Les ultimes déclarations publiques de Xi Jinping pour maquiller la vérité

Déchiffrer certains des récents mensonges de Pékin

Par Stu Cvrk
7 juillet 2022 04:54 Mis à jour: 7 juillet 2022 04:54

Il existe un vieil adage auquel beaucoup de gens souscrivent : « Comment savoir si un homme politique ment ? Quand ses lèvres bougent. » Si on remplace « homme politique » par « communiste », l’exactitude de l’adage est valable dans plus de 95 % des cas.

Examinons les derniers mensonges du dirigeant chinois Xi Jinping, qui ont été consciencieusement amplifiés et propagés par les médias d’État chinois.

La « démocratie populaire intégrale »

Le 27 juin, Xi a fait un discours visant à solliciter l’opinion publique en vue du XXe Congrès national prévu cet automne. Selon le China Daily, Xi a affirmé que « la collecte des opinions publiques en ligne est un exemple de démocratie populaire intégrale ».

Selon le Quotidien du Peuple : « La démocratie populaire intégrale comprend des élections démocratiques, des consultations, des prises de décision, de la gestion et de la surveillance. Elle fusionne avec la volonté de l’État. »

Sans aucun doute ! Une volonté de l’État qui ne manque pas de se manifester par des règles autoritaires, arbitraires, et les diktats du Parti communiste chinois (PCC). Cette démocratie ne repose en aucun cas sur la contribution des citoyens chinois. Voilà donc comment il convient d’interpréter correctement les propos de Xi : nous sommes ravis de recevoir les opinions du public, mais le PCC décidera en dernier lieu de ce qui est le mieux pour la Chine.

La « démocratie populaire intégrale » de Xi, c’est la corruption totale des partis politiques approuvés par le PCC, le contrôle absolu du processus de sélection des candidats pour les postes « élus » à tous les niveaux de l’administration, l’intimidation, la coercition et le conditionnement psychologique des citoyens pour qu’ils se conforment et s’en remettent aux décisions du PCC en toutes circonstances.

Il ne s’agit certainement pas de démocratie telle qu’on la conçoit ailleurs dans le monde, et pour le PCC absurde est l’idée que l’opinion publique puisse avoir voie au débat.

Dans la Chine communiste, on peut, bien sûr, faire part du fond de sa pensée concernant le Parti… si on est prêt à  être persécuté.

Peut-être Xi sollicite-t-il simplement la contribution des 95 millions de membres du PCC dont on se doute qu’ils resteront bien en rang, mais il y a probablement un enjeu plus subtil.

Cet article mentionnait également que « de nombreuses suggestions du grand public sollicitées via la plateforme Internet ont été prises en compte dans le rapport sur le travail du gouvernement présenté lors de la session annuelle du Congrès national du peuple ».

Puisqu’aucun exemple spécifique n’a été donné, peut-être s’agit-il de créer une apparence de démocratie dans laquelle Xi utilise en réalité les membres du PCC pour soumettre leurs opinions en ligne. Toute cette mascarade vise à présenter le régime comme une démocratie participative au sens occidental – mais « selon les caractéristiques du communisme chinois ».

Portraits d’avocats chinois des droits de l’homme détenus, Jian Tianyong (à g.) et Wang Quanzhang (au c.) ; les militants pro-démocratie de Hong Kong observent une manifestation silencieuse en soutien aux avocats défenseurs des droits humains incarcérés devant la Cour d’appel dans le district central de Hong Kong, le 9 juillet 2017. (Tengku Bahar/AFP/Getty Images)

Xi appelle à la coopération mondiale

Le 26 juin, comme le rapporte l’agence de presse Xinhua, Xi a appelé à des « partenariats de haute qualité pour une nouvelle ère de développement mondial » lors d’une visioconférence intitulée « Dialogue de haut niveau sur le développement mondial ».

Parmi les participants figuraient le président russe Vladimir Poutine, le premier ministre indien Narendra Modi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le vice-président brésilien Hamilton Mourao et le président iranien Seyyed Ebrahim Raeisi, ainsi que les présidents et premiers ministres d’une dizaine d’autres pays  d’Asie ou du Moyen-Orient, des pays en quête d’alternatives au système économique, législatif et financier mondial dominé par l’Occident.

Ces dernières années, Xi a fait avancer le grand plan des Nations unies, intitulé « Transformer notre monde : le Programme 2030 pour le développement durable », notamment lors de cette récente réunion. Pékin tente de subordonner l’ONU et ses diverses organisations, tout en supplantant les États-Unis en tant que seule superpuissance mondiale. La promotion du plan de l’ONU le rapproche de ces objectifs.

Le « développement durable » est un euphémisme qui touche à quatre secteurs essentiels : société, environnement, culture et économie. La dimension environnementale est fondamentale pour Xi, car la Chine est devenue le premier fournisseur mondial de panneaux solaires et d’autres technologies dites « vertes ». « Durable » signifie en définitive rentable pour le régime chinois. Beaucoup de fioritures dans ce discours, comme de coutume, autours des expédients indispensables du PCC pour atteindre ses objectifs de domination mondiale.

Les « partenariats de hautes qualité » de Xi, font référence au projet d’infrastructure mondial géant de la Chine, la fameuse Initiative Ceinture et Route (ICR), qui concrètement est une vaste toile d’araignée visant à engluer un maximum de pays dans le piège d’une dette insolvable. En bref, les « partenariats » mis en avant par Xi suivent les termes chinois et ne sont en aucun cas gagnant-gagnant comme il est de mise dans un partenariat.

Xi soutient-il le programme 2030 de l’ONU ?

Dans le programme de l’ONU, on peut lire : « Nous envisageons un monde où règnent le respect universel des droits de l’homme et de la dignité humaine, l’État de droit, la justice, l’égalité et la non-discrimination ; le respect de la race, de l’ethnie et de la diversité culturelle ; l’égalité des chances permettant la pleine réalisation du potentiel humain et contribuant à une prospérité partagée. »

Au cours de la réunion, Xi a déclaré : « Ce n’est que lorsque les gens du monde entier vivent mieux que la prospérité peut être soutenue, la sécurité sauvegardée et les droits de l’homme solidement ancrés. »

Pour « sauvegarder la sécurité », on peut se fier à la Chine, certes, et les Ouïghours, les Tibétains, les pratiquants de Falun Gong, les chrétiens et autres groupes minoritaires et religieux persécutés peuvent en témoigner. Les droits de l’homme aux caractéristiques chinoises sont en effet « solidement ancrés », et même très solidement… dans la torture.

Manifestations visant à dénoncer le terrible bilan de la Chine en matière de droits de l’homme durant Jeux olympiques d’hiver de Pékin, devant l’ambassade de Chine à Séoul, en Corée du Sud, le 9 février 2022. (Jung Yeon-je/AFP via Getty Images)

Au cours de cette visioconférence, Xi a affirmé que son objectif était d’aider à « construire une économie mondiale ouverte, et à façonner un système de gouvernance mondiale et un environnement institutionnel plus juste et équitable. »

Doit-on croire que le leader de la Chine mercantile est de bonne foi engagé à établir un système de gouvernance mondiale  « plus juste et équitable » que celui proposé par les organisations internationales existantes ? Allons donc !

La Chine est une économie étroitement contrôlée et ultra-réglementée, un régime totalitaire qui accélère les progrès en matière de surveillance technologique pour ne laisser aucune intimité à ses citoyens.

Le 20 juin, le China Daily a cité les commentaires de Xi sur le sempiternel sujet de la corruption faites lors d’une session d’étude du Politburo. Xi a déclaré que « davantage d’efforts doivent être déployés pour réduire les risques de corruption parmi les fonctionnaires. Il s’agit désormais de cibler les départements en charge de l’élaboration des politiques, de leur approbation, supervision, et ceux en charge de faire appliquer la loi. »

Les campagnes de lutte contre la corruption sont la marque de fabrique de Xi Jinping en tant que dirigeant du PCC. Elles présentent un triple avantage pour le chef du Parti : elles lui permettent de purger ses rivaux, les autres factions ; elles sont populaires auprès du grand public, quotidiennement témoin de la corruption institutionnelle du PCC ; elles permettent de détourner l’attention des conséquences désastreuses liées aux politiques du PCC.

Dix ans après avoir annoncé sa première « guerre contre la corruption », Xi a toujours maintenu le cap. Donc, immanquablement, la question de la corruption était de nouveau à l’ordre du jour lors de la récente réunion du Politburo. Selon le China Daily, « les organes de lutte contre la corruption dans tout le pays ont enquêté sur plus de 4 millions de cas [de corruption] entre novembre 2012 et octobre 2021. Plus précisément, 4,37 millions de fonctionnaires, dont 484 hauts fonctionnaires, ont dû rendre des comptes sur leur pratiques délictueuses. »

Pourtant, au bout de dix ans, Xi prétend que la corruption est toujours un problème majeur. Soit la Commission centrale d’inspection de la discipline est totalement incompétente, soit elle est tout autant corrompue. Mais il est plus probable que Xi veuille profiter d’un des trois avantages directs mentionnés ci-dessus dont il bénéficiera en relançant l’argument de la corruption.

Conclusion

Rien de ce que Xi déclare publiquement ne doit être pris au pied de la lettre. Pour comprendre la véritable signification de ces propos, il faut déchiffrer soigneusement chaque énoncé, typiquement marxiste par son double-sens, chaque euphémisme. Trois énoncés mentionnés précédemment en sont l’illustration : « solliciter l’opinion publique » ; « appeler à des partenariats de qualité » ; « lutter contre la corruption ».

Pour faire ressortir plus rapidement les objectifs véritables encodés dans les paroles du dirigeant chinois, il est commode d’ajouter derrière chacun de ses énoncés : « selon les caractéristiques du communisme chinois ».

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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