Le côté obscur de LinkedIn : est-ce que cette plateforme populaire est engagée dans le « léchage de bottes » ?

Par Epoch Times
28 mai 2019 16:28 Mis à jour: 13 juillet 2019 12:28

Dans ce monde où la liberté d’expression est censée être respectée, on s’attendrait à ce qu’un réseau de médias sociaux américain comme LinkedIn soit favorable à la « liberté », et oui, ils disent qu’ils le sont – mais leurs actions sont-elles conformes à leurs paroles ?

Quand il s’agit de grandes opportunités d’affaires en Chine… non.

En février 2014, le site de réseautage social professionnel LinkedIn Corp a fait les manchettes lorsque l’entreprise a lancé une version chinoise de son site Web dans le but de rejoindre un plus grand groupe de professionnels en Chine.

Pour entrer dans un pays, il faut se conformer aux lois de ce pays, ce que l’entreprise a reconnu dès l’annonce de son expansion.

Jeff Weiner, PDG de LinkedIn, organise une assemblée publique à Mountain View, Californie, le 26 septembre 2011. (©Getty Images | MANDEL NGAN)

Jeff Weiner, PDG de LinkedIn, a écrit dans un message sur un blog que le régime chinois avait demandé à LinkedIn de respecter les exigences de la censure, mais que la société n’appliquera la censure « que quand et dans la mesure nécessaire » […] car « LinkedIn soutient fermement la liberté d’expression et est en désaccord total avec le gouvernement sur la censure. »

De plus, l’entreprise « fera preuve de transparence quant à la façon dont elle fait des affaires en Chine et utilisera de multiples moyens pour informer ses membres de ses pratiques. »

Cependant, quelques mois plus tard, la censure de LinkedIn est devenue un problème lorsque certains de ses membres ont été étonnés d’apprendre que leurs messages, qui contenaient des informations sensibles sur le régime chinois, ne seraient pas vus par les autres membres de LinkedIn.

Un correspondant chinois de The Australian a été informé par LinkedIn que son histoire d’un artiste australien, Guo Jian, qui a été arrêté pour avoir commémoré le massacre de la place Tiananmen en 1989 par une œuvre d’art, sera censurée et ne sera pas accessible aux autres membres de LinkedIn.

©Getty Images | TOMMY CHENG

La censure ne se limite pas à ceux qui vivent en Chine.

Patrick Poon, étudiant en droit à l’Université chinoise de Hong Kong, a déclaré au Wall Street Journal qu’il était « vraiment choqué » lorsque LinkedIn lui a annoncé qu’une vidéo exprimant son soutien aux victimes du massacre de la place Tiananmen ne serait pas disponible en Chine.

« Nous tenons à préciser que votre activité est et a été visible dans le monde entier, à l’exception de la République populaire de Chine. Cela est attribuable à des exigences spécifiques en Chine pour bloquer certains contenus afin qu’ils n’apparaissent pas sur notre réseau dans le pays », lit-on du message de LinkedIn.

Le Parti communiste chinois tente désespérément de cacher à la population chinoise le fait qu’il a assassiné en masse plus de 10 000 étudiants et enseignants non armés ce jour-là. Et LinkedIn veut seulement les aider à cacher la vérité aux 1,3 milliard d’habitants de la Chine parce que, après tout, LinkedIn « est fondamentalement en désaccord avec la censure du gouvernement », non ?

Le massacre de la place Tiananmen n’est pas la seule expression « sensible » sur LinkedIn

Un mois après l’apparition de rapports sur la censure de LinkedIn, Suman Srinivasan, qui travaillait auparavant comme développeur web pour The Epoch Times, a déclaré au journal que LinkedIn lui avait envoyé un courriel l’informant que les utilisateurs en Chine ne pourraient plus voir son profil, alors que d’autres utilisateurs dans le monde pouvaient encore le faire.

La raison en était que M. Srinivasan, maintenant ingénieur logiciel senior chez Microsoft, avait mentionné la persécution du Falun Gong dans son profil.

©The Epoch Times | Youzhi Ma

Le Falun Gong, aussi connu sous le nom de Falun Dafa, est une ancienne discipline de culture chinoise dans la tradition de l’école de Bouddha qui consiste en cinq exercices doux et est basée sur les principes de Vérité, Compassion et Tolérance.

Lorsque le nombre de personnes pratiquant le Falun Dafa a grimpé en flèche dans les cinq ans qui ont suivi sa présentation au public en 1992, le régime chinois, craignant sa popularité, a commencé à persécuter cette pratique en 1999. En conséquence, un nombre incalculable de pratiquants de Falun Dafa en Chine ont été – et sont toujours – arrêtés, détenus et soumis à des tortures atroces. Le régime chinois prélève même de force leurs organes.

©Minghui

« La persécution en Chine est épouvantable », a déclaré M. Srinivasan, qui est aussi un pratiquant. « Je sens que je dois faire tout ce que je peux pour essayer de l’arrêter. »

Toutefois, c’est rapidement devenu la raison pour laquelle son profil a été bloqué pour ne pas être vu par ceux qui sont en Chine, ont déclaré deux représentants de la société à M. Srinivasan au cours d’un appel téléphonique.

La société a toutefois donné une option à Suman Srinivasan.

« Ils m’ont dit que si je supprimais les propos critiques à l’égard du régime chinois, ils débloqueraient mon profil », a dit Suman Srinivasan.

Bien que quatre ans se soient écoulés depuis, LinkedIn continue de censurer les profils de ses utilisateurs pour apaiser les responsables du Parti communiste.

En décembre 2018, Peter Humphrey, un enquêteur sur la fraude d’entreprise qui vit maintenant au Royaume-Uni, a vu son profil LinkedIn rendu indisponible en Chine en raison de la « présence d’un contenu spécifique », rapporte BuzzFeed News.

©Getty Images | JOHANNES EISELE

Peter Humphrey et son épouse ont déjà été emprisonnés en Chine pour avoir « obtenu illégalement des informations privées sur des citoyens chinois ».

« Cela me donne la nausée », a-t-il dit. « C’est censé être une entreprise opérant dans un environnement de libre circulation de l’information. Une société américaine où vous avez un amendement constitutionnel qui sacralise la liberté d’expression. »

Son profil a été restauré par la suite et Nicole Lverich, porte-parole de l’entreprise, a déclaré que son profil avait été « bloqué par erreur ».

« Notre équipe Trust and Safety (Confiance et Sécurité) est en train de mettre à jour nos processus internes afin d’éviter qu’une telle erreur ne se reproduise », a-t-elle dit.

Cependant, un incident similaire s’est produit à nouveau début janvier 2019 avec Zhou Fengsuo, un ancien leader étudiant du Mouvement démocratique de Tiananmen en 1989, qui est maintenant installé à New York.

M. Zhou s’est fait dire par LinkedIn que les utilisateurs en Chine ne seraient pas en mesure de voir son profil.

©The Epoch Times | Youzhi Ma

Selon une capture d’écran de l’e-mail que M. Zhou a posté sur son compte Twitter, LinkedIn a écrit « en raison de la présence de contenu spécifique » sur son profil, il ne sera pas disponible en Chine.

LinkedIn a par la suite restauré le profil de M. Zhou et s’est excusé que son profil ait été « bloqué par erreur ». Ça vous dit quelque chose ?

Bien que ce soit « sympathique » que LinkedIn se soit assuré d’affirmer dans son message à M. Zhou que, « bien que nous soutenions fermement la liberté d’expression… », le fait est que se plier à un régime communiste – qui est connu pour tuer plus de ses propres citoyens (qui ne sont pas des criminels) que le monde entier réuni – ne signifie pas que cette plateforme des médias sociaux soutient fermement la liberté d’expression.

Oh et n’oubliez pas que la Chine est depuis de nombreuses années l’un des pires geôliers de journalistes au monde… Oui, la liberté d’expression n’est pas le point fort d’une nation communiste, pas plus qu’une entreprise ou une plateforme de médias sociaux qui veut « s’associer » avec un tel violateur des droits de l’homme pour obtenir des avantages financiers.

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