre pacifiquement la question du Tibet par un dialogue basé sur l’approche de la Voie du milieu.

Le président de l’administration centrale tibétaine Lobsang Sangay (à gauche) avec Robert A. Destro (à droite), le coordinateur spécial des États-Unis pour les questions tibétaines, au département d’État de Washington le 15 octobre 2020. (Avec l’aimable autorisation du bureau du président de l’ACT)

« Soit nous transformons la Chine, soit la Chine nous transforme »

Lobsang Sangay affirme que la Chine a changé économiquement sans « politique de liberté », et il espère qu’après la pandémie du virus du PCC, toutes les nations démocratiques se réuniront pour affronter le régime de Pékin.

« Les nations qui partagent les mêmes valeurs de justice, de liberté, d’égalité et surtout de démocratie doivent s’unir pour faire face à la menace chinoise », a déclaré M. Sangay dans un courriel.

« Soit nous transformons la Chine, soit la Chine nous transforme », a-t-il déclaré récemment lors du symposium Vaclav Havel sur les droits de l’homme en Chine.

« Ce ne sera pas facile, et le monde ne peut pas attendre dans l’espoir que la Chine se transforme », a déclaré M. Sangay au journal Epoch Times. « Aujourd’hui, plus que jamais, le monde a appris à ses dépens que la Chine est une menace pour les droits de l’homme et la démocratie dans le monde, entre autres choses. »

Lobsang Sangay, qui a étudié le droit international et la démocratie à l’université de Harvard, a déclaré que la Chine exportait « ses tactiques de puissance douce et sa diplomatie de puissance dure » vers d’autres pays démocratiques pour ses propres objectifs politiques.

« La Chine dans le monde post-Covid ne va pas être très différente de la Chine en ces temps de Covid », a-t-il déclaré.

« Rien que ce mois-ci, la Chine a obtenu un siège au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, bien qu’elle soit l’un des pires violateurs des droits de l’homme au monde. Même à un moment où le monde est aux prises avec la pandémie, la Chine redéfinit sans relâche les normes internationales en matière de droits de l’homme et entrave tous les efforts qui permettraient de tenir la Chine responsable de ses crimes en matière de droits de l’homme, chez elle et ailleurs ».

Lobsang Sangay affirme qu’après la pandémie, il espère que le monde aura appris la leçon, à savoir que le monde démocratique doit protéger les systèmes transparents contre les régimes autoritaires comme la Chine, en recourant à la liberté d’expression et à la liberté des médias.

Frontière sino-indienne sous tension

Selon M. Sangay, les agressions perpétrées par la Chine à la frontière himalayenne avec l’Inde ont provoqué des tensions dans toute la région.

« Les manœuvres agressives de la Chine se font sentir et se voient partout dans le monde. Le type d’agression que nous avons vu cette fois-ci à la frontière est très inquiétant », a-t-il déclaré. « Je l’ai déjà dit et je le répète, ce n’est pas la première agression militaire et ce ne sera pas la dernière. »

Lobsang Sangay a affirmé que l’Inde est restée cordiale envers la Chine malgré ses agressions et ses intrusions à la frontière depuis une décennie, la Chine ne lui a jamais rendu la pareille.

Il a déclaré qu’après l’événement sanglant et « malheureux » survenu à la frontière entre l’Inde et la Chine à Galwan le 15 juin dernier, la Chine n’a laissé à l’Inde d’autre choix que de prendre des mesures énergiques.

« Plus important encore, une politique renouvelée et solide qui garantit la réciprocité dans toutes ses entreprises avec la Chine et l’établissement d’un partenariat stratégique avec des nations de même sensibilité est un pas dans la bonne direction », a-t-il déclaré.

« Toutes les nations doivent se poser cette question : sommes-nous prêts à risquer une nouvelle crise sanitaire mondiale » dans le monde de l’après-Covid-19 ?

« Il faut espérer que d’ici la fin de cette pandémie, le monde aura appris la leçon selon laquelle les systèmes démocratiques et transparents qui jouissent de la liberté d’expression et de la liberté des médias doivent être protégés contre les régimes autoritaires, afin que les pays du monde libre puissent ensemble vaincre avec succès toute pandémie ou crise future », a déclaré M. Sangay.

Il a déclaré que les Tibétains ont travaillé avec persistance pour renforcer leur cause au cours des six dernières décennies et que cela continuera également après le Covid-19.

« Nos priorités ont toujours été de résoudre la question du Tibet par un dialogue significatif et de voir le retour légitime de Sa Sainteté au Tibet. Et ce sera notre priorité maintenant ainsi que jusqu’à ce qu’elle se manifeste en dépit de tous les défis que nous pourrions rencontrer. »

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