La « vraie richesse » : Samuel Lewis « paysan-artiste » mène une vie simple en autonomie en Bretagne

Par Vincent Solacroup
20 avril 2024 12:35 Mis à jour: 20 avril 2024 22:59

À 37 ans, Samuel Lewis n’a jamais été scolarisé ni salarié : ce « paysan-artiste » britannique installé en Bretagne vit presque sans argent, en cultivant céréales et légumes à la main pour « sa nourriture de base ». Une quête d’autosuffisance qu’il partage sur internet ou lors de stages gratuits.

« La vraie richesse, c’est une bonne terre et tout ce qu’elle nous donne » lance-t-il, un grand sourire aux lèvres, en faisant visiter son « coin de paradis ».

Trois hectares dans un hameau à Duault près de Callac (Côtes d’Armor), répartis en 35 parcelles : avec son père Gareth, d’origine galloise, il y cultive seigle, blé noir, haricots, pommes de terre, fruits et autres légumes du potager. Uniquement pour la consommation familiale.

« L’objectif, c’est de faire ma nourriture de base », résume-t-il. Les 500 arbres qu’il a plantés lui fournissent des pommes pour faire son cidre ou du bois pour se chauffer. Légumes et céréales font d’excellentes soupes ou salades, du pain, des galettes. Ici, ni tracteur ni motoculteur : il travaille « à l’ancienne » – et seulement l’après-midi. Ses outils de prédilection sont la houe, la faucille ou le fléau, achetés d’occasion ou fabriqués dans son atelier. Des voisins plus âgés lui ont en appris le maniement. « Je suis le seul en Europe occidentale à cultiver les céréales à la main », proclame-t-il avec un fort accent d’outre-Manche.

Il n’a pas d’animaux dans sa ferme : ni de vache pour le lait ou de cheval pour l’aider aux travaux agricoles, selon Actu.fr. Car cela demanderait de produire pour les alimenter et pourrait aussi générer des frais supplémentaires. « Je ne gagne pas d’argent avec ma production, donc je ne veux pas créer de dépenses. Je veux juste garder l’équilibre et produire de quoi me nourrir », confie t-il.

Pull en laine fait maison, sabots en bois, cheveux longs et rares, barbe rousse tressée sous le menton, Samuel Lewis, avec son allure de barde sorti d’un conte, s’installe devant un feu de bois. Il raconte un parcours atypique, en marge d’une société de consommation qu’il rejette.

Ne pas dépendre de l’argent pour vivre

En 1994, les Lewis quittent le nord de l’Angleterre et viennent s’installer en Centre-Bretagne. Ils y rachètent à bas prix une ruine qu’ils vont retaper « pour avoir plus d’espace » pour leurs deux filles et leur fils. Autodidacte, Samuel n’ira jamais à l’école, apprend à lire avec l’aide de sa mère, aujourd’hui décédée.

Avec l’adolescence vient l’heure des questionnements. « Chaque chose qu’on fait comme métier dégrade l’environnement », estime-t-il. « Déjà à 16 ans j’étais attaché à mon jardin. Pour moi c’était pas possible (de travailler) dans un bâtiment toute la journée ! »

L’agriculteur britannique Samuel Lewis travaille dans son jardin à Duault, dans l’ouest de la France, le 2 avril 2024. (FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)

Il préfère cultiver ce jardin, son amour de la terre, mener une vie simple, respectueuse de l’environnement. Ne pas dépendre de l’argent pour vivre. « Ce que je fais, c’est l’antithèse de l’agriculture moderne, je ne vends rien » dit-il. « La terre, on l’a tuée avec l’agriculture moderne ! » « Si on ne change pas le monde, on peut changer sa vie », dit-il encore à Actu.fr.

Il ne rejette pas le confort ou la modernité, partage la maison où vivent son père et sa sœur, pour les repas ou l’internet. Mais il préfère dormir dans la petite bâtisse voisine, sans électricité ni eau courante.

Une « vie simple »

Ce « paysan-artiste », comme il se décrit, dessine, tous les matins, depuis tout petit. Son personnage fétiche, Tim le jardinier, est au cœur d’un livre, co-écrit avec son père et récemment publié par les éditions Ulmer, « La vie simple », mêlant réflexions philosophiques et guide illustré de jardinage.

Ses seuls revenus proviennent de ce livre et du mensuel qu’il rédige avec son père et sa sœur Bethan, le Central Britanny Journal, destiné à la communauté britannique de sa région et tiré à 2500 exemplaires. Il refuse les aides sociales. « On ne peut pas se passer d’argent », reconnaît-il. Mais pas question de « courir après l’argent ».

(FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)

En autonomie mais pas coupé du monde

Le peu qu’il gagne lui permet d’aider son père à payer les factures, les rares courses alimentaires du foyer, le carburant des deux vieilles voitures de la famille. Ou d’aller boire un verre au bar ou au fest-noz du coin avec des amis. Ainsi, il va quelques fois au Ch’ty Coz, le café de pays à Bulat, ou au café associatif de Callac, rapporte Actu.fr. « Le relationnel avec les gens est aussi important pour moi que le jardin ! Ma terre est une ouverture vers les gens, on parle de mon jardin, de mes légumes, de mes livres sur mon potager », explique-t-il.

Samuel Lewis dit n’acheter quasiment rien ou alors d’occasion, vêtements ou outils chinés dans des brocantes. Un style de vie, concède-t-il, rendu possible parce qu’il a accès aux commodités de la maison familiale.

Cette « vie simple », il souhaite la faire connaître, notamment sur les réseaux sociaux, Instagram ou Facebook. Une vidéo que le média en ligne Brut lui a consacré, a été vue 1,3 million de fois. Depuis 2022, il organise régulièrement journées portes ouvertes et formations gratuites sur sa ferme vivrière. Il ne souhaite pas forcément convertir les visiteurs, mais au moins montrer, notamment aux jeunes générations, qu’une autre voie est possible.

« Quand j’étais jeune, on m’a culpabilisé sur la vie que je voulais mener », se souvient-il. « Tout ce dont nous avons besoin, la terre nous le donne. Si on sait la cultiver, on peut vivre dans un environnement magnifique, manger de la bonne nourriture, faire un bon feu pour se réchauffer. » La recette du bonheur simple, selon Samuel Lewis.

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