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De quel côté est la Chine dans la situation autour de la Corée du Nord ?

septembre 8, 2017 18:23, Last Updated: septembre 8, 2017 22:57
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Le 3 septembre dernier, la Corée du Nord a déclaré qu’elle avait testé sa sixième bombe nucléaire. Cet essai nucléaire a été fortement condamné par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le président américain Donald Trump, qui a menacé d’arrêter le commerce avec tout pays faisant des affaires avec le régime communiste de Pyongyang.

Il semble que, de tous les pays qui ont des relations diplomatiques avec la Corée du Nord, la menace de Trump vise tout d’abord le régime chinois, l’allié le plus important et historiquement le plus fidèle de la Corée du Nord.

Au fil des ans, la Chine a soutenu son voisin communiste, craignant que l’effondrement du régime des Kim pousse des milliers de réfugiés sur son propre territoire.

Selon Chen Pokong, analyste politique de la Chine, le régime chinois utilise la Corée du Nord comme monnaie d’échange dans ses relations avec les États-Unis, affirmant que la Chine est le seul pays qui pourrait amener la Corée du Nord à la table des négociations.

Mais le régime chinois ne veut pas non plus faire face aux jeux dangereux et à l’instabilité créée dans la région par la Corée du Nord.

Cette photo publiée le 30 mai 2017 par l’agence de presse officielle nord-coréenne montre l’essai d’un missile balistique dans un endroit tenu secret en Corée du Nord. (STR/AFP /Getty Images)

Pour ces raisons, Pékin affiche sa désapprobation de la politique de la corde raide de Pyongyang et, en même temps, n’entreprend pas des mesures vraiment capables d’y mettre fin.

Les médias de Chine ont rapporté que le dirigeant chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine, qui étaient au sommet des États des Brics tenu en Chine lors du dernier essai nucléaire nord-coréen, ont tous les deux ambigument promis de « traiter de manière appropriée » les provocations de la Corée du Nord.

Lorsque la Corée du Nord a tiré un missile au-dessus du Japon le 29 août dernier, Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a appelé à la retenue toutes les parties et a invité tout le monde à étudier les « résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU ».

Tout cela soulève la question si la Chine, dans le cas d’un conflit global, serait finalement du côté des États-Unis ou de son propre voisin belliqueux.

Alors qu’en 1961, à l’époque de Mao, le régime chinois a signé un pacte avec la Corée du Nord qui obligeait la Chine à venir à son aide en cas d’agression, l’administration de Xi Jinping a commencé à montrer qu’elle voudrait mettre fin au soutien de longue date accordé par la Chine au régime des Kim.

Au début du mois d’août, la Chine a approuvé les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord après que Trump a eu exercé une pression importante sur Pékin afin de restreindre son voisin voyou.

Mi-août, Pékin a également annoncé qu’il interdisait, à partir du 5 septembre, les importations du charbon, du poisson, du fer et d’autres produits nord-coréens – un pas important en tenant compte qu’environ 90 % du revenu des exportations nord-coréennes provient du commerce avec la Chine.

La Chine aurait également renforcé sa frontière avec la Corée du Nord en envoyant plus de troupes dans la région, en effectuant des exercices militaires et en recueillant des renseignements par le biais de la surveillance 7 jours sur 7 et 24 h sur 24.

En même temps, selon le représentant de la Chine à l’ONU, la Chine « ne permettra jamais le chaos et la guerre sur la péninsule coréenne ».

Pyongyang ne craint pas l’aggravation de ses relations avec la Chine. Le tir du missile au-dessus le Japon et l’essai nucléaire nord-coréen ont été effectués à l’approche du 19e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), un conclave réuni chaque cinq ans pour nommer le nouveau leadership de la Chine.

« Le Parti communiste chinois doit créer un environnement stable [avant le 19e Congrès du PCC] », explique Chen Pokong. « Cela signifie que le PCC cherche un compromis avec les autres, même au prix d’une humiliation. [Le dictateur nord-coréen] Kim Jong Un le sait et il profite de ce moment crucial pour arranger ses provocations. »

Le président américain Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping lors d’une promenade dans le domaine de Mar-a-Lago à West Palm Beach, en Floride, le 7 avril 2017. (JIM WATSON/AFP/Getty Images)

Lorsque Donald Trump et Xi Jinping se sont rencontrés pour la première fois en avril dernier, la Corée du Nord était déjà l’un des sujets de leurs entretiens. Par la suite, Trump a déclaré qu’il avait mieux compris toute la complexité de la situation de la Chine et qu’il avait bon espoir que Xi Jinping aiderait les États-Unis dans la question de la Corée du Nord.

« Ils sont sous pression, c’est une lourde pression, et le je comprends. Vous savez, il ne faut pas oublier que la Chine a été en guerre avec la Corée au cours de nombreuses années. Vous savez, des guerres avec la Corée. Ce n’est pas comme ‘Oh, vous faites tout ce que nous disons’. Ils ont connu de nombreuses guerres avec la Corée », a confié Trump aux journalistes de la Maison-Blanche en juillet.

Bien que le régime chinois ait accepté de coopérer avec les États-Unis dans l’imposition des sanctions contre la Corée du Nord, leurs approches sont différentes. Le régime chinois préconise que toutes les parties se réunissent à la table des négociations, alors que les États-Unis veulent que la Corée du Nord abandonne son programme nucléaire avant de commencer à négocier.

LIRE AUSSI : La Chine vote en faveur des sanctions contre la Corée du Nord : mais à quel point les appliquera-t-elle ?

Toutefois, Trump a laissé entendre que les négociations seront inutiles, peu importe si la Corée du Nord abandonne son arsenal nucléaire ou non.

« La Corée du Nord est une nation voyou qui est devenue une grande menace et un embarras pour la Chine, qui essaie de nous aider mais avec peu de succès », a-t-il tweeté le 3 septembre. « La Corée du Sud commence à comprendre, comme je leur ai dit, que leur rhétorique d’apaisement avec la Corée du Nord ne marchera pas, qu’ils [la Corée du Nord] ne comprennent qu’une chose ! »

Ce que recherche Kim

Les analystes pensent que Kim Jong Un est en quête du respect qu’il obtiendrait si la Corée du Nord est reconnue comme puissance nucléaire. Par conséquent, il n’a aucun intérêt à abandonner ses armes nucléaires.

« Alors que c’est un petit pays géographiquement, c’est un grand État nucléaire, l’empire de Kim, le régime de ce dictateur, qui devrait durer éternellement. Ainsi, Kim cherche la stabilité de son régime », explique Chen Pokong.

« Le but ultime de la Corée du Nord est de forcer les États-Unis à l’accepter en tant qu’un État nucléaire et de pouvoir négocier avec les États-Unis à partir de cette base », estime Wen Zhao, analyste politique de l’Asie de l’Est de la chaîne de télévision New Tang Dynasty Television (NTDTV).

Le dictateur nord-coréen Kim Jong-Un (centre) à Pyongyang, le 22 février 2017. (STR/AFP/Getty Images)

Cependant, il ne semble pas probable que les États-Unis et d’autres pays nucléaires soient prêts à accepter que la Corée du Nord devienne une puissance nucléaire.

Si Trump met à exécution sa menace de couper les liens commerciaux avec ceux qui appuient la Corée du Nord, il pourrait entrer en guerre commerciale avec l’un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis – la Chine.

Trump ne cache pas le fait qu’il veut renégocier les accords commerciaux avec la deuxième économie mondiale. Il a déclaré aux journalistes en juillet : « J’ai été un peu moins dur [avec la Chine] parce que j’aimerais avoir leur aide… Mais nous devrions résoudre le problème du commerce avec la Chine parce qu’il est très, très non réciproque. »

« Dans la question de la Corée du Nord, le commerce est notre point fort », a-t-il ajouté.

Les États-Unis sont le plus grand importateur des produits chinois. Si Trump met en exécution ses menaces, le régime chinois pourrait être contraint à choisir entre la survie de sa propre économie et celle de la Corée du Nord.

« Une fois que la pression monte assez haut, je pense que le gouvernement de Xi Jinping choisira une option avec des conséquences les moins négatives », a estimé Chen Kuide, rédacteur en chef de China in Perspective, un magazine en ligne en langue chinoise qui couvre les questions du mouvement pro-démocratie et des droits de l’homme en Chine.

Version anglaise : In Conflict Between US and North Korea, Which Side Is China on?

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