Des Afrikaners arrivent aux États-Unis en tant que réfugiés, attisant les tensions avec Pretoria

Par Darren Taylor
14 mai 2025 12:51 Mis à jour: 15 mai 2025 20:03

JOHANNESBURG – Un premier avion a atterri aux États-Unis transportant des Afrikaners – des Sud-Africains blancs – qui seront réinstallés aux États-Unis en tant que réfugiés en vertu d’un décret promulgué par le président américain Donald Trump.

Les autorités sud-africaines ont confirmé à Epoch Times qu’un jet privé affrété par le gouvernement américain et transportant 49 Afrikaners avait quitté l’aéroport international O.R. Tambo, près de Johannesburg, dimanche en fin de journée.

Ces demandeurs d’asile affirment ne pas avoir d’autre choix que de quitter l’Afrique du Sud, invoquant notamment des taux de chômage et de criminalité élevés mais également, selon eux, un environnement qui donne aux blancs l’impression de ne pas être les bienvenus.

Le 7 février, M. Trump a ordonné l’arrêt de toute aide financière américaine à l’Afrique du Sud invoquant le fait que le gouvernement majoritairement noir pratiquerait une forme de discrimination à l’encontre de la minorité blanche. Il a également reproché au gouvernement sud-africain d’être étroitement lié à l’Iran et « d’avoir adopté des positions agressives » à l’égard d’Israël.

Le président américain a précisé que son gouvernement allait soutenir la réinstallation de ces « réfugiés afrikaners qui fuient la discrimination raciale – soutenue par le gouvernement – et notamment la confiscation de biens à des fins de discrimination raciale » en Afrique du Sud, a-t-il dit.

Pretoria a mis en œuvre des politiques dites de discrimination positive et d’émancipation économique en soutien aux populations noires, en encourageant notamment l’emploi des citoyens noirs. Pour autant le gouvernement a nié avoir saisi des terres appartenant à des résidents blancs.

Selon le gouvernement sud-africain, certaines lois sont nécessaires pour créer une société plus égalitaire après des décennies de régime d’apartheid sous contrôle de la minorité blanche.

Les Sud-Africains, toutes races confondues, subissent des taux de criminalité violente parmi les plus élevés au monde, les projecteurs étant souvent braqués sur les meurtres brutaux de fermiers blancs.

Sam Busa, une femme d’affaires sud-africaine qui a créé l’agence « Amerikaners » pour aider ceux qu’elle appelle « les Sud-africains privés de leurs droits qui cherchent un nouvel avenir aux États-Unis », s’est confiée à Epoch Times : « Je suis soulagée que ces Afrikaners puissent se construire une nouvelle vie dans un pays sûr qui valorise la liberté. Le gouvernement sud-africain utilise des lois racistes pour opprimer les minorités. Je remercie le président Trump et toute son administration pour leur attention et leur intérêt, ainsi que pour leur courage car ils font face à de vives critiques pour avoir fourni de l’aide aux minorités sud-africaines. »

Alvin Botes, vice-ministre sud-africain des relations internationales et de la coopération, a assuré que son gouvernement n’empêcherait aucun citoyen de quitter le pays, même s’il n’est pas d’accord avec les raisons qui le poussent à émigrer.

« En tant que personnes ayant vécu l’apartheid, nous savons à quoi ressemble le racisme et ce que l’on ressent », a-t-il indiqué à Epoch Times. « Bien que nous soyons fondamentalement en désaccord avec les allégations formulées à notre encontre, nous ne ferons pas obstacle à quiconque exerce son droit démocratique d’émigrer légalement. »

Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, a déclaré que « ce qui se passe est très inquiétant. Les États-Unis s’attaquent à la souveraineté de l’Afrique du Sud. »

Dans un communiqué publié vendredi, le Département Sud-africain des Relations Internationales et de la Coopération (DIRCO : Department of International Relations and Cooperation) a déclaré que la réinstallation par M. Trump d’Afrikaners en invoquant le fait qu’ils sont persécutés pour des raisons raciales est un « prétexte » qui est « entièrement motivé par des raisons politiques ».

Le décret de Donald Trump fait également référence à « la rhétorique haineuse et aux actions du gouvernement qui alimentent une violence disproportionnée contre les propriétaires terriens défavorisés pour des raisons raciales ».

Dans un post sur X en 2018, M. Trump avait fait référence au « massacre à grande échelle d’agriculteurs » en Afrique du Sud.

Son conseiller, le milliardaire d’origine sud-africaine Elon Musk, a condamné ce qu’il estime être un « génocide des Blancs » dans le pays.

Selon le communiqué du DIRCO, les statistiques des services de police sud-africains sur les crimes liés à l’agriculture « ne confirment pas les allégations de crimes violents visant les agriculteurs en général ou une race en particulier ».

« Il existe suffisamment de structures en Afrique du Sud pour répondre aux préoccupations en matière de discrimination. En outre, même s’il existe des allégations de discrimination, nous estimons qu’elles n’atteignent pas le seuil de persécution requis par le droit national et international des réfugiés. »

Ernst Roets, de l’organisation de défense des droits des Afrikaners Afriforum, a expliqué à Epoch Times que « ce n’est pas comme si M. Trump ouvrait les portes de l’Amérique à un million d’Afrikaners. D’après ce que j’ai entendu, le gouvernement américain est très sélectif quant aux personnes qu’il accepte comme réfugiés en provenance d’Afrique du Sud ».

Peu avant d’embarquer pour la capitale américaine, Kirsten van Deventer, 48 ans, a parlé aux journalistes : « Je dois nourrir mes enfants. Je n’arrive pas à trouver un emploi. J’ai postulé à des emplois, mais les entreprises me rejettent dès qu’elles voient que je suis blanche. Je n’ai pas d’autre choix que de partir, même si j’ai peur, car je ne connais pas grand-chose de l’Amérique. »

Meisie van Tonder a confié qu’elle et sa famille n’étaient pas heureuses en Afrique du Sud.

« Le gouvernement nous donne l’impression que les blancs n’ont pas leur place », a-t-elle déploré.

Vendredi, le secrétaire général adjoint de la Maison-Blanche, Stephen Miller, a fait savoir aux journalistes que le vol de dimanche soir serait le premier d’un « effort de relocalisation à plus grande échelle ».

Il a affirmé que le traitement des Afrikaners en Afrique du Sud « correspond à la définition classique de la raison pour laquelle le programme de réfugiés a été créé ».

« Il s’agit d’une persécution fondée sur une caractéristique protégée, en l’occurrence la race. C’est une persécution fondée sur la race », a-t-il ajouté.

Le DIRCO a estimé que les allégations selon lesquelles le gouvernement sud-africain pratiquerait une discrimination à l’encontre des Afrikaners étaient « infondées ».

Selon la déclaration : « Il est très regrettable qu’il apparaisse que la réinstallation de Sud-africains aux États-Unis sous le couvert du statut de « réfugiés » soit entièrement motivée par des considérations politiques et destinée à remettre en question la démocratie constitutionnelle de l’Afrique du Sud, un pays qui a en fait subi de véritables persécutions sous le régime de l’apartheid et qui a travaillé sans relâche pour empêcher que de tels niveaux de discrimination ne se reproduisent, notamment en inscrivant des droits dans notre Constitution, qui est appliquée vigoureusement par le biais de notre système judiciaire. »

M. Botes a indiqué qu’il s’était entretenu vendredi avec le secrétaire d’État adjoint américain, Christopher Landau, au sujet de la « question des Afrikaners ».

« La discussion s’est déroulée dans le respect et la cordialité », a-t-il ajouté. « Nous avons convenu de nous parler davantage dans un avenir proche, car nous sommes arrivés à un point de désaccord. »

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