Un documentaire canadien se penche sur le « cheval de Troie » chinois : les Instituts Confucius

8 octobre 2017 02:28 Mis à jour: 10 octobre 2017 04:17

Autrefois agent de renseignements d’expérience et gestionnaire au Service canadien du renseignement de sécurité, Michel Juneau-Katsuya ne mâche pas ses mots en ce qui concerne les Instituts Confucius de la Chine.

« Ce sont des espions, point final », affirme M. Juneau-Katsuya.

« Il y a beaucoup de pays et de services de renseignements qui partagent nos conclusions que ce fut, malheureusement, un cheval de Troie. »

M. Juneau-Katsuya, qui a travaillé au SCRS pendant plus de 21 ans, a pris la parole lors d’une réunion-débat après le visionnement du documentaire canadien In the Name of Confucius lors de la première le 30 septembre à Ottawa à l’occasion du Festival du film One World.

Réalisé par la cinéaste sino-canadienne Doris Liu, le film – dans lequel M. Juneau-Katsuya est interviewé – fait état des controverses entourant l’un des plus importants projets d’influence de la Chine.

Les Instituts Confucius, présentés comme offrant des programmes de langue et culture chinoises, sont une méthode pour « recueillir de l’information sur les participants au programme, dont certains sont ensuite ciblés par des agents de renseignements [chinois] », affirme M. Juneau-Katsuya.

« Malheureusement, [une partie] de la stratégie du gouvernement chinois était d’être en mesure, sous le couvert de l’amitié, d’infiltrer d’autres formes d’activités », ajoute-t-il.

Pratiques d’embauches discriminatoires

Le documentaire se penche sur les Instituts du point de vue des inquiétudes concernant l’espionnage, de même que l’indépendance académique, la censure, les violations des droits de la personne et leur influence et leurs politiques.

Doris Liu a été inspirée de réaliser ce film après avoir entendu l’histoire de Sonia Zhao, une ex-enseignante à l’Institut Confucius de l’Université McMaster à Hamilton. La défection de Mme Zhao au Canada et ses révélations sur le fonctionnement des Instituts a mené à la fermeture du chapitre à McMaster.

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D’autres ont aussi participé à la réunion-débat, dont Doris Liu et David Kilgour, ex-député canadien ayant occupé le poste de secrétaire d’État pour l’Asie-Pacifique.

David Kilgour, ex-secrétaire d’État canadien, participe à une réunion-débat après le visionnement du documentaire In the Name of Confucius à l’occasion du Festival du film One World à Ottawa le 30 septembre 2017. (Jonathan Ren/The Epoch Times)

Mme Liu a indiqué avoir invité au débat des représentants de l’Université Carleton, qui héberge un Institut Confucius, mais personne n’a répondu à l’invitation. Carleton est l’un de douze établissements d’enseignement au Canada qui hébergent un Institut.

M. Kilgour, qui habite à Ottawa, affirme qu’il est scandaleux que Carleton héberge un Institut. « Ce qui est pire pour moi – je viens d’Edmonton – c’est que la commission scolaire publique d’Edmonton héberge un Institut. »

L’association canadienne et l’association américaine des professeurs d’université ont demandé aux établissements d’enseignement de couper leurs liens avec les Instituts.

Dans une réponse par courriel, un porte-parole de l’Université Carleton a indiqué : « Carleton ne cherche pas à limiter l’expression de points de vue divergents. […] Il n’y a aucune preuve que quoi que ce soit de préjudiciable a été ou est enseigné dans les cours parrainés par l’Institut. »

Dans une entrevue précédente avec Epoch Times, Sonia Zhao a tracé un portrait différent. Elle a indiqué que durant la formation avec l’Institut, on enseigne aux enseignants comment éviter les questions sur des sujets tabous comme Taiwan et le Tibet, mais si un étudiant insiste, les enseignants doivent suivre la ligne du Parti communiste chinois sur la question : Taiwan fait partie de la Chine et le Tibet a été « libéré » par le régime.

Ce qui suit est un extrait des commentaires des participants à la réunion-débat tenue après le visionnement du film In the Name of Confucius, présenté à l’occasion du Festival du film One World le 30 septembre 2017 à Ottawa. Les commentaires ont été édités pour fins de clarté et concision.

Participants :

  • Doris Liu, réalisatrice de In the Name of Confucius
  • David Kilgour, ex-secrétaire d’État pour l’Asie-Pacifique
  • Michel Juneau-Katsuya, ex-cadre du Service canadien du renseignement de sécurité

Question du public : Quelles préoccupations importantes le gouvernement canadien devrait-il avoir ? Ou comment répond-il à ces inquiétudes ?

Doris Liu : En réalisant le film, je n’ai pas obtenu de réponse du niveau fédéral. Il n’y a pas de ministère de l’Éducation au niveau fédéral.

Le ministère de l’Éducation de l’Ontario m’a envoyé une réponse par courriel. Elle ne mentionnait aucune des préoccupations, mais faisait plutôt l’éloge des bonnes et fortes relations entre l’Ontario et la Chine, en affirmant que la Chine est un partenaire important, ce avec quoi je suis d’accord. Je suis d’accord, mais la question est de quelle manière nous approchons la Chine.

En Colombie-Britannique, j’ai contacté l’un des Instituts Confucius hébergé par la commission scolaire du district de Coquitlam […] ainsi que le ministère de l’Éducation. […] [Ils] ont dit que le ministère n’avait aucun rôle dans la réglementation des Instituts dans la commission, parce que ceux-ci offrent des cours du soir et de fin de semaine, ainsi ça ne relève pas du ministère. Encore une fois, [ils] n’ont pas abordé les préoccupations, particulièrement en matière des droits de la personne.

Question du public : Les pays importants ont toujours des centres culturels à l’étranger. Les Britanniques ont le British Council. Les Français ont l’Alliance française. Les Allemands ont l’Institut Goethe. Pourquoi ne pas permettre aux Chinois d’avoir leur propre centre culturel ?

Doris Liu : J’ai trouvé deux différences principales entre les Instituts Confucius et les autres centres de culture et d’éducation.

  1. Les Instituts sont administrés, financés et contrôlés par le gouvernement chinois et principalement par le Parti communiste chinois (PCC). Selon [la constitution des Instituts publiée en ligne], ils sont gérés par Hanban, qui tombe sous le ministère chinois de l’Éducation, supervisé par un conseil, dont les membres proviennent de différents ministères du gouvernement ou départements du PCC. Le conseil est présidé par un membre du PCC. Toutes les directives qui vont au Hanban et ensuite aux Instituts proviennent de ce conseil. Vous pouvez imaginer, tous les membres du conseil sont des membres du PCC ou de hauts responsables. […] C’est l’une des différences principales entre les Instituts et les autres centres.
  2. Tous les autres centres de langue et de culture sont opérés indépendamment. […] Ils ne cherchent pas à s’implanter […] au sein des institutions d’enseignement des autres pays. C’est le modèle choisi par Hanban, par le gouvernement chinois, soit d’implanter des Instituts Confucius au sein d’universités, de collèges et de commissions scolaires réputés.

Michel Juneau-Katsuya : Je vais ajouter une troisième différence : ce sont des espions, point final. Comme vous le savez déjà, je suis spécialiste en sécurité nationale. J’ai travaillé plus de 21 ans au SCRS. […] La différence principale est que vous devez comprendre la relation que le gouvernement chinois entretient avec ses différentes organisations afin de promouvoir ce que le gouvernement chinois veut promouvoir.

Ce film n’est pas un film anti-chinois ou anti-culture chinoise. Qui ne veut pas apprendre une langue étrangère ? Qui ne veut pas en apprendre sur une culture étrangère ? C’est une richesse, une mine d’or que tout le monde devrait explorer. Malheureusement, la stratégie du gouvernement chinois est d’être en mesure, sous le couvert de l’amitié, d’infiltrer d’autres formes d’activités.

Au SCRS, où j’ai servi pendant 21 ans, j’étais responsable de surveiller ce qui venait de l’Asie, pas seulement de la Chine, mais de la Corée, de la Malaisie et ainsi de suite.

Les Instituts Confucius ne sont pas seulement surveillés par les Canadiens. Il y a beaucoup de pays et de services du renseignement qui partagent nos conclusions que ce fut, malheureusement, un cheval de Troie. C’était une manière de faire entrer des agents de renseignements ou de recueillir de l’information sur les participants au programme, dont certains sont ensuite ciblés par des agents de renseignements [chinois]. Ça faisait partie de leur jeu.

Et une fois de plus, ça c’est mon jeu, c’est mon rôle, ce que je fais depuis de nombreuses années. Je suis un espion. C’est ce que nous tentons de faire. Nous tentons de comprendre ce que l’adversaire tente d’accomplir. Et c’est ce que nous avons été capables de découvrir.

Maintenant, depuis ce que nous avons fait à Toronto, depuis la sortie du film, nous voyons que le gouvernement chinois commence à changer sa stratégie. Pas nécessairement sa méthodologie, mais juste sa stratégie, tentant d’arriver au même but différemment. Ça fait partie du jeu et ça va durer encore longtemps.

Mais la question de ce que le gouvernement canadien fait à propos de tout ça […] il s’attend à ce que le SCRS soit capable de rapporter et d’aviser, le plus possible, mais il y a une ambivalence avec le gouvernement canadien parce qu’il veut faire des affaires avec la Chine […] et beaucoup d’élus sont attirés et séduits par l’idée de travailler avec la Chine. Et [la Chine] est très bonne pour séduire en traitant [ses invités] aux petits oignons.

[Quelqu’un] a dit ça dans le film. Vous savez, quand vous vous faites traiter de la sorte, vous vous êtes fait attraper comme un poisson. C’est exactement comment ils fonctionnent. Ça a marché. Vous avez vu toutes les « babioles » chinoises sur son bureau ? Ce sont des cadeaux dispendieux. Ce sont les indicateurs que nous tentons d’observer pour déterminer si quelqu’un a été compromis. Il y a beaucoup de gens qui se font compromettre sans le réaliser parce qu’ils aiment la Chine, ils aiment la langue. C’est un pays avec une culture millénaire, il y a tellement de culture, ils ont tellement apporté au monde et à l’histoire et du même coup ils sont très habiles. Vraiment habiles.

Question du public : Est-ce que le gouvernement chinois tente d’infiltrer le Canada [de différentes manières] que par l’éducation ? Est-ce qu’il y a un précédent venant d’un autre pays que la Chine ? D’autres choses à observer au sein d’autres institutions ?

Michel Juneau-Katsuya : Du point de vue de l’espion, oui il y a d’autres choses à observer. Les Chinois ont développé ce qu’on appelle le processus de collecte massive. Ce processus utilise tous les gens qui peuvent être assez influents pour recueillir de l’information.

Il y a d’autres endroits où il est possible d’en apprendre sur la culture ou la langue chinoises. Ce serait très triste que les Canadiens soient dupés au point de ne pas voir la menace qui est en plein devant eux.

Le SCRS n’est pas dans le domaine de la culture ou de la langue ou de quoi que ce soit du genre. Nous ne sommes pas en compétition avec les autres institutions. Nous essayons de protéger le gouvernement canadien. Lorsque nous recueillons des preuves, des preuves qui sont appuyées par d’autres services de renseignements, selon lesquelles certaines activités sont en fait un leurre afin d’infliger du tort à notre organisation ou notre pays, c’est à ce moment que nous entrons en jeu, des trucs comme ça.

[Concernant les commentaires d’un membre de l’assistance sur son expérience positive à l’Institut Confucius de l’Université Carleton], je suis certain que votre expérience a été excellente lorsque vous avez suivi vos cours, tout comme cet homme [dans le film] qui est allé en Chine et a reçu le traitement royal. Il a aussi passé un temps merveilleux. Les voyages sont importants puisqu’ils influencent nos expériences et notre vie. Mais si le voyage est organisé par une certaine organisation et qu’elle vous montre ce qu’elle veut que vous voyiez, et qu’elle vous dit ce qu’elle veut que vous entendiez et qu’elle vous fait comprendre seulement ce qu’elle veut vous faire comprendre alors, de ce point de vue, il pourrait y avoir un petit problème.

Les concepts de manipulation de l’esprit et la propagande existent depuis un certain temps. Heureusement, au sein de nos institutions – l’Université Carleton est l’une d’entre elles – nous développons l’esprit critique et nous devons être en mesure d’équilibrer ces choses. Mais, et je vais m’arrêter ici, du point de vue du renseignement, nous avons les preuves d’activités d’espionnage et de gens qui sont ciblés après avoir suivi un cours parce qu’ils ont démontré de l’intérêt envers la Chine et c’était une manière de les approcher sans utiliser un agent de renseignement. Les preuves sont là.

David Kilgour : On a demandé à David Matas et moi-même en 2006 de nous pencher sur les allégations de prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong [en Chine]. Nous avons passé maintenant dix ans à voyager dans environ 50 pays pour parler de ça. À notre grand désarroi, nous avons trouvé environ 30 types de preuves qu’il y a des prélèvements d’organes forcés en Chine. Si l’un d’entre vous veut un nouveau foie, vous pouvez aller sur internet, les prix varient, environ 100 000 dollars et plus, prenez un vol à destination de Shanghai, allez au [Premier hôpital populaire], faites un prélèvement de sang et de tissus, allez sur l’ordinateur, trouvez un prisonnier d’opinion dans l’un des nombreux camps de travail – que vous n’avez probablement pas vus lorsque vous étiez là-bas. S’il y a une compatibilité, donnez du potassium au [prisonnier d’opinion] pour le rendre inconscient. Son foie est prélevé et, bien entendu, il meurt. Vous obtenez un nouveau foie et retournez à Ottawa et le [prisonnier d’opinion] est mort.

Nous sommes tellement consternés, à ma connaissance il n’y a qu’un gouvernement dans le monde qui fait ça, et c’est le gouvernement chinois. […] C’est le genre de régime barbare qui est en place là-bas.

Nous respectons tous la culture chinoise. […] Les gens sont fantastiques, le gouvernement est ignoble. Aussi longtemps qu’il y a des Instituts Confucius pour tromper les gens naïfs […] nous aurons ce genre de chose […] Pourquoi y a-t-il un Institut à Carleton ? Pourquoi l’Université de Pennsylvanie lui a montré la porte […] l’Université de Colombie-Britannique […] ? Pourquoi Carleton n’a pas le courage de l’expulser également ? […] C’est absolument scandaleux qu’il y ait un Institut à Carleton. Ce qui est pire pour moi – je viens d’Edmonton – c’est que la commission scolaire publique d’Edmonton héberge un Institut.

Doris Liu : Les Instituts Confucius font partie du mécanisme de propagande à l’étranger du gouvernement chinois. Ce sont les mots de [l’ex-] chef de la propagande du Parti communiste chinois (PCC). La Chine dépense annuellement environ 10 milliards en propagande, institutions et films à l’étranger. […] Les médias de langue chinoise au Canada sont infiltrés par le gouvernement chinois, peut-être seulement quelques-uns ne le sont pas, tout le reste est soit sous son influence ou son contrôle.

J’étais journaliste en langue chinoise avant de réaliser ce film. Je travaillais dans la région de Toronto, alors je suis très au courant. Les firmes chinoises veulent aussi acheter nos secteurs de l’énergie. Notre premier ministre actuel, je pense qu’il est très content de ça, veut se rapprocher de la Chine pour ça, ce qui m’inquiète.

Je suis moi-même chinoise. Je suis venue au Canada il y a 12 ans. Je suis très contente que les gens veuillent apprendre la langue et la culture chinoises. C’est ma langue et ma culture. J’encourage tout le monde à le faire, parce que nous avons 5000 ans d’histoire et de culture, et nous pouvons tous en profiter. Mais la question est à quel coût – quel prix devons-nous payer pour apprendre ça ? Est-ce qu’il y a une alternative aux Instituts pour apprendre la langue et la culture chinoise, et peut-être une meilleure culture chinoise ? La question de la culture, c’est un autre problème sur lequel je n’ai pas eu le temps de me pencher.

Pour contextualiser, nous savons tous que la Chine a enduré une révolution culturelle de dix ans dans les années 1960 et 1970. Durant ces dix années, sous le leadership de Mao Zedong, la culture traditionnelle chinoise a été détruite. Le bouddhisme, le taoïsme, les religions, l’architecture, les arts, la musique traditionnelle, toutes les formes de culture et d’héritage ont été essentiellement détruites. Je suis née dans les années 1970 et je regrette de ne pas avoir eu la chance de découvrir la culture chinoise authentique.

Lorsque vous accueillez un Institut Confucius sur votre campus, comme l’a fait l’Université McMaster, […] vous donnez votre prestige, vous donnez votre domaine à un gouvernement étranger sur votre campus pour qu’il dicte ce qui doit être enseigné et qui vous l’enseignera.

Peut-être que la situation à l’Institut de Carleton est un peu différente. Ils ont leur propre conseil, ils n’utilisent pas vraiment les manuels [du gouvernement] chinois et ils disent avoir leur indépendance académique.

Mais regardez ce qui se passe à McMaster, elle ne voulait pas fermer l’Institut. Elle a passé une bonne année à négocier, à discuter avec les partenaires chinois, soit Hanban en Chine, qui leur envoie les enseignants. McMaster voulait que le partenaire chinois abolisse la pratique d’embauche discriminatoire, mais elle a échoué. C’est parce qu’ils disent que les Instituts doivent se conformer aux lois chinoises et canadiennes, c’est dans le contrat. Même s’il n’y a pas de loi chinoise qui dit que vous devez discriminer contre les gens qui pratiquent le Falun Gong. Mais en réalité, ces pratiquants ne sont pas seulement victimes de discrimination en Chine, mais ils se font aussi tuer, et c’est cette politique qui est reflétée sur nos campus.

Même si les enseignants chinois à l’Institut Confucius de Carleton ne pratiquent pas le Falun Gong, ils peuvent dire que puisqu’ils ne pratiquent pas ils ne sont pas victimes de discrimination, mais tous les enseignants envoyés sur les campus sont embauchés selon cette politique discriminatoire. Comment dire que cela n’est pas discriminatoire ? Alors même ça – peu importe les autres questions d’indépendance académique, de propagande, de censure, d’autocensure, d’espionnage – pensez juste à cet aspect de discrimination. Je dirais même pensez-y deux fois.

Michel Juneau-Katsuya : De par leur nature, les espions se cachent. Ils sont stratégiques et nous tentons de camoufler le plus possible ce que nous faisons.

S’il y a une chose que j’ai apprise des Chinois durant mes années dans mon domaine, c’est que les Chinois ont compris quelque chose il y a très, très longtemps : l’influence est beaucoup plus puissante que le contrôle.

Il faut donc beaucoup travailler, étudier et observer pendant longtemps pour comprendre. La notion d’influence est centrale dans leur stratégie. Si je suis en mesure d’influencer une personne au point où je la contrôle, j’ai déjà gagné. C’est ce que les Chinois font avec ces responsables. Il s’agit de les attirer, de les séduire, de les soudoyer et de les emmener où ils veulent.

Même le gouvernement précédent, le gouvernement conservateur, Stephen Harper était dur comme fer, mais il s’est quand même laissé influencer Il a permis la vente d’une compagnie pétrolière de l’Alberta aux Chinois pour 15 milliards de dollars. Jamais une entreprise étrangère ne pourrait acheter dans le secteur de l’énergie en Chine. Ça n’arrivera jamais parce que les Chinois connaissent son importance.

Je suis citoyen canadien. Si je veux parler au premier ministre de l’Alberta, si je veux parler au premier ministre canadien, on va me mettre en attente pour un bon bout de temps. Si je suis une entreprise chinoise contrôlée par le gouvernement chinois, qui vient d’acheter une entreprise pour 15 milliards de dollars en Alberta, mon appel sera transféré rapidement. C’est la notion d’influence que la Chine a compris il y a longtemps. C’est le danger auquel nous faisons face.

Doris Liu : Lorsque je faisais le film, j’ai invité l’Université Carleton à participer [au visionnement et à la réunion-débat] et elle n’a pas accepté. J’ai moi-même invité tout le personnel de l’Institut de Carleton. Je n’ai reçu qu’une réponse par courriel.

J’encourage le débat. Le but de faire ce film était de conscientiser les gens, les éducateurs et le gouvernement à cette question. Malheureusement ce fut très, très difficile d’obtenir le point de vue de l’autre côté de l’histoire. Si vous avez tellement confiance, pourquoi ne pas répondre [aux questions], parce que ce ne sont pas des questions sans conséquence […] Vous devriez répondre à ces questions sérieuses. Je ne dis pas que les Instituts devraient fermer aujourd’hui, mais j’encourage les Instituts et les institutions d’enseignement à [répondre et reconsidérer].

Version anglaise : Documentary at Ottawa Film Festival Probes China’s ‘Trojan Horse’

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