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Dette : la France paye aussi cher que l’Italie pour emprunter à 10 ans

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Toulouse le 18 mars 2025, un écran affiche le logo de l'agence de notation Fitch Ratings et les signes des notes utilisées par les agences de notation.

Photo: LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Pour la première fois depuis environ quinze ans, la France emprunte désormais au même coût que l’Italie sur les marchés obligataires à dix ans.
Cette convergence historique intervient dans un contexte de crise politique majeure, au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou et à quelques jours de la révision attendue de la notation française par Fitch Ratings.
Un rapprochement inédit des taux souverains
Mardi matin vers 9h40, le rendement de l’obligation française décennale atteignait 3,48%, tandis que son homologue italien s’établissait légèrement en-dessous à 3,47%. Cette parité constitue un événement remarquable, l’Italie ayant longtemps été perçue comme l’un des pays les plus fragiles de la zone euro en matière de gestion de ses finances publiques.
Cette évolution s’explique par des trajectoires budgétaires divergentes. Tandis que la situation financière française continue de se dégrader, l’Italie a entrepris un redressement notable. « La situation budgétaire italienne s’est améliorée ces dernières années et le gouvernement Meloni s’est engagé à ramener leur déficit à 2,8% d’ici 2026 », souligne Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.
Les conséquences de l’instabilité politique française
Cette dégradation du coût de financement français découle directement des turbulences politiques récentes. La motion de censure adoptée lundi contre François Bayrou, qui avait annoncé plus de 40 milliards d’euros d’économies en juillet, a immédiatement pesé sur les marchés.
Paul Jackson, directeur mondial de la recherche en allocation d’actifs chez Invesco, rappelle que les signaux d’alarme étaient déjà perceptibles : « Depuis l’annonce du vote le 25 août, l’écart entre les obligations d’État françaises à 10 ans et celles de l’Allemagne s’est élargi, passant d’environ 70 points de base à environ 77 au 8 septembre 2025 », avant d’atteindre 82 points de base mardi matin.
La comparaison avec la période pré-crise est édifiante : « L’écart était d’environ 50 points de base avant que le président Macron ne déclenche l’instabilité en convoquant les élections législatives anticipées de juin-juillet 2024 », précise l’analyste.
L’incertitude plane sur l’avenir politique
Malgré l’engagement d’Emmanuel Macron de nommer rapidement un nouveau Premier ministre, la démission annoncée de François Bayrou mardi intensifie l’incertitude politique. Cette situation préoccupe particulièrement les investisseurs, qui privilégient traditionnellement la stabilité.
« La France vient de basculer dans une nouvelle zone de turbulences », observe John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank. Cette instabilité chronique, qui perdure depuis la dissolution de l’Assemblée nationale il y a plus d’un an, a déjà pénalisé la Bourse de Paris, qui accuse un retard significatif par rapport aux autres grandes places financières mondiales.
Fitch dans le viseur
L’attention des marchés se porte désormais sur Fitch Ratings, qui doit réviser la notation de la France vendredi. Les perspectives ne sont guère optimistes : « L’agence a déjà placé la France sous perspective négative, un abaissement est désormais probable », anticipe John Plassard.
Cette révision potentielle pourrait encore alourdir la facture de l’endettement français et compliquer davantage la situation budgétaire du pays.
Du côté des marchés actions, le CAC 40 affichait une progression de 0,46% vers 9h40, gagnant 35,23 points à 7.770,07 points, dans un contexte paradoxalement haussier malgré les inquiétudes obligataires.
Avec AFP