Donald Trump accueille le prince héritier saoudien à la Maison Blanche pour des discussions sur la défense, le commerce et le Moyen Orient
La visite intervient après l'annonce faite par le président de son intention d’approuver la vente d’avions furtifs F 35 à l’Arabie saoudite.
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Le président Donald Trump quitte le palais royal saoudien aux côtés du prince héritier Mohammed ben Salmane à Riyad, en Arabie saoudite, le 13 mai 2025.
Le président américain Donald Trump reçoit ce mardi 18 novembre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à la Maison-Blanche, marquant le premier séjour du dirigeant saoudien dans la résidence présidentielle depuis sept ans.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré dans une publication sur X le 17 novembre que le prince héritier, connu sous le nom de MBS, rencontrerait Trump « afin d’évoquer les relations bilatérales, les moyens de les renforcer dans divers domaines, et les questions d’intérêt commun ».
Selon la Maison‑Blanche, la visite inclut des entrevues bilatérales suivies d’un dîner officiel en soirée.
La venue du prince héritier intervient au lendemain de l’annonce par Trump de son intention d’autoriser la vente d’avions de combat furtifs F‑35 Lightning II à l’Arabie saoudite, ce qui renforcerait considérablement les capacités militaires du royaume.
En s’adressant aux journalistes dans le bureau ovale lundi, il a affirmé : « Je l’envisage sérieusement. Ils ont été de précieux alliés… nous leur vendrons des F‑35. »
Débats autour du partenariat sécuritaire
Lors d’une table ronde organisée le 17 novembre par le Carnegie Endowment for International Peace, l’ancien ambassadeur américain en Arabie saoudite Michael Ratney a expliqué que l’achat de F‑35 pourrait entrer en contradiction avec la volonté de Riyad de développer, à long terme, une industrie de défense nationale.
M. Ratney a précisé que l’Arabie saoudite serait sans doute plus intéressée par un partenariat sécuritaire durable avec les États‑Unis. Il a ajouté que Trump pourrait proposer un accord par décret, comme ce fut le cas avec le Qatar, tout en avertissant qu’un tel pacte — qui ne revêt pas la portée d’un traité ratifié par le Sénat — risquerait d’être remis en cause après le départ du président.
« Ce que souhaitent fondamentalement les Saoudiens, c’est un engagement de long terme et une garantie prévisible », a souligné Michael Ratney.
Il reste incertain de savoir si Trump conditionnera cette vente à la participation du royaume aux Accords d’Abraham, ces accords de normalisation signés pour la première fois en 2020 entre Israël et plusieurs États arabes.
La semaine passée, Trump a indiqué qu’il croyait à une possible adhésion saoudienne « dans un avenir proche » alors que Washington cherche à consolider le cessez‑le‑feu à Gaza et à promouvoir la stabilité régionale élargie.
Un pilote du 61e escadron de chasse et les chefs d’équipe de l’Aircraft Maintenance Unit préparent un F‑35A Lightning II sur la base aérienne de Luke, Arizona, le 15 janvier 2019. (Airman 1st Class Jacob Wongwai/U.S Air Force)
Riyad a publiquement déclaré que la normalisation avec Israël dépendrait de « progrès concrets » vers la création d’un État palestinien, une condition à laquelle s’oppose le gouvernement israélien actuel.
L’ambassadrice saoudienne à Washington, Reema Bandar Al‑Saud, a décrit le déplacement du prince héritier, toujours sur X, comme « un nouveau chapitre enthousiasmant des relations entre l’Arabie saoudite et les États‑Unis ; il continue d’élever nos deux peuples, de consolider notre avenir commun et de contribuer positivement à la stabilité mondiale ».
Contexte régional et économique
Cette visite intervient également dans le sillage de l’adoption le 16 novembre d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, à l’initiative des États‑Unis, entérinant le plan de cessez‑le‑feu à Gaza soutenu par Trump. L’Arabie saoudite avait exprimé son soutien à ce texte avant le vote.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio lors d’un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, Riyad, le 18 février 2025. (EVELYN HOCKSTEIN/POOL/AFP via Getty Images)
Après une rencontre avec le secrétaire d’État Marco Rubio et d’autres responsables américains, le ministre de la Défense saoudien Khalid ben Salmane Al Saoud a déclaré la semaine dernière : « Nous avons examiné les relations entre l’Arabie saoudite et les États‑Unis et exploré les moyens de renforcer notre coopération stratégique. »
L’Arabie saoudite demeure un partenaire commercial clé des États‑Unis au Moyen‑Orient, avec 9,5 milliards de dollars d’investissements saoudiens en 2023, selon la Maison‑Blanche.
En 2024, « le commerce de biens États‑Unis‑Arabie saoudite a atteint 25,9 milliards de dollars, dont 13,2 milliards d’exportations américaines et 12,7 milliards d’importations, pour un excédent commercial de 443 millions », selon une fiche publiée par la présidence américaine en mai.
La visite du prince héritier à Washington est sa première depuis l’assassinat du dissident saoudien Jamal Khashoggi, à Istanbul en 2018.
L’écrivaine turque Hatice Cengiz (à dr.), fiancée du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi, pose à côté d’un portrait de Khashoggi après l’avoir dévoilé au National Mall à Washington, DC, le 1er octobre 2021, lors d’une cérémonie commémorative marquant le troisième anniversaire de son assassinat au consulat saoudien à Istanbul. (NICHOLAS KAMM/AFP via Getty Images)
Affaire Khashoggi, ombre persistante sur le dialogue américano-saoudien
Jamal Khashoggi, résident américain et chroniqueur pour le Washington Post, critique de la politique du prince héritier, a été tué et démembré en octobre 2018 au consulat du royaume à Istanbul par une équipe d’agents liés au dirigeant saoudien.
Un rapport de février 2021 du Bureau du directeur du renseignement national indiquait : « Nous estimons que le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a approuvé une opération à Istanbul visant à capturer ou tuer le journaliste Jamal Khashoggi. »
Riyad a nié toute implication de son chef de facto mais celui‑ci a reconnu la responsabilité qui lui incombe en tant que dirigeant du royaume.
Avec la contribution d’Emel Akan et Ryan Morgan.
Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.