Des postes de police secrets permettent au PCC d’exercer un énorme contrôle sur les dirigeants des communautés chinoises établies à l’étranger

Selon Safeguard Defenders, le régime chinois exploite plus de 100 postes de police secrets à l'étranger dans 53 pays

Par Jan Jekielek & Danella Pérez Schmieloz
18 octobre 2023 09:43 Mis à jour: 18 octobre 2023 14:43

Le Parti communiste chinois (PCC) a conçu un système qui oblige les dirigeants des communautés chinoises à l’étranger à s’impliquer dans son appareil pour aider leurs concitoyens, selon Laura Harth, directrice de campagne de Safeguard Defenders, une association espagnole de défense des droits de l’homme à but non lucratif.

Dans la mesure où ils sont contraints de coopérer avec le PCC, les dirigeants de ces communautés peuvent être impliqués dans des comportements criminels et faire l’objet de poursuites pénales, a affirmé Mme Harth lors de l’émission « American Thought Leaders » diffusée sur EpochTV.

Selon Safeguard Defenders, le PCC exploite plus de 100 stations secrètes à l’étranger dans 53 pays. Ces stations sont « le fruit d’une collaboration entre les autorités chargées de la sécurité publique en Chine et les groupes rattachés au Front uni dans le monde entier », a expliqué Mme Harth. Le département du Front uni est un organisme chargé de coordonner les opérations d’influence du PCC à l’étranger.

Les postes de police agissent souvent en prétendant offrir des services consulaires et administratifs, comme le renouvellement des passeports et des permis de conduire, ce qui est contraire à la Convention de Vienne sur les relations consulaires, a-t-elle expliqué. Les postes de police peuvent être installés dans des résidences privées ou des immeubles de bureaux.

En offrant ces services par le biais de ces réseaux, « vous leur permettez d’exercer un contrôle considérable sur les communautés dans lesquelles ils résident, dans lesquelles ils fournissent des services, et vous leur donnez accès à un grand nombre de données sur les personnes qui s’y trouvent ».

« Vous offrez ce type de services non pas par les voies traditionnelles, mais par l’intermédiaire de groupes rattachés aux agences d’influence du PCC qui sont elles-mêmes reliées au Front uni. »

Les postes de police servent de « lien » avec les autorités chargées de la sécurité publique en Chine. Les demandes de permis de conduire, par exemple, passent par l’autorité de sécurité publique, ce qui est « logique », car il s’agit d’éléments qui peuvent être « militarisés » par le système communiste chinois « pour s’assurer que vous vous y conformez ».

Les postes de police sont également impliqués dans des opérations de rapatriement illégales, telles que réduire au silence la dissidence à l’étranger en contraignant les Chinois à rentrer dans leur pays.

« Il existe suffisamment de preuves pour affirmer qu’il ne s’agit pas de simples services administratifs consulaires innocents. »

Faire taire la dissidence à l’étranger

« Le Parti communiste chinois est un système qui ne peut même pas concevoir l’idée d’une société civile libre ou d’un espace civique libre », a souligné Mme Harth.

Toute forme de société civile échappant au contrôle du PCC « disparaîtra, sera harcelée, détenue et ne pourra certainement pas faire usage de ses libertés ».

Aujourd’hui, ils tentent « d’étouffer tout semblant d’espace civique libre, de société civile, ou du moins d’essayer de le coopter, de le contrôler en quelque sorte, dans ces groupes d’outre-mer ».

« Le Front uni ne consiste pas seulement à tenter d’influencer les gens ou à définir le narratif. Il s’agit aussi de sévir, de diviser, de réduire au silence, d’étouffer les critiques de ces mêmes récits. »

En se basant sur des sources d’information accessibles à tous, Safeguard Defenders a établi un lien entre certains postes de police et des opérations de « persuasion pour le retour ».

Ces opérations tentent souvent de réduire au silence les dissidents chinois à l’étranger, en particulier dans le cas des minorités religieuses, comme les Ouïghours.

Ces événements « sont évidemment très préoccupants pour les droits de l’homme et les libertés des personnes ciblées » et constituent une « violation éhontée de la souveraineté territoriale ».

Ils commencent « généralement par des menaces et du harcèlement, ou pire encore, par des punitions infligées aux membres de la famille restés au pays, poussant ces derniers à convaincre leurs proches à l’étranger de se taire, d’arrêter leur activisme ou de les convaincre de revenir ».

De nombreux Chinois concernés n’avaient pas pu parler à leurs proches depuis des années. Pourtant, après avoir pris la parole, ils sont contactés par leurs proches ou par des agents de la sécurité publique qui utilisent le téléphone d’un membre de leur famille pour leur demander de rentrer en Chine.

En avril, le FBI a arrêté deux personnes accusées d’exploiter un poste de police secret à l’étranger dans la ville de New York pour le compte du Parti communiste chinois (PCC).

Ils ont été accusés d’avoir conspiré pour travailler en tant qu’agents et d’avoir reçu des ordres de Pékin afin de traquer et de réduire au silence des dissidents chinois vivant aux États-Unis.

« Une fois le système en place », ces opérations servent également à faire taire les futurs dissidents, car elles créent une « prison psychologique » pour les autres Chinois qui préfèrent garder le silence par crainte de représailles.

À Madrid, en Espagne, un individu accusé de pollution environnementale a été conduit dans un poste de police à l’étranger, où il a participé à une réunion en ligne avec des autorités chinoises chargées de la sécurité publique, qui se trouvaient avec un membre de sa famille. L’ensemble de l’opération a été filmé, et a été couronnée de succès puisqu’elle a permis de renvoyer la personne en Chine.

Le PCC utilise également d’autres méthodes pour ramener des personnes en Chine, comme l’extradition, le rapatriement, le leurre et le piégeage, et l’enlèvement. Ces méthodes sont décrites dans une interprétation juridique de la Commission d’inspection disciplinaire du PCC.

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