Crise politique en Italie: quelles conséquences économiques ?

Par Epoch Times avec AFP
9 août 2019 20:20 Mis à jour: 9 août 2019 20:31

L’Italie, troisième économie de la zone euro, se retrouve de nouveau dans la tourmente après l’éclatement de la coalition gouvernementale. Quel peut-être l’impact économique de cette crise?

Le spread, le très surveillé écart entre le taux de la dette italienne et le taux allemand de référence à dix ans, a bondi de plus de 30 points vendredi, pour s’établir à 241 points, témoignant de l’inquiétude des milieux financiers.

La Bourse de Milan a cédé de son côté 2,48%, avec un écroulement des banques (-9,12% pour Banco BPM, -8,42% pour Ubi Banca, -5,13% pour UniCredit).

« L’incertitude a un prix, qui s’appelle spread et possible abaissement de la note de l’Italie par les agences de notation », a expliqué à l’AFP Carlo Alberto Carnavale Maffe, professeur à l’université Bocconi de Milan.

Hasard du calendrier, l’agence de notation Fitch doit revoir ce vendredi soir sa notation sur l’Italie, qui est actuellement à BBB (soit deux crans au-dessus de la catégorie spéculative, « junk »), avec une perspective négative.

Les analystes sont partagés sur la décision de l’agence, qui n’aura pas le temps de prendre en compte l’impact de la crise surgie jeudi. En octobre 2018, Moody’s avait abaissé d’un cran la note de la péninsule, à « Baa3 », juste au-dessus de la catégorie spéculative, en s’inquiétant des choix budgétaires de la coalition populiste en place depuis quelques mois.

Selon M. Carnavale Maffe, « août est un mois avec des volumes d’échanges bas: il suffit de variations faibles pour avoir un impact très important sur le spread et le cours des actions », et le pays, déjà fragile, « paiera les conséquences de cette crise », déclenchée durant une période aussi sensible.

La troisième économie de la zone euro ne va pas bien. Après une « récession technique » au second semestre 2018, l’Italie a connu une croissance nulle de son Produit intérieur brut (PIB) sur les six premiers mois de l’année en cours.

Pour 2019, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance italienne de seulement 0,1%, et le gouvernement de 0,2%. Mais certains experts sont encore plus pessimistes, estimant que la péninsule pourrait de nouveau tomber en récession.

L’économie italienne est affectée par le ralentissement qui touche toute l’Europe, les tensions commerciales entre Pékin et Washington, mais aussi par la prudence des entreprises qui investissent moins, inquiètes à la fois de l’évolution mondiale et de l’instabilité politique.

Conséquence: le taux de chômage s’élève à 9,7%, et atteint même 28,1% chez les 15-24 ans, soit très au-dessus de la moyenne de la zone euro (7,5% et 15,4%).

Problème supplémentaire, le pays affiche une dette colossale de 2.300 milliards d’euros, soit 132% de son PIB, le ratio plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Bruxelles ne cesse donc de presser Rome de réduire son déficit public. A plusieurs reprises, de vives tensions ont eu lieu entre la Commission européenne et le gouvernement italien, qui a fini par accepter de réduire celui-ci à 2,04% du PIB en 2019, au lieu de 2,4%.

Le patron de la Ligue (extrême droite) a toujours fustigé les diktats de Bruxelles et jugeait le ministre de l’Economie, Giovanni Tria, beaucoup trop conciliant avec la Commission européenne.

Il a récemment affirmé que le prochain budget ne pourrait pas être « en-dessous des 2% de déficit ». « Les dogmes de Bruxelles ne sont pas sacrés », a-t-il martelé, tout en excluant un déficit à 4 ou 5% du PIB.

« Il y aura certainement un affrontement avec l’Europe et c’est un gouvernement et un Parlement légitimés par les Italiens qui devra le faire », a-t-il affirmé, en appelant ainsi le pays à lui donner une majorité claire.

Pour M. Salvini, dont l’électorat est composé au nord de petits entrepreneurs et artisans, il faut un budget « courageux », avec des baisses d’impôts importantes et de grands chantiers publics, afin de relancer la croissance.

Il promet aussi d’empêcher la hausse de la TVA, déjà votée par le Parlement sortant, malgré les 23 milliards d’euros de recettes supplémentaires qu’elle représenterait.

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