Criminalisation de l’innocence : Irwin Cotler demande la libération d’une Canadienne qui fait face à un procès en Chine

Les pratiquants de Falun Gong à travers le Canada se rassemblent pour soutenir Sun Qian; L’Association du Falun Dafa condamne son ‘procès pour l’exemple’.

Par Joan Delaney
17 septembre 2018 03:05 Mis à jour: 5 avril 2021 21:34

Mme Sun Qian, pratiquante de Falun Gong sino-canadienne, a eu une brillante carrière en tant que fondatrice de la Beijing Leadman Biochemistry Co, Ltd. Elle a été classée à deux reprises dans le rapport Hurun de la Chine sur les personnes riches. Elle est présentement détenue en Chine pour sa croyance !

Alors que le procès de la citoyenne canadienne détenue Sun Qian doit avoir lieu très prochainement en septembre à Pékin, l’ancien ministre de la Justice Irwin Cotler a publié une déclaration très ferme dans laquelle il réprimande le régime chinois pour sa violation des droits de Sun Qian.

Irwin Cotler, ancien ministre canadien de la Justice et avocat de renommée internationale spécialisé dans les droits de la personne, qui agit à titre de conseiller juridique de Mme Sun au Canada, a publié une déclaration le 10 septembre. Il a déclaré que l’emprisonnement de Mme Sun est « un cas tragique de cette criminalisation de l’innocence – la persécution et la poursuite d’une femme innocente, non pour ce qu’elle a fait, mais pour ce qu’elle est : porteuse de vérité, de compassion et de tolérance ». Il a demandé sa libération inconditionnelle.

Mme Sun, résidente de Vancouver et citoyenne canadienne depuis 2007, était vice-présidente de la société de plusieurs milliards d’euros de Beijing Leadman Biochemistry Co. Ltd. et voyageait souvent en Chine pour affaires.

Le 19 février 2017, plus d’une vingtaine de policiers sont entrés chez elle à Pékin sans mandat d’arrêt et l’ont emmenée parce qu’elle pratiquait le Falun Dafa, aussi appelé Falun Gong, une discipline spirituelle traditionnelle qui fait l’objet d’une campagne de persécution par le régime communiste chinois depuis 1999.

Mme Sun, 52 ans, a depuis lors été détenue au centre de détention n° 1 de Pékin, où elle a été victime d’abus, de torture et d’intenses séances de lavage de cerveau dans le but de lui faire renoncer à sa croyance.

Son procès devait avoir lieu le 12 septembre dans la matinée.

Irwin Cotler, ancien député et ministre canadien de la Justice et avocat spécialisé dans les droits de la personne, qui agit à titre de conseiller juridique de Mme Sun au Canada, dans une photo du dossier. (Jonathan Ren/NTD Television)

Dans sa déclaration, il a énuméré dix façons dont les droits de Mme Sun Qian ont été violés, notamment : criminalisation de sa liberté fondamentale de croyance ; violations permanentes de ses droits fondamentaux de liberté d’expression, de réunion et d’association ; arrestation arbitraire et illégale ; détention prolongée et illégale ; torture en détention menaçant sa santé physique et mentale ; refus du droit à un avocat ; harcèlement, intimidation, menaces et arrestation de plus de onze avocats qui ont cherché à défendre sa cause, etc.

« À titre de conseiller juridique de Sun Qian, je me joins à ses avocats en Chine pour demander aux autorités chinoises d’honorer leurs propres valeurs et la primauté du droit, de renoncer à la persécution et aux poursuites dont elle fait l’objet, de respecter les traités et conventions internationaux auxquels la Chine est partie, de libérer Sun Qian sans condition et de la laisser retourner et rejoindre sa famille au Canada », a écrit Me Cotler.

« Cette affaire était un coup monté dès le début », a déclaré Xie Yanyi, l’un des avocats de Mme Sun, par téléphone depuis Pékin. « C’était une arrestation et une détention injustifiées. Cela va totalement à l’encontre du principe de la charge de la preuve en droit pénal. »

Me Xie définit le cas de Mme Sun comme une « persécution politique ».

« Tout cela est illégal, qu’il s’agisse de l’arrêter, de saccager sa maison, de la torturer ou de la priver de son droit à un avocat », a-t-il renchéri.

La famille de Mme Sun a été informée que seules deux personnes seront autorisées à assister au procès, ce que Me Xie a également critiqué.

« Un procès public devrait permettre aux citoyens de venir et d’écouter, sans parler des membres de la famille et des amis – ce sont des parties ayant un intérêt dans cette affaire, elles ont le droit de venir et d’écouter ce qui se passe. »

Devant le consulat chinois à Vancouver, le 8 septembre 2018, les pratiquants de Falun Gong de Vancouver organisent un rassemblement pour demander la libération de la citoyenne canadienne et pratiquante du Falun Gong Sun Qian, détenue en Chine. (Tang Feng/The Epoch Times)

‘Il est temps que la justice l’emporte’

Au cours des derniers jours, depuis l’annonce du procès à venir, les pratiquants de Falun Gong se sont rassemblés dans plusieurs villes du Canada pour demander la libération de Mme Sun.

La déclaration de l’Association Falun Dafa du Canada, condamnant les procédures judiciaires comme un « procès à spectacle » se lit comme suit :  « Aujourd’hui, nous demandons sa libération inconditionnelle et immédiate, parce que pratiquer le Falun Gong n’est pas un crime. Dire aux gens que le Falun Gong pratique Authenticité-Bienveillance-Tolérance, que les pratiquants de Falun Gong sont de bonnes personnes, que le Falun Gong est brutalement persécuté par le Parti communiste chinois, n’est pas un crime. »

Alex Neve, secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, une photo du dossier. (Matthew Little/The Epoch Times)

Alex Neve, secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, a déclaré que la campagne de persécution de 19 ans contre les pratiquants de Falun Gong « a causé des souffrances indicibles et des violations généralisées des droits humains partout en Chine. Parmi les sujets de préoccupation figurent les arrestations arbitraires, les emprisonnements illégaux, les procès profondément inéquitables, la torture et les mauvais traitements graves, les conditions de détention difficiles et le décès d’innombrables prisonniers. L’ampleur de ces violations est très grave. »

M. Neve a déclaré que les procédures judiciaires engagées contre Mme Sun « seront inévitablement bien en deçà des exigences pour un procès équitable, garanti par le droit international ».

« Nous appelons la Chine à libérer sans conditions Sun Qian et tous les autres pratiquants de Falun Gong injustement détenus dans le pays. Il est temps que la justice l’emporte. »

En décembre dernier, Me Xie et les autres avocats de Mme Sun ont écrit une lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau avant sa visite à Pékin pour lui demander d’aider à la libération de Sun Qian et déclarer que l’arrestation des pratiquants de Falun Gong en Chine violait la loi chinoise.

« Les condamnations massives de pratiquants du Falun Gong ont non seulement affecté le sort de millions d’adeptes du Falun Gong et de leurs familles, mais elles ont aussi, pendant longtemps, directement érodé et détruit les fondements de la légitimité de tout le système judiciaire chinois et réduit à néant toute possibilité de réforme constructive », indique la lettre.

L’ancien ministre canadien David Kilgour prend la parole lors d’un rassemblement pour demander la libération de la citoyenne canadienne et pratiquante de Falun Gong Sun Qian, en face de l’ambassade de Chine à Ottawa, le 10 septembre 2018. (Jonathan Ren/NTD Television)

‘Violer toutes les nations qui respectent le principe de l’État de droit partout dans le monde’

L’ancien ministre du Cabinet et candidat au prix Nobel David Kilgour a assisté au rassemblement en face de l’ambassade de Chine à Ottawa le 10 septembre.

« Ses avocats ont été contraints de ne pas la défendre. Ce n’est pas une surprise, car les avocats qui défendent le Falun Gong sont généralement persécutés », a déclaré David Kilgour, un avocat et ancien procureur.

Il a donné l’exemple de l’avocat de Pékin Gao Zhisheng, qui a été détenu, arrêté, emprisonné, « disparu » et brutalement torturé par les autorités chinoises depuis 2006. Sa famille n’a pas été en contact avec lui depuis le 13 août 2017 et on ignore sa situation actuelle.

« Ce qui s’est passé viole tous les principes de l’État de droit. »

Le neveu de Sun Qian, Sun Jianhen, un étudiant chinois de Vancouver, affirme que sa tante a été détenue à tort.

Les pratiquants de Falun Dafa organisent un rassemblement pour demander la libération de la citoyenne canadienne Sun Qian, une pratiquante de Falun Dafa, en face du consulat de Chine à Toronto, le 10 septembre 2018. (Michelle Hu/The Epoch Times)

« Le fait que ma tante pratique sa croyance n’est pas un crime. Elle est innocente », dit-il. « J’espère que le Premier ministre canadien Justin Trudeau pourra intervenir et parler au président Xi Jinping ou à d’autres dirigeants chinois, intervenir dans le cas de ma tante et l’aider dans sa libération et son retour au Canada. »

Le Falun Gong, ou Falun Dafa, est une discipline traditionnelle de l’école bouddhique qui encourage les valeurs morales d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance. En 1999, le régime communiste chinois a lancé une violente persécution contre le Falun Gong en se sentant menacé par son immense popularité, entre autres raisons.

Selon un rapport spécial de Freedom House de février 2017 sur le renouveau religieux, la répression et la résistance en Chine communiste, la gravité de la persécution du Falun Gong est qualifiée de « très élevée » dans l’éventail des persécutions religieuses dans ce pays.

Les groupes de défense des droits de l’homme décrivent en détail des cas de torture graves et généralisés, et des enquêtes indépendantes ont fait état de l’assassinat perpétré par le PCC de pratiquants du Falun Gong pour leurs organes vitaux. Le rapport de Freedom House de 2017 faisait état de « preuves crédibles suggérant qu’à partir du début des années 2000, les détenus du Falun Gong ont été tués pour leurs organes à grande échelle ».

Version originale

Vidéo recommandée:

Pourquoi le Falun Gong est-il persécuté ?

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