Deux traits de personnalité qui indiquent un risque d’Alzheimer plus élévé

Voici comment réduire le risque

Par Carola Suarez
16 octobre 2022 14:32 Mis à jour: 16 octobre 2022 16:55

La science n’est pas encore parvenue à une compréhension complète des causes de la maladie d’Alzheimer. Cependant, des découvertes récentes ont confirmé l’existence d’un lien entre la personnalité d’un individu et la neuropathologie, en ce sens que certains traits de personnalité augmenteraient le risque de la maladie d’Alzheimer.

Les résultats de l’étude menée par Terracciano et al. montrent que les personnes présentant un niveau de névrose plus élevé et un niveau de conscience plus faible ont des taux plus élevés de protéines amyloïdes et tau dans le cerveau. Ces deux protéines, qui sont toxiques pour le cerveau, jouent un rôle dans le processus d’Alzheimer, la cinquième cause de décès chez les adultes de 65 ans et plus.

Ces changements dans le cerveau qu’engendrent les comportements et les émotions de la personne peuvent désormais être étudiés sur des individus actifs, grâce aux progrès de la technologie.

Ces données qui indiquent comment des problèmes cognitifs peuvent conduire au développement de la maladie, associées aux effets positifs d’une alimentation saine, de prise de vitamines et d’exercice physique, tels qu’ils seront évoqués plus loin dans cet article, vont dans le sens d’une approche globale de la prévention de la maladie d’Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer liée à des traits de personnalité

La science continue d’avancer dans ses recherches sur les causes du développement de la maladie d’Alzheimer, qui touche des millions de personnes. Une méta‑analyse publiée en 2018 par une équipe de scientifiques italiens a eu pour effet principal de révéler que les traits de personnalité d’un individu sont associés au diagnostic d’Alzheimer et ce de manière importante. Les résultats de dix études, réunis dans cette analyse, indiquent que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer avaient un niveau nettement plus élevé de névrosisme, mais une ouverture sur le monde plus faible, et qu’ils étaient moins extravertis. C’est ce qu’ont révélé des tests de personnalité par le biais d’auto‑évaluations ou d’évaluation par une personne extérieure. Les résultats de cette méta‑analyse soutiennent indirectement l’idée que certains traits de personnalité prémorbides peuvent être des signes avant‑coureurs de la maladie d’Alzheimer.

Les conclusions de la méta‑analyse ont été confirmées dans l’étude récente intitulée Personality Associations With Amyloid and Tau : Results From the Baltimore Longitudinal Study of Aging and Meta‑analysis. Le professeur Antonio Terracciano et son équipe, du département de gériatrie de la faculté de médecine de l’université d’État de Floride, se sont concentrés sur ces deux traits de caractère associés à la démence que sont le névrosisme et l’état de conscience, et ils se sont penchés sur les changements pathologiques que ceux‑ci seraient à même de provoquer dans le cerveau.

Les conclusions de cette étude reprennent et compilent des résultats de la Baltimore Longitudinal Study of Aging (BLSA) et des résultats de deux autres méta‑analyses.

Dans l’étude BLSA, des participants sains ont été soumis à une imagerie TEP des dépôts tau et amyloïde, et ont répondu à la dernière édition du questionnaire de personnalité NEO. L’imagerie a montré que le névrosisme était associé à une présence d’amyloïde corticale plus élevée, tandis qu’il y en avait moins chez les individus plus conscients. Les résultats relatifs à la protéine tau dans le cortex entorhinal ont donnés des résultats semblables.

Les deux méta‑analyses, réalisées dans le cadre de l’étude, ont abouti à des résultats similaires : les participants ayant des indices de névrosisme plus élevés et des indices de conscience plus faibles présentaient davantage de dépôts amyloïdes et tau.

La conclusion générale indique que les traits de personnalité peuvent contribuer au dépôt d’amyloïde et de tau dans le cerveau, deux protéines responsables des plaques et des nœuds dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Ces analyses ont permis de comprendre l’importance de recherches sur le comportement et le besoin d’une certaine prise de conscience de la part des patients, pour qu’ils apprennent à travailler sur eux‑mêmes, gérer leur stress et leur activité physique. Ces mesures et d’autres changements positifs dans le mode de vie peuvent diminuer le névrosisme et augmenter leur conscience et par conséquent réduire le risque de maladie d’Alzheimer et de la démence qui y est associée.

Une alimentation et un mode de vie sains permettent de maintenir le cerveau en bonne santé

La maladie d’Alzheimer est une maladie à évolution lente et irréversible qui débute des dizaines d’années avant l’apparition des premiers symptômes. Outre les données sur les traits de personnalité liés à la maladie d’Alzheimer, il existe toujours plus de preuves scientifiques attestant que certaines habitudes saines permettent de prévenir le diabète, les maladies cardiaques ou le cancer, et peuvent également réduire le risque de déclin cognitif.

Une alimentation saine permet de réduire le risque d’Alzheimer

L’introduction de changements alimentaires pouvant réduire le risque de diabète de type 2 et prévenir le développement de maladies cardiaques fait désormais partie intégrante du traitement dans son ensemble. Avoir un régime alimentaire sain pour le cœur, et contrôler le diabète de type 2 grâce à l’alimentation peut avoir des effets bénéfiques sur le cerveau également.

Selon une étude récente, maîtriser le cholestérol et le glucose peut réduire le risque d’Alzheimer. Les résultats montrent qu’une hausse des lipoprotéines de haute densité (HDL) chez les adultes (de 30 à 60 ans) est associée à une diminution du risque de la maladie d’Alzheimer. Au contraire, l’augmentation du glucose à l’âge adulte est associée à une augmentation.

Le régime méditerranéen ou sa variante, le MIND, sont des régimes bien connus que les médecins prescrivent en cas de maladie cardiaque ou d’hypertension artérielle. Ce régime est basé sur la tradition alimentaire de la Grèce et du sud de l’Italie, régions où les habitants ont un faible taux de maladies chroniques et une espérance de vie plus élevée.

Le régime méditerranéen n’est rien d’autre que la consommation d’aliments naturels et frais, beaucoup de fruits et de légumes, des haricots, des noix et des céréales complètes, mais aussi :
– Du poisson et des fruits de mer, des œufs, du fromage ou du yaourt, recommandés pour la consommation de protéines animales, tandis que la viande rouge est réduite à quelques fois par mois ;
– Le beurre et la margarine doivent être remplacés par de l’huile d’olive qui contient des graisses saines, ainsi que par des avocats, des noix, des poissons gras comme le saumon et d’autres aliments riches en graisses saines ;
– De l’eau comme principale boisson quotidienne et un verre de vin.

Les chercheurs suggèrent que la pratique d’un régime méditerranéen pendant de nombreuses années plutôt qu’un régime à l’occidental (beaucoup de viande rouge, de graisses saturées et de sucre raffiné) peut avoir pour effet de retarder la progression de l’Alzheimer de trois ans et demi.

« Tout indique que la façon dont nous mangeons nous expose à un risque de développer la maladie d’Alzheimer à terme. Si l’alimentation n’est pas équilibrée, il faut vraiment faire un effort pour la corriger, si ce n’est pour le corps, alors il faut le faire pour le cerveau », conclut le Dr Mosconi.

L’utilisation du curcumin dans le traitement et la prévention de la maladie d’Alzheimer

Beaucoup d’entre nous connaissent le curcumin, cette herbe indienne utilisée dans le curry. Mais les avantages médicaux du curcumin ne sont pas toujours connus ni fréquemment utilisés. La médecine moderne étudie en détail les effets de cet agent « multi‑anti » dans le traitement de nombreuses affections, dont la démence et les lésions cérébrales traumatiques.

Le curcumin peut aider le système immunitaire à éliminer la protéine amyloïde dans le cerveau atteint de la maladie d’Alzheimer. En tant qu’antioxydant et grâce à son effet anti‑inflammatoire, le curcumin a un effet positif sur l’inflammation des cellules nerveuses, ce qui améliore la mémoire et atténue les symptômes.

La prise de curcumin diminue le risque d’Alzheimer, ce qui peut prévenir la progression de la maladie. Toutes les données disponibles à ce jour sur les effets positifs du curcumin en font un des composés les plus prometteurs et une bonne base pour développer des thérapies contre l’Alzheimer.

Vitamines et oméga‑3

L’importance de la consommation de vitamines pour la santé est bien connue. En examinant de plus près leurs rôles dans le corps humain, il est possible de voir que certaines d’entre elles sont bénéfiques pour prévenir le déclin cognitif :
– Vitamine E : l’utilisation combinée de suppléments de vitamines E et C est associée à une réduction de la prédisposition et de l’incidence de la maladie d’Alzheimer. Lorsque des patients atteints de maladie d’Alzheimer légère à modérée prennent de l’alpha‑tocophérol, leur déclin fonctionnel est ralenti ;
– Vitamine D : les carences en vitamine D sont associées à un risque accru de maladie d’Alzheimer ;
– Vitamine B : elle joue un rôle important dans plusieurs des fonctions cellulaires essentielles qui transforment les nutriments consommés en énergie. Si elle est déficiente dans l’organisme, des problèmes cérébraux et cardiaques se manifestent, le cerveau et le cœur étant les deux organes qui nécessitent un apport constant en énergie.
– Vitamine B5 : l’acide pantothénique est important pour la dégradation des acides gras pour l’énergie corporelle et important pour le cerveau, qui est composé de près de 60% de graisses.
– Vitamine B9 : l’acide folique intervient dans le métabolisme des protéines et permet de garder le cerveau en bonne santé. Si l’organisme ne dispose pas de vitamine B9 en quantité suffisante, une faiblesse, une fatigue, des difficultés de concentration et d’autres signes peuvent apparaître.
– Vitamine B12 : une carence en cobalamine peut provoquer des troubles de la mémoire qui peuvent être corrigés par un traitement adéquat.

L’acide gras oméga‑3 présent dans le saumon et certains autres poissons réduit les plaques bêta‑amyloïdes chez les souris, une caractéristique de la maladie d’Alzheimer. Les études sur les humains n’ont pas encore de résultats solides allant dans ce sens. Certaines n’ont pas montré un ralentissement du déclin cognitif lors de la prise du supplément d’oméga‑3, tandis qu’une autre étude a montré une amélioration de l’apprentissage et de la mémoire chez les personnes souffrant d’un déclin cognitif lié à l’âge.

Bien que l’on manque de données et d’études plus solides pour recommander l’utilisation de suppléments alimentaires dans la prévention de l’Alzheimer, les aliments naturels sont une excellente source de vitamines et d’oméga‑3, par conséquent, des habitudes alimentaires saines peuvent en même temps favoriser la santé cognitive.

L’activité physique et la gymnastique cérébrale dans la réduction du risque d’Alzheimer

L’Alzheimer’s Association recommande aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer de pratiquer des activités mentales et physiques, en plus de suivre un régime alimentaire sain et de prendre des suppléments alimentaires appropriés.

Une activité physique régulière est bénéfique car elle contribue à maintenir la circulation sanguine dans tout le corps, y compris le cerveau. Un flux sanguin normal fournit au cerveau les nutriments dont il a besoin, ce qui permet de ralentir la progression de la maladie. En plus des changements alimentaires, l’activité physique peut aider à réguler les taux de glucose et de cholestérol. Une activité physique régulière peut prendre diverses formes : marche, natation, vélo, jardinage, etc.

L’activité sociale apporte une meilleure santé au cerveau. Chez certaines personnes, la maladie d’Alzheimer peut accroître l’anxiété, en plus de la perte de mémoire. En maintenant les personnes atteintes d’Alzheimer actives sur le plan social, on les aide à se sentir moins repliées sur elles‑mêmes, à améliorer leur confiance en elles‑mêmes et à réduire l’anxiété et la dépression qu’elles ressentent. Au lieu de s’isoler, les personnes atteintes d’Alzheimer et leurs proches devraient faire des efforts pour préserver un sentiment d’appartenance.

L’exercice cérébral est important pour construire de nouvelles cellules et connexions dans le cerveau. Cela permet de protéger la santé mentale contre le déclin. Jouer aux échecs, aux puzzles ou au Sudoku stimulera la réflexion et la résolution de problèmes, tandis que lire constamment stimulera l’activité de mémoire du cerveau. Il est important de mettre le cerveau au défi avec des tâches nouvelles ou différentes pour le faire travailler et améliorer son fonctionnement.

La prise en charge de la santé mentale est plus que jamais d’actualité.

De nombreuses mesures de réduction des risques sont à notre disposition dès maintenant.

De nombreuses questions sur la maladie d’Alzheimer restent entières et la science s’efforce d’y trouver des réponses. D’ici là, il existe de nombreux changements que certains d’entre nous peuvent introduire dès maintenant pour prévenir le développement de la maladie.

Malgré de nombreux articles sur les conséquences du stress et l’importance d’apprendre à le gérer, de nombreuses personnes ont encore du mal à le faire. La maladie d’Alzheimer est maintenant une raison de plus pour prendre le stress plus au sérieux et travailler à le réduire, seul ou avec l’aide d’un professionnel. En maîtrisant les émotions négatives, en étant orienté vers un objectif, en devenant responsable et organisé, nous améliorerons notre productivité aujourd’hui et préviendrons le développement de la maladie d’Alzheimer.

Nous pouvons réduire le risque de manière proactive en consommant des aliments plus sains et en devenant actifs physiquement et mentalement. Est‑ce vraiment difficile ? Un mode de vie sain dès l’entrée dans l’âge adulte présente un double avantage : il prévient le développement des maladies vasculaires et du diabète, il réduit le risque d’Alzheimer plus tard dans la vie.

Si nous savons qu’un régime méditerranéen retarde l’Alzheimer, que l’activité physique peut réduire le risque d’Alzheimer jusqu’à 50% et la gymnastique cérébrale jusqu’à 70%, quelle autre raison nous faut‑il pour opérer ce changement aujourd’hui ? Faire de l’exercice physique une habitude quotidienne, en complément de l’alimentation, est à la portée de tous, dès aujourd’hui, pour ne pas le regretter plus tard.

Il n’existe aucune garantie contre l’Alzheimer. Mais comme le dit le Dr Richard Restak, neuroscientifique, nous pouvons faire des choses qui permettent de réduire les risques de contracter l’Alzheimer, de la même façon que nous mettons notre ceinture de sécurité, surveillons notre vitesse et gardons notre voiture en bon état, pour réduire les risques d’accident de voiture.

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