Des chercheurs ont retrouvé de la vaisselle en verre millénaire dans une épave romaine en Méditerranée

Par Michael Wing
29 août 2023 08:56 Mis à jour: 29 août 2023 08:56

Des milliers de pièces de vaisselle romaine en verre se trouvaient à bord d’un navire qui aurait coulé en Méditerranée il y a environ 1700 ans, selon un communiqué de presse. Elles ont été retrouvées. Certaines ont été récupérées.

En juillet, des chercheurs français et italiens ont exploré une partie du fond marin entre les îles de Cap Corso, en France, et de Capraia, en Italie. À une profondeur de 350 mètres, deux véhicules télécommandés (ROV) ont été déployés pour prendre des photos et des vidéos haute définition de ce que l’on pensait être une épave romaine. Ils ont extrait du site plusieurs pièces de verre anciennes de la cargaison du navire.

Décrite comme « parfaitement conservée », la fragile cargaison comporte divers objets en verre comme des bouteilles, des assiettes, des tasses, des bols et des amphores – de grandes jarres romaines ou grecques à deux anses et au col étroit – selon un communiqué de presse du ministère italien de la Culture. Deux vasques en bronze ont également été retrouvées.

De la verrerie romaine âgée d’environ 1700 ans a été trouvée sur le site d’un naufrage entre les îles de Cap Corso, en France, et de Capraia, en Italie, en juillet 2023. (©ManuelAñò-ProdAqua)

L’opération conjointe en eaux profondes a impliqué la Surintendance nationale du patrimoine culturel subaquatique du ministère et le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) du ministère français de la Culture. Un archéologue représentant l’Inrap français a également participé à l’opération.

L’épave a été découverte pour la première fois par Guido Gay, ingénieur talentueux et innovateur en matière de ROV (Remotely Operated underwater Vehicle : véhicule sous-marin téléopéré), dans les eaux territoriales italiennes en 2012. Le navire coulé, baptisé Capo Corso 2, a d’abord été signalé au DRASSM. Des chercheurs français ont immédiatement exploré le site en 2013. Une mission de photogrammétrie et de mini-échantillonnage a suivi en 2015.

Il ne fait aucun doute que des discussions ont eu lieu sur l’emplacement de l’épave. En juin 2016, le DRASSM a proposé une exploration conjointe avec le ministère italien de la Culture. Une collaboration a été lancée en 2022.

En juillet 2023, le navire de recherche Alfred Merlin, mis à disposition par le DRASSM, a été envoyé sur place. Lors de la première étape de l’expédition, un inventaire photogrammétrique des éventuelles perturbations d’origine humaine sur le site a été réalisé. Le chalutage en eaux profondes a pu déplacer la sédimentation ou le contenu de l’épave elle-même.

(Gauche) Navire expérimental Alfred Merlin du DRASSM ; (Droite) le robot sous-marin Arthur. (©ManuelAñò-ProdAqua)

Deux ROV ont été utilisés pour mener à bien ces recherches. Le nouveau prototype Arthur, le plus petit et le plus léger ROV de sa catégorie, pouvant aller jusqu’à 2500 mètres de profondeur, devait non seulement enregistrer des vidéos en haute définition, mais aussi ventiler ou aspirer les sédiments et récupérer des objets. Le second ROV, l’Hilarion, piloté par l’archéologue du DRASSM Dennis Degez, capturera des images en haute définition au fur et à mesure du déroulement de la mission.

Après l’inspection initiale du site, Arthur a procédé au nettoyage des dépôts dans certaines zones pour mieux identifier les artefacts. Enfin, une sélection d’objets a pu être récupérée avec le délicat système de griffes d’Arthur.

« L’épave du Capo Corso 2, dont la cargaison a été parfaitement conservée, constitue un défi pour tous les chercheurs impliqués qui pourront reconstituer une page de l’histoire du commerce en Méditerranée, » a déclaré le ministère italien de la culture. Ils devront également « perfectionner les nouvelles technologies permettant de l’explorer et d’étudier un contexte environnemental particulier, qui n’a pas encore fait l’objet de recherches intensives ».

Le ROV Arthur explore le site présumé d’une épave romaine datant de la fin du 1er siècle ou du début du 2e siècle de notre ère. (©M.Añò-V.Creuze-D.Degez)

Selon les chercheurs, le navire romain a dû partir d’un port situé quelque part au Moyen-Orient – peut-être le Liban ou la Syrie – et se diriger vers la côte provençale française. C’est ce qui ressort du contenu de la cargaison.

Le communiqué de presse précise que parmi les amphores « carottes » d’origine orientale, figurent un type trouvé à Beyrouth et d’autres d’origine gauloise. La cargaison comptait également des blocs de verre brut, destinés à la fabrication, de différentes tailles et pesant plusieurs tonnes. Ces éléments, ainsi que la quantité de pièces de vaisselle, ont permis de déterminer le lieu d’origine présumé du navire.

Des chercheuses italiennes et françaises examinent une amphore extraite du site d’une épave romaine dans les eaux territoriales italiennes. (©ManuelAñò-ProdAqua)

Jusqu’à présent, les chercheurs ont pu établir la date du naufrage entre la fin du Ier et le début du IIe siècle de notre ère. Capo Corso 2 est la seconde épave romaine connue contenant une telle cargaison de verre.

Parallèlement, la récente mission est la première à avoir observé les écosystèmes biologiques présents à l’intérieur des épaves. La Surintendance nationale a fait réaliser une étude sur la colonisation biologique des fonds marins et sur les objets de la cargaison, qui contribuera à la préservation du site, selon le communiqué de presse.

Des recherches plus approfondies sur le contenu de la cargaison pourraient permettre de mieux comprendre la chronologie du navire et l’itinéraire de ce qui devait être son dernier voyage.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.