De la guerre à la paix: le génie français du Grand Siècle

Par Ludovic Genin
3 juin 2022 12:50 Mis à jour: 25 avril 2024 16:19

D’où vient le génie français ? Pourquoi est-il si réputé à travers le monde ? Remontons le fil de l’histoire et rendons-nous à l’une des périodes les plus prospères et les plus inventives de l’histoire de France : le Grand Siècle de Louis XIV. La galerie des Glaces en est le témoignage unique et le sommet artistique. À cette époque, Louis XIV apporte une paix durable à l’Europe et sa politique intérieure un nouveau souffle dans les arts et les techniques.

Pour tenter de comprendre ce mystère, rendons-nous au XVIIe siècle au Château de Versailles et traversons ensemble la galerie des Glaces, du Salon de la Guerre au Salon de la Paix.

Quelques éléments de contexte avant de commencer

Le règne de Louis XIV a été le plus long de l’histoire de France. À l’annonce de sa mort en 1715, la nouvelle se propage dans toute l’Europe : « Le Roi est mort ». Nul besoin de préciser quel roi, car Louis XIV était considéré comme « le plus grand Roi du monde ». Certains le pensaient immortel, il avait régné pendant 72 ans.

Le Vœu de Louis XIII, par Ingres (1824), cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Montauban. Le 11 décembre 1637, le Roi annonce vouloir faire un vœu à la Vierge. Après avoir soumis le texte au Parlement de Paris, le Roi consacre le 10 février 1638 le royaume de France à une femme, Marie « en laquelle nous mettons particulièrement notre Personne, notre État, notre Couronne, et tous nos Sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession, et de toute la Cour céleste, par son autorité et exemple ». C’est le « vœu de Louis XIII ». (Domaine public)

Si sa mort semblait impossible, sa naissance fut miraculeuse. Après 23 années d’un mariage sans enfant, Louis XIII et Anne d’Autriche s’inquiétaient de pouvoir donner un héritier au trône. Le 3 novembre 1637, en prière dans sa cellule, le Frère Fiacre entendit les cris d’un enfant et vit la Vierge Marie portant dans ses bras « le Dauphin que Dieu veut donner à la France ». La sainte demandait à la Reine de faire des neuvaines de prière en son nom. Le moine s’exécuta et transmis cette requête en plus haut lieu. Neuf mois plus tard, Anne d’Autriche donnait naissance à un fils, Louis « Dieudonné », Louis XIV connu aussi sous le nom de « Louis Le Grand » ou du Roi-Soleil. Devant cette grossesse inespérée, Louis XIII consacra la France à la Vierge Marie, par un vœu national associant le peuple à cette prière. On pria pour l’arrivée du nouveau Roi et le nouveau Roi arriva, au plus haut niveau de l’État, on parla d’un miracle.

Le début du règne de Louis XIV coïncida avec un alignement des planètes. L’Espagne était militairement à bout de souffle et en déclin ; l’Allemagne manquait de cohésion, avec plus de 350 principautés et duchés ; l’Angleterre était affaiblie par une rébellion après un régime tyrannique et l’Italie était trop divisée pour s’unir. La configuration était idéale pour le jeune Roi « donné par le ciel » pour faire de la France la première nation du continent.

Louis XIV vêtu à la romaine et couronné par la Victoire, devant Maestricht en 1673. Par Pierre Mignard. On voit Louis XIV sur un cheval vêtu comme un général romain. Dans les cieux, l’allégorie de la Victoire le couronne d’un rameau de laurier. Elle tient dans sa main gauche un étendard avec un soleil rayonnant, symbole associé au Roi-Soleil. Dans sa jeunesse (il devint Roi à 5 ans), Louis Le Grand était comparé à Apollon, dieu de la paix et des arts et représenté par le soleil « qui donne la vie et la régularité à toutes choses », d’où son nom de Roi-Soleil. (Domaine public)

Retournons à la galerie des Glaces, quarante années après cette naissance miraculeuse.

Le Grand Siècle et le génie de la Guerre

Décidée après la paix de Nimègue en 1678, la galerie des Glaces est commandée à Charles Le Brun, Premier peintre du Roi. Le Brun est un véritable génie de la peinture, maître de l’allégorie et de l’art italien. Les travaux de la galerie dureront six ans avec le concours du Premier architecte du Roi Jules Hardouin-Mansart, la supervision du Roi et de Jean-Baptiste Colbert.

La première pièce de la galerie des Glaces est le Salon de la Guerre. Les plafonds montrent les victoires militaires de la France lors de la Guerre de Hollande (1672-1678). On y voit Clio, muse de l’Histoire, consigner pour la postérité les hauts faits du Roi. Le plafond central représente une allégorie de la France portant un bouclier sur lequel on voit le portrait de Louis XIV, symbolisant le rôle de « bouclier » du Roi pour la France. Elle est entourée de divinités volantes symbolisant les Victoires. De chaque côté, des tableaux représentent la Hollande, l’Espagne et l’Allemagne, jalouses et belliqueuses, et une représentation de Bellone, déesse de la Guerre, qui apporte la dévastation et la discorde « fatales à la justice, aux arts et à la religion ». Nous sommes au début de la guerre.

L’entrée dans la galerie des Glaces montre une chronologie des dix-sept premières années du règne du Louis XIV, sur l’ensemble des vingt-sept tableaux de la galerie, dix-sept sont consacrés à la politique extérieure de la France, parmi lesquels neuf à la Guerre de Hollande. Ces neuf grandes compositions prennent les deux tiers de l’ensemble de la surface peinte de 1000 m2, ce qui montre l’importance de cette victoire pour la France.

La galerie des Glaces vue par la façade ouest du château de Versailles au niveau des jardins. (Jean-Christophe Benoist, CC BY 3.0)
Les plafonds de la galerie des Glaces. (Domaine public)

Dix-sept années plus tôt, le début du règne de Louis XIV en 1661 est marqué par des réformes économiques et une politique d’investissement public sans précédent qui vont hisser la France au rang de première puissance européenne. Devant cette montée en puissance du voisin français, une coalition se forme entre l’Espagne, la Hollande et l’Allemagne pour lui déclarer la guerre en 1672.

L’histoire des tableaux de la galerie des Glaces commence par « L’Alliance de l’Allemagne et de l’Espagne avec la Hollande » (1672) dans le Salon de la Guerre pour finir à l’entrée du Salon de la Paix par « La Hollande accepte la paix et se détache de l’Allemagne et de l’Espagne » (1678). Entre les deux salons se déroule une série d’œuvres de Charles Le Brun qui allégorisent les grandes étapes politiques et militaires du début du règne. On retrouve ainsi les tableaux « La Résolution prise de faire la guerre aux Hollandais » (1671), « Le Passage du Rhin en présence des ennemis » (1672), « Le Roi donne ses ordres pour attaquer en même temps quatre des plus fortes places de la Hollande » (1672), « Le Roi arme sur terre et sur mer » (1672), « Le Roi prend Maëstricht en treize jours » (1673), « La Franche-Comté conquise pour la seconde fois (1674), « La Prise de la ville et de la citadelle de Gand en six jours » (1678)et « Les Mesures des Espagnols rompues par la prise de Gand », qui relatent le processus de la victoire.

En 1673, la situation semble désespérée, la France est encerclée de tous côtés. Elle doit se battre seule au nord, à l’est, au sud, sur les mers et n’a pas l’avantage du nombre. L’issue de la guerre est évidente, la victoire française s’échappe et avec elle l’espoir d’un renouveau artistique et culturel sur l’Europe.

Mais le destin en a décidé autrement. Les armées de Louis XIV disposent d’un avantage non négligeable sur le reste de l’Europe : elles sont tactiquement et logistiquement à la pointe de la modernité. Elles ont aussi à leur tête des génies de la stratégie militaire qui réussissent à former une armée de métier. En l’espace de quelques années, la France devient la plus grande puissance militaire du continent. Grâce au maréchal de Turenne, au Grand Condé et à une marine à voile modernisée, les armées vont tenir face à l’ennemi, le temps que le marquis de Vauban prépare sa guerre de siège qui va prendre l’ascendant sur les adversaires.

Prise de la ville et de la citadelle de Gand en six jours, 1678, galerie des Glaces, Le Brun. La prise de Gand a lieu la dernière année de la guerre de Hollande, en 1678, et contribue à la signature de la paix. Le Roi est représenté avec la foudre dans la main et sur l’aigle de Jupiter (dieu romain qui gouverne le ciel et la terre, ainsi que tous les êtres vivants s’y trouvant) le portant dans les airs. Il est entouré des divinités de la Gloire, de la Vigilance et du Secret indiquant la prudence du Roi pour orchestrer en silence l’élaboration de la campagne militaire. (Domaine public)

En 1673, Vauban s’attaque à la forteresse de Maastricht, réputée inviolable. Elle tombera en seulement 13 jours. Un système ingénieux de tranchées permet de faire avancer les troupes à l’abri jusqu’aux portes des forteresses médiévales. De même, en 1678, la citadelle de Gand est prise en six jours. Au cours de ses 53 années de carrière, Vauban va bâtir plus de 160 places fortes qui vont renforcer les frontières du royaume et assurer la paix à la France.

Aux quatre coins de la galerie des Glaces se trouvent quatre allégories représentant l’Envie, la Discorde, l’Ambition et la Colère qui seront finalement vaincues par la France lors la Guerre de Hollande. L’Envie à l’origine du conflit est représentée les poignets croisés témoignant de l’impuissance de l’Europe coalisée à s’opposer aux desseins du Roi de France. Grâce à ce génie militaire sur tous les fronts terrestres et navals, la France devient quasiment invincible au XVIIe siècle.

À présent, dans notre promenade de la guerre à la paix, passons par les arts.

Le Grand Siècle et le génie des arts

Longue de 73 m, large de 10,50 m, la galerie des Glaces compte 17 fenêtres qui font face à 17 arcatures de miroirs, comme les 17 premières années du règne de Louis XIV. Sur toute la longueur, la lumière du soleil et des jardins Le Nôtre se reflète sur les grands miroirs puis inonde les dorures, les statues, les lustres, les marbres, les boiseries et les grands plafonds de Charles Le Brun dans une harmonie parfaite.

Une modernité insoupçonnée à l’époque, qui donnera son nom à la galerie. Les miroirs sont en effet au XVIIe siècle des objets de luxe produits exclusivement par les manufacturiers vénitiens. Le génie français va être de dépasser en quelques années les Italiens en produisant des miroirs de grandes tailles et homogènes. Une prouesse qui va confirmer la progression fulgurante de la manufacture française en Europe.

Charles Le Brun (1683-1686) par Nicolas de Largillière. Le Brun est représenté après la finalisation de la galerie des Glaces. Il est accompagné de reproductions antiques, de sculptures et de modèle de dessins qui montrent l’étendue de sa réussite. Derrière lui, se trouve le chef-d’œuvre « La Conquête de la Franche-Comté » (1674), l’une de ses compositions de la galerie des Glaces sur laquelle on distingue Louis XIV, que Le Brun montre humblement de la main. (Domaine public)

La galerie des Glaces sera un moteur pour développer les arts et les savoir-faire français. Ce formidable essor des arts et des techniques sera favorisé par la politique volontariste de Louis XIV, mise en place par le bourreau de travail Jean-Baptiste Colbert.

Pour illustrer cette politique, on retrouve au centre de la galerie des Glaces le plus grand tableau de l’ensemble, « Le Roi gouverne par lui-même » (1661) qui « fait le nœud principal de tout » dira Claude Nivelon, biographe de Le Brun. On y voit le Roi assis au centre de l’œuvre, habillé en armure romaine et tenant dans la main droite un gouvernail, symbole qu’il gouverne désormais par lui-même. La déesse Minerve, qui représente la sagesse et l’élévation de la pensée, et le dieu mythique de la guerre Mars montrent au Roi l’allégorie de la Gloire, assise sur un nuage et tendant au Roi une couronne d’immortalité. Sous entendu dans cette grande peinture, la Gloire est susceptible d’être obtenue par le Roi mais « ne peut être le prix que de sa sagesse [Minerve] et de son courage [Mars] » dira Pierre Rainssant, dans son « Explication des tableaux de la galerie de Versailles et de ses deux salons (1687). En bas à gauche, l’allégorie de la France est assise, tenant de la main droite un rameau d’olivier, symbole de paix, signifiant que la paix et la justice règnent désormais sur le royaume.

« Le Roi gouverne par lui-même », 1661, Charles Le Brun (Domaine public)

Si le Roi gouverne par lui-même, il le fait en réalité avec un formidable esprit collectif, s’entourant de ministres et de conseillers aussi brillants que talentueux, les écoutant et échangeant avec eux avant de prendre les décisions.

Le début de son règne sera marqué par la création des académies qui permirent de développer et d’encadrer les différentes formes de création artistique et intellectuelle. La première du genre sera l’Académie française en 1635, créée avant la naissance de Louis XIV par Richelieu pour protéger la langue française, sa littérature et son théâtre. Sur ce modèle seront créées l’Académie royale de peinture et de sculpture (1648), l’Académie royale de danse (1661), l’Académie royale des inscriptions et des belles-lettres (1663), l’Académie des sciences (1666), l’Académie royale de musique (1669) et l’Académie royale d’architecture (1671).

Dans chacun de ces domaines, des hommes au sommet de leur art vont organiser la recherche et la transmission des savoirs pour perpétuer l’excellence française au-delà des siècles. Le Roi supervisera toutes ces créations, nourri par un intérêt et un goût du bon sens pour chaque chose. Il développera ainsi l’astronomie, la botanique, la cartographie et la première école vétérinaire verra le jour dans les jardins de Versailles. Il sera le mécène de Molière et de Racine, dont les œuvres ont construit nos manières de penser et de nous exprimer jusqu’à aujourd’hui.

Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie Royale des Sciences créée en 1667, par Henri Testelin. Il s’agit de montrer Louis XIV mécène subventionnant les hommes de sciences et en rassemblant en France les meilleurs savants et artisans pour développer les connaissances et les savoir-faire à un point jamais atteint auparavant. On voit sur le fond du tableau l’observatoire de Paris en construction montrant l’intérêt du Roi pour l’astronomie. (Domaine public)

Avec son ministre des Finances Jean-Baptiste Colbert, le Roi mène une politique industrielle sans précédent en créant et en modernisant des manufactures dans toute la France. Le textile, les tapis, la sidérurgie, l’armement, la céramique, la construction navale, la verrerie, rien n’échappe à la production tant que cela a une valeur ajoutée. Seront créées la Manufacture royale des Gobelins pour les tapisseries (1662), la Manufacture de la Savonnerie pour les tapis (1663), la Manufacture royale de glaces de miroirs (1665) devenue aujourd’hui Saint-Gobain, la Manufacture royale de dentelle d’Alençon (1665), la Corderie royale à Rochefort (1666), la Compagnie royale des mines et fonderies (1666), la Manufacture de draps du Languedoc (1667) et beaucoup d’autres aux quatre coins du territoire.

Cela permet à l’économie française de bondir et de fleurir en seulement quelques années et de faire de ce début de règne l’une des périodes les plus prospères de l’histoire de France. C’est à cette époque que naissent le luxe et la mode français qui font encore aujourd’hui la réputation mondiale de l’excellence française.

L’Ordre rétabli dans les finances, 1662, Le Brun. On voit la déesse Minerve symbolisant la « Prudence du Roi, indignée des abus qui se commettaient dans les finances », selon François Charpentier (1684) en train de chasser les Harpyes. Les Harpyes symbolisent les « partisans » au XVIIe siècle, des financiers qui avançaient des sommes importantes à l’État en contrepartie du prélèvement des impôts indirects. Ils étaient détestés par le peuple. Louis XIV montre les Harpyes de la main droite et tient dans la main gauche la clef d’or de la cassette du trésor royal qu’il tend à la déesse de la Fidélité. La France avec son manteau fleurdelysé est représentée en train de demander au souverain de remédier à ces abus financiers. (Domaine public)

La galerie des Glaces est aussi un inventaire des principales mesures intérieures mises en place entre 1661 et 1678 et qui permirent ces avancées spectaculaires dans le pays. On retrouve en avançant dans la galerie : « Le Soulagement du peuple pendant la famine », »La Fureur des duels arrêtée », « Le Roi arme sur terre et sur mer », « La Réformation de la justice », « L’Ordre rétabli dans les finances », « La Protection accordée aux beaux-arts », « Les Ambassades envoyées des extrémités de la terre », « La Sûreté de la ville de Paris », « La Jonction des deux mers » et enfin « La Paix et l’Abondance ». Dans chaque tableau, des représentations divines sont représentées en train de seconder dans les cieux les actions du Grand Roi sur Terre.

Un formidable élan de créativité et de productivité s’empare de la France et de l’Europe dont nous récoltons encore les fruits aujourd’hui. La galerie des Glaces sera le symbole de ce Grand siècle créant, enseignant et développant les arts, les sciences et les techniques. Elle est aussi le témoignage de la sensibilité d’une époque portée par l’harmonie et la mesure qui caractérisent le classicisme français.

Le Grand Siècle et le génie de la paix

Après avoir traversé la galerie des Glaces, nous arrivons au Salon de la Paix. L’œuvre « La France donne la paix à l’Europe » au centre montre l’allégorie de la France sur un char tiré par quatre colombes symbolisant la paix retrouvée avec les puissances européennes.

Plafond du Salon de la Paix, « La France donne la paix à l’Europe ». (Epoch Times)

En même temps qu’elle va connaître un approfondissement des arts, des sciences et des techniques, la France va connaître un approfondissement spirituel. Saint François de Sales au début du XVIIe siècle puis Pascal élargissent les horizons de la spiritualité. L’avènement du Grand Siècle coïncide avec une nouvelle ère dans la recherche intérieure, métaphysique et spirituelle, peut-on lire dans le « Le mouvement spirituel du Grand Siècle ». Un siècle plus tôt, au moment de la Renaissance, le courant humaniste chrétien renoue avec une tradition ancienne qui « a posé les bases de la culture de l’Occident en opérant la fusion de la culture antique et du christianisme en une unité durable », selon « Le XVIIe siècle, siècle de Saint Augustin ». « On célèbre la concorde d’Aristote et de Platon, et l’harmonie entre la Bible et la philosophie antique ».

De ce mariage civilisationnel, naîtra le classicisme français, un nouvel idéal moral mariant la raison et la foi, et qui inondera l’esprit des Français. Cet équilibre engendrera un foisonnement presque infini dans les arts qui vont s’épanouir et être encadrés dans les académies royales et rayonner ensuite au-delà des frontières.

Comme lors du « Siècle des cathédrales » de Saint Louis, le génie mathématique, technique et architectural est mis au service de la représentation du divin, de la relation de l’homme avec les cieux et le cosmos. Plus que jamais, on cherche à comprendre l’âme humaine. Le Grand Siècle coïncidera avec un modèle de société où le spirituel et la recherche de la vérité seront protégés et encouragés par le Roi, contrairement au mensonge, à la fausse dévotion, au cynisme, à la vanité, à l’avarice et au pessimisme qui seront détestés et moqués, notamment dans le théâtre de Molière.

Dans la haute société, la recherche de l’honnêteté devient un modèle et un idéal moral. « Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude » dira Molière de Louis XIV. Le philosophe Dominique Parodi explique dans « L’honnête homme et l’Idéal moral du XVIIe et du XVIIIe siècle » : « La noblesse et le Roi à Versailles, le Parlement, la noblesse de robe, la bourgeoisie éclairée à Paris, ici et là la vie de société triomphe; politesse, urbanité, civilité, commerce des hommes entre eux, galanterie, préciosité parfois, désir de plaire et surtout de conquérir, par l’esprit et les belles manières, tout cela se développe et se raffine. »

Allégorie à Louis XIV, protecteur des Arts et des Sciences (1670), Jean Garnier (1632-1705). Le tableau montre l’abondance du royaume et « l’harmonie ou les parfaits accords qui se rencontrent dans le gouvernement de l’État », comme l’indiquait Guillet de Saint-Georges, premier historiographe de l’Académie royale de peinture et de sculpture. On trouve des instruments de musique très appréciés par le Roi, une pile de livres, symboles du savoir et de la sagesse, un compas emblème des sciences exactes et de la rigueur mathématique, ainsi qu’un globe céleste évoquant la connaissance de l’Univers. (Domaine public)

Cette prospérité au XVIIe siècle atteint son apogée entre 1661 et 1684. Versailles était alors considéré comme le centre de tous les royaumes, un centre spirituel et un centre des arts. On parlait au XVIIe siècle d’une véritable «Europe française» vivant au rythme des nouveautés et des modes nées à Versailles et d’un « âge d’or » de l’art divin. Pendant cette période, la France a été réputée pour son incroyable créativité et prospérité qui la feront rayonner dans le monde jusqu’à aujourd’hui.

La deuxième partie du règne de Louis XIV entre 1684 et 1715 sera marquée par les fruits de cette prospérité mais aussi par des tensions religieuses au sein du royaume. Les libertins veulent s’affranchir des croyances et des mœurs traditionnelles, tandis que les jansénistes ont une vision rigoriste et excessive de Dieu. Pour réaliser l’unité religieuse de son royaume, Louis XIV révoque l’Édit de Nantes en 1685 qui octroyait une liberté de culte aux protestants. Cette décision qui fut très populaire auprès des Français eut des conséquences délétères en Europe. Le royaume connaîtra de nouvelles guerres et des famines causées par des événements climatiques extrêmes.

Épilogue

L’esprit du Grand Siècle reste encore aujourd’hui un mystère qui n’a pas livré tous ses secrets. La galerie des Glaces ressemble à un « manuel de civilisation » universel laissé à la postérité, un témoin du génie français du XVIIe siècle. Il montre comment parvenir à la paix par une politique « courageuse et sage » protégeant le peuple, par un développement des arts, des sciences et des techniques et un approfondissement spirituel conjoint. S’intéresser à cette période historique est une source de richesses et découvertes, chaque porte ouverte montrant un espace de sagesse et d’ingéniosité, un ensemble de repères utiles en ces temps de moins en moins civilisés.

La culture et l’histoire françaises sont notre bien commun, elles font partie de l’âme française, c’est-à-dire de l’âme de chacun de ses citoyens. Elles nous inspirent et nous rappellent d’être loyal, courageux et honnête, et de garder espoir dans les périodes les plus sombres de notre histoire. Elles montrent la grandeur et le destin de notre pays incarnés par un homme ou par une femme, comme il pourrait l’être par chacun.

Avec « Défendre la France », Epoch Times veut rappeler aux Français les valeurs et la riche histoire de notre nation. Si les Français cherchent à mieux comprendre la profondeur de leur histoire, son lien millénaire avec ce qui nous dépasse, ils trouveront alors une alternative profonde à la confusion du moment.

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