Le Convoi de la liberté versus les grands médias

Par Katherine Brodsky
13 février 2022 14:33 Mis à jour: 13 février 2022 14:33

Les médias mentent‑ils au sujet des camionneurs ?

Il existe une condition nécessitant beaucoup de temps pour être établie, mais très peu pour être perdue : la confiance.

Malheureusement, la confiance que nous pouvons placer dans le journalisme s’érode depuis quelque temps déjà et la couverture du Convoi de la liberté des camionneurs canadiens en est l’exemple le plus récent.

Qu’on soutienne ou non le Convoi, là n’est pas la question. Le point est de savoir si les informations qui nous sont rapportées offrent une représentation exacte de ce qui se passe.

J’aime le journalisme, ce qu’il peut être, et ce qu’il a été, lorsqu’il est bien fait. Mais quelque chose s’est cassé. Lorsque les faits rapportés sont inexacts, nous prenons des décisions basées sur de fausses hypothèses. Cela sape notre confiance dans les institutions importantes dont la mission est de nous servir… et non de nous manipuler.

Le rôle du journalisme est de décrire le monde, non pas à travers le prisme de ce que nous souhaitons, mais tel qu’il est. Or, le journalisme militant, qui s’impose toujours davantage, prend diamétralement la voie opposé. Quelques personnes s’octroient le pouvoir de choisir une version du monde pour la présenter au grand public et ce qui n’y correspond pas reste dans l’obscurité.

Les intentions de ceux qui diffusent la version officiellement acceptable ne sont pas nécessairement malveillantes. Certains croient sincèrement œuvrer pour le bien de tous. Mais le fait est qu’on ne peut pas nous imposer une définition fixe du « bien ». Le mieux étant de présenter des faits objectifs, avec tous leurs défauts, et de donner aux gens la souveraineté d’en juger par eux‑mêmes. Toute autre façon de présenter les faits tient bien plus d’un autoritarisme orwellien que de notre si précieuse démocratie.

Mon voyage avec ce narratif particulier commence lorsque j’apprends par un message sur les médias sociaux qu’un rassemblement contre l’obligation vaccinale se tient dans ma ville, Vancouver. Lorsque je cherche à en savoir plus, je ne trouve rien. Pas un seul média grand public ne couvre l’événement. Seules des publications indépendantes en ligne signalent le fameux convoi. Plusieurs milliers de personnes participent au rassemblement contre l’obligation vaccinale, et pourtant pas moyen d’être au courant si on s’en tient aux grands médias.

C’est grâce aux médias sociaux que j’entends rapidement parler d’un convoi de camionneurs en train de s’organiser pour protester à Ottawa contre les mesures anti‑Covid du gouvernement canadien. Les internautes qui prétendent suivre les organisateurs font des estimations de participation allant jusqu’à 1,4 million de personnes. Ce chiffre me semble plutôt élevé et je suis sceptique, j’essaye donc de rassembler plus d’informations. Là encore, je ne trouve pratiquement aucune couverture médiatique.

La veille du rassemblement, CBC publie un article indiquant qu’un convoi de camionneurs aura lieu, une protestation contre le mauvais état des routes. Le moment coïncide étrangement, mais l’histoire est vraie. Sauf que ce convoi est plutôt réduit comparé au Convoi de la liberté totalement ignoré par CBC.

Très vite, Justin Trudeau fait ses commentaires sur ceux qui participent au Convoi, c’est une « petite minorité marginale » déclare‑t‑il, des personnes aux « opinions inacceptables » qui ne représentent pas les Canadiens.

Finalement, le dimanche suivant, le Convoi arrive à Ottawa et, soudain, surprise, la « petite minorité marginale » n’est pas si petite. Malgré un hiver canadien glacial, c’est en grand nombre que les manifestants se sont mobilisés en une foule compacte qui converge vers la colline du Parlement.

Et l’histoire est soudain trop importante pour être éludée ! Les médias corporatifs commencent à en parler. Tout grand rassemblement, prennent‑ils le soin de rappeler, a bien souvent des répercussions négatives ! Nul n’ignore que les manifestations sont bruyantes, violentes, les routes sont bloquées, les commerces sont perturbés, certains biens sont vandalisés, on retrouve des déchets partout, etc. Tout le monde peut y participer, y compris les mauvaises personnes, et il est bien connu que ces grandes protestations ne sont pas toujours pacifiques…

Néanmoins, jusqu’à présent, compte tenu de l’ampleur de ce rassemblement, il est étonnant que la police n’ait signalé aucune violence physique. En écoutant les échanges sur Twitter avec les participants et les organisateurs, les gens font généralement état d’une atmosphère conviviale et joyeuse. Les participants sont constamment encouragés à être polis et respectueux, et s’ils sont témoins d’un comportement inapproprié, ils sont priés d’en informer les policiers et d’éviter de s’impliquer. Beaucoup partagent en ligne les élans d’amitié et de soutien vécus durant ce mouvement historique et postent des vidéos de gens en train de danser.

Le récit des grands médias, en revanche, est bien différent.

Le Convoi, tout d’abord, ce sont des antivax et des théoriciens du complot ! Et ce, malgré le fait que beaucoup, si ce n’est la plupart, sont en réalité complètement vaccinés et ne font qu’exprimer leur opposition aux diverses obligations et à l’ingérence du gouvernement à travers les mesures anti‑Covid.

Ensuite, on choisit de se focaliser sur les quelques drapeaux confédérés et les croix gammées, symboles détestables qui représentent une infime minorité extrêmement marginale, une poignée de personnes sur des dizaines voire centaines de milliers. Ainsi, l’ensemble du Convoi, apprend‑on dans les médias, est principalement composé de suprémacistes blancs. Or, en réalité, il comprend des Indiens d’Asie, des Noirs, des Asiatiques, des autochtones, et tous les autres.

Lorsque, se moquant sarcastiquement de ce récit, une oratrice au rassemblement demande à la foule s’il y a des « suprémacistes blancs » dans le secteur, car elle n’en a pas encore vu, un volontaire apparaît. « Moi, je suis un suprémaciste blanc », crie‑t‑il, tandis que les gens l’acclament et l’applaudissent. Les médias s’empressent de partager ce témoignage sur les médias sociaux. Évidemment, le contexte est totalement éludé, à savoir que la personne qui s’est portée volontaire n’est pas blanche.

Un journaliste de CBC, sans l’ombre d’une preuve, est allé jusqu’à émettre l’hypothèse que la Russie pourrait être derrière le Convoi, car le Canada, comme nous le savons bien, soutient l’Ukraine.

Les médias ont rapporté que la statue de Terry Fox était drapée de symboles et d’un masque, qualifiant cela de profanation, mais ils n’ont pas parlé des nombreux participants au Convoi qui ont passé du temps à nettoyer les rues, ainsi que la statue elle même. Ils ont rapporté le cas de quelques personnes ayant sollicité de la nourriture de manière inappropriée dans un refuge pour sans abri, mais ils n’ont pas parlé des manifestants qui ont installé des stands de nourriture gratuite, ni de ceux qui ont passé du temps à pelleter la neige pour dégager les trottoirs pour les personnes âgées.

Les médias grand public n’ont pas donné une description exacte des événements.

Par chance, les médias sociaux ont rendu les événements plus difficiles à camoufler.

Tout cela nous amène à nous interroger : dans notre régime médiatique quotidien, quel est le degré de distorsion des faits ? Comment pouvons‑nous savoir si notre compréhension du monde est exacte ?

Personne ne devrait avoir le monopole des vérités qui sont montrées et de celles qui ne le sont pas. L’idée que les médias savent mieux que quiconque ce qu’il faut montrer et ce qu’il faut cacher, aussi nobles que soient leurs intentions, est fondée sur une illusion. Nous ne pouvons pas, aucun d’entre nous, en prévoir les conséquences. Et non seulement cela trahit la confiance des gens (et elle ne pourra plus être renouvelée), mais cela prive également les gens de la possibilité de prendre eux‑mêmes des décisions éclairées. Des décisions fondées sur la vérité, et non sur des mythes.

Qu’on soit pour ou contre le Convoi, le public a droit à une description véridique des événements. Car lorsque la vérité est déformée, tout devient suspect. Et moins les médias sont dignes de notre confiance, moins les gens leur feront confiance.

Le plus grand risque étant qu’au moment de dire la vérité, plus personne n’y croie.

Article original dans Substack Random Minds avec Katherine Brodsky.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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