Effectifs «dramatiquement bas» et surmenage: les internes de l’hôpital de Nice travaillent 58 heures par semaine pour 1400€

Par Emmanuelle Bourdy
9 août 2022 14:57 Mis à jour: 9 août 2022 14:57

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a adressé une lettre au ministre de la Santé François Braun. Il y dénonce le nombre d’internes du CHU de la ville, largement insuffisants, pour l’année universitaire 2022-2023. Ces internes sont par ailleurs sous-payés et Thomas Citti, chargé de mission pour l’intersyndicale des internes, qualifie leurs conditions de travail d’ « esclavagisme moderne », en raison du surmenage auquel ils font face.

Des effectifs « dramatiquement bas et inadaptés à notre subdivision », telles sont les doléances du maire de Nice, ainsi que le rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. En effet, selon la dernière publication du Journal officiel, seulement 166 internes seront affectés à l’hôpital Pasteur II de Nice, pour l’année 2022-2023, la ville comptant 342.000 habitants.

Un nombre « totalement déconnecté des besoins réels »

En guise de comparaison, bien que la ville de Tours soit presque trois fois plus petite avec ses 136.000 habitants, 298 postes d’internes seront proposés, toujours d’après le Journal Officiel. D’autres villes, également plus petites que Nice, telles que Nancy, Caen, ou encore Reims, comptent elles-aussi un nombre d’internes plus élevé. Ainsi que le relate France 3, Christian Estrosi est donc monté au créneau, en écrivant au ministre de la Santé, d’autant plus que, selon lui, « ce constat ne date pas d’hier ».

« Ce nombre, sous-dimensionné par rapport à d’autres régions et par rapport à la densité de notre territoire, est totalement déconnecté des besoins réels. J’ai saisi ce jour par courrier le ministre de la Santé François Braun afin de lui faire part de notre incompréhension face à ce choix aussi arbitraire qu’injustifié », indique l’édile. Pour lui, il est urgent de « réviser ces effectifs ».

Un calcul basé sur le nombre de médecins de la région

Thomas Citti, le vice-président chargé du droit des internes au bureau des internes niçois, est du même avis que l’élu. « Les internes représentent 40% des effectifs du CHU, nous sommes la clé de voûte de l’hôpital public », rappelle-t-il.

En fait, le calcul du nombre d’internes est basé sur le nombre de médecins déjà en exercice dans la zone concernée et dans les Alpes-Maritimes, on ne compte pas moins de 2883 médecins libéraux. Mais Thomas Citti précise bien que ces médecins ne travaillent pas à l’hôpital. « Le fait de prendre en compte cette démographie médicale globale entraîne des disparités entre les besoins de l’hôpital et les internes qui sont attribués au CHU », pointe-t-il.

Pour éviter à ces médecins en formation cette surcharge de travail, il faudrait, selon l’adjoint à la santé à la mairie de Nice Richard Chemla, près de 100 postes supplémentaires.

« C’est de l’esclavagisme moderne »

Thomas Citti voudrait par ailleurs « qu’on arrête de dévaloriser cette jeunesse médicale qui fait tourner l’hôpital public » et soulève un autre problème, engendré par ce manque d’effectifs. « Les internes ne sont pas assez nombreux donc ils enchaînent les erreurs. Cela entraîne un surmenage professionnel, des dépressions, parfois même des suicides », déplore-t-il.

De plus, le salaire de ces internes – qui travaillent environ 58 heures par semaine et pouvant même aller jusqu’à 80 à 100 heures à l’hôpital de Nice pour certaines spécialités – est de 1400€ net la première année et atteint 1800€ en fin de cursus, précise France 3. Ramené au taux horaire, le salaire de ces internes est inférieur au SMIC. Pour Thomas Citti, « c’est de l’esclavagisme moderne ».

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