Des documents internes de Twitter dévoilent l’implication de grands acteurs démocrates dans le mensonge du Russiagate

Par Mimi Nguyen Li & Tom Ozimek
14 janvier 2023 12:45 Mis à jour: 15 janvier 2023 06:23

La dernière publication des Twitter Files montre comment de grands acteurs démocrates ont mis en avant le faux narratif des « bots russes » lié au Russiagate faisant la promotion d’un mémo central de la Commission du renseignement de la Chambre des représentants qui détaillait les efforts déployés pour espionner la campagne Trump.

Le 14e lot de Twitter Files a été publié le 12 janvier par le journaliste Matt Taibbi. À un moment crucial de l’enquête Trump-Russie, les démocrates ont prétendu que des « bots russes » diffusaient le rapport explosif du président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, Devin Nunes (Parti républicain-Californie).

« À un moment crucial lié à une colère qui dure depuis des années », explique Matt Taibbi, « les démocrates ont dénoncé un rapport sur les failles de l’enquête Trump-Russie, affirmant qu’il avait été boosté par des ‘bots’ et des ‘trolls’ russes. »

« Les responsables de Twitter étaient consternés, ne trouvant aucune preuve d’influence russe », poursuit le journaliste.

Matt Taibbi a partagé des captures d’écran de la correspondance adressée par des cadres de Twitter à plusieurs démocrates du Congrès, dont le représentant Adam Schiff (Parti démocrate-Californie) et la sénatrice Dianne Feinstein (Parti démocrate-Californie), confirmant que Twitter n’avait « identifié aucune activité significative liée à la Russie en ce qui concerne les tweets publiant du contenu original sur ce hashtag [#ReleaseTheMemo] ».

Le hashtag #ReleaseTheMemo s’est répandu comme une traînée de poudre sur Twitter, arrivant en tête de la liste des tendances à partir du 18 janvier 2018 et reflétant l’appel généralisé à rendre public le mémo alors classifié soumis par Nunes, qui était à l’époque le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants.

Largement désigné comme le mémo Nunes (pdf), il a ensuite été déclassifié sur ordre du président de l’époque, Donald Trump, le 2 février 2018.

Le mémo montrait comment le FBI, sous l’administration Obama, avait utilisé des informations non vérifiées (le tristement célèbre Dossier Steele financé par la campagne présidentielle d’Hillary Clinton et le Comité national démocrate) pour obtenir un mandat FISA afin d’espionner Carter Page, conseiller dans la campagne Trump, dans le cadre d’une enquête sur l’ingérence présumée de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016.

Les affirmations formulées dans le mémo Nunes ont été confirmées par l’inspecteur général du département de la Justice, Michael Horowitz, dans son rapport, publié le 9 décembre 2019.

Devin Nunes (Parti républicain-Californie), le 19 novembre 2019. (Shawn Thew-Pool/Getty Images)

La pression des démocrates et des médias

Les représentants Matt Gaetz (Parti républicain-Floride) et Steve King (Parti républicain-Iowa) lancent le hashtag #ReleaseTheMemo le 18 janvier 2018. Le lendemain, ils rejoignent un groupe de 65 républicains de la Chambre des représentants demandant la déclassification du mémo. Un grand nombre de ces parlementaires, qui représentent collectivement des millions d’électeurs relayent le hashtag sur Twitter.

De ce fait, quelques jours plus tard, le 23 janvier 2018, des parlementaires démocrates, dont Dianne Feinstein et Adam Schiff, envoient une lettre ouverte à Jack Dorsey, alors PDG de Twitter, et à Mark Zuckerberg, PDG de Facebook. Ils les appellent à enquêter sur des « bots et trolls russes entourant la campagne en ligne #ReleaseTheMemo ».

La lettre de Dianne Feinstein et Adam Schiff conduit le sénateur Richard Blumenthal (Parti démocrate-Connecticut) à publier lui-même une lettre (pdf) plus tard dans la journée. Il affirme également que le hashtag fait partie d’une campagne de désinformation russe.

« Nous trouvons répréhensible que des agents russes manipulent avec autant d’empressement des Américains innocents », écrit-il.

Pourtant avant qu’il publie sa lettre, le personnel de Twitter a expliqué à ses collaborateurs n’avoir aucune trace de bots russes. Les employés de Twitter ne croient pas à l’ingérence russe.

De nombreux grands médias entrent alors en jeu et affirment que des bots et des trolls russes sont à l’origine du succès du hashtag. Tous citent une seule et même source : le Hamilton 68 dashboard, un projet de l’Alliance for Securing Democracy (ASD). L’ASD est organisation qui suit 600 comptes Twitter qui, selon elle, sont liés au gouvernement russe ou reprennent ses informations.

Les responsables de Twitter se plaignent alors que « l’Hamilton 68 semble être la seule source de tout le monde, et personne ne vérifie les affirmations de Twitter ».

Twitter conteste en interne les accusations de « bots russes ».

Emily Horne, la directrice de la Communication de la politique mondiale de Twitter écrit le 23 janvier dans un courriel : « Il est extraordinairement difficile pour des enquêteurs extérieurs, qui n’ont pas accès à l’ensemble de notre API et aux signaux internes des comptes, d’affirmer avec un quelconque degré de certitude qu’un compte au comportement suspect est 1) automatisé et 2) russe ».

Yoel Roth, responsable de la Confiance et sécurité, dit à ses collègues : « Je viens de passer en revue les comptes qui ont posté les 50 premiers tweets avec #releasethememo et … aucun d’entre eux ne montre de signes d’affiliation à la Russie. »

« Des conseillers externes de cabinets liés à Washington comme Debevoise et Plimpton » conseillent à Twitter de répondre aux parlementaires en ces termes : « En ce qui concerne des hashtags particuliers, nous prenons au sérieux toute activité qui pourrait représenter un abus de notre plateforme. »

Ou bien : « Notre évaluation initiale indique que ces tendances [hashtags] sont principalement alimentées par une activité organique et non automatisée, mais nous continuons à analyser les données et … nous informerons le Congrès de ce que nous trouvons. »

« Malgré la conviction généralisée en interne qu’il n’y avait pas de Russes dans l’histoire, Twitter a continué à suivre un modèle servile de ne pas contester les accusations de la Russie sur le dossier », écrit Matt Taibbi.

En l’absence d’une quelconque contestation, « les journalistes, de l’AP à Politico en passant par NBC et Rolling Stone, ont continué à marteler le thème des ‘bots russes’, malgré l’absence totale de preuves ».

« Les Russes n’ont pas seulement été accusés d’être responsables de #ReleaseTheMemo, mais aussi de #SchumerShutdown, #ParklandShooting, et même #GunControlNow, pour ‘élargir le fossé’, selon le New York Times. »

Pendant ce temps, au sein de Twitter, les employés ont reconnu que les hashtags #SchumerShutdown et #ReleaseTheMemo « semblent être des tendances organiques ».

NBC, Politico, AP, le Times, Business Insider, et d’autres médias ont fait leur choux gras sur le scandale des bots russes  (jusqu’au magazine Rolling Stone). Désormais, ils refusent tous de commenter les dernières révélations, poursuit le journaliste. Il ajoute que les collaborateurs de Dianne Feinstein, Adam Schiff et Richard Blumenthal ont également refusé tout commentaire.

Devin Nunes, qui a depuis quitté le Congrès et est maintenant le PDG de la plateforme TruthSocial de Trump, a déclaré à Taibbi : « Adam Schiff et les démocrates ont faussement prétendu que les Russes étaient derrière le hashtag Release the Memo, et derrière tout mon travail d’investigation. »

Devin Nunes a ajouté : « En diffusant le mensonge de la collusion avec la Russie, ils ont été à l’origine de l’une des plus grandes tromperies de masse de l’histoire des États-Unis. »

Taibbi écrit : « Cet épisode de #ReleaseTheMemo n’est qu’un des nombreux épisodes des #TwitterFiles. Le scandale du Russiagate repose sur la malhonnêteté crapuleuse d’hommes politiques et de journalistes ayant passé outre pendant des années l’absence de données au profit de gros titres fictifs effrayants. »

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