Les effets secondaires insoupçonnés du gel à ultrasons

Par Jennifer Margulis
24 décembre 2021 15:51 Mis à jour: 24 décembre 2021 15:51

En 2017, Emalee Morem était enceinte de 40 semaines de son premier enfant. Sur l’insistance du personnel médical, elle a passé une échographie additionnelle pour s’assurer que le bébé était en bonne santé. Après l’échographie, son mari et elle sont sortis déjeuner. Toutefois, assise au soleil sur la terrasse du restaurant, Emalee a commencé à se sentir mal.

« Mon ventre était très chaud pendant que nous mangions », raconte-t-elle, « et lorsque je suis rentrée à la maison, j’ai regardé mon ventre et j’ai vu cette horrible éruption rouge et difforme».

Bien que l’éruption ne soit pas douloureuse, Emalee s’inquiète.

« Cela ne faisait pas mal, mais manifestement ce n’était pas normal », dit-elle. « Je suis certaine que c’était dû au gel de l’échographie. Après l’échographie, ils ont seulement essuyé mon ventre avec une serviette en papier ou un chiffon sec. Mon ventre n’a pas été bien lavé. Je pouvais encore sentir le gel sur ma peau. L’éruption était exactement là où ils avaient mis le gel et le doppler. »

L’inconfort, dit Emalee, a été de courte durée.

« Ça a disparu au bout de quelques heures, mais j’ai eu peur sur le moment. J’ai aussi eu peur de subir d’autres échographies. » Deux semaines plus tard, Emalee a donné naissance à une petite fille en bonne santé de 3,57 kilos.

Un perturbateur endocrinien ?

Le gel qui a provoqué l’éruption cutanée sur le ventre d’Emalee pourrait-il être problématique pour une autre raison ? Notre corps utilise des hormones – des signaux chimiques – pour réguler de nombreux processus dans le corps. Les perturbateurs endocriniens sont des produits chimiques qui modifient les concentrations normales d’hormones. Les phtalates et certains phénols – dont les parabènes et le triclosan – sont considérés comme des perturbateurs endocriniens.

La grossesse, tout comme la puberté et la ménopause, est une période où d’énormes changements hormonaux ont cours. Il est donc particulièrement important, pendant cette période, d’éviter d’être en contact avec des perturbateurs hormonaux. Des études ont montré que les changements non naturels de concentrations d’hormones peuvent induire de nombreux effets nocifs pour la santé, notamment en ce qui concerne la reproduction et le développement du fœtus.

Bien que la composition des gels utilisés pour les échographies varie d’une marque à l’autre, les recherches suggèrent que certains des gels sont à l’origine de perturbations hormonales. Ces gels épais sont appliqués sur le ventre de la femme afin de fournir un milieu liquide continu pour le passage du son, exempt de bulles d’air pouvant perturber le signal. Ils contiennent une variété de parfums et de colorants, ainsi qu’un produit chimique appelé propylparaben. Ce dernier est un phénol, soit un composé chimique extrait du goudron de houille. Les gels à ultrasons peuvent également contenir des phtalates, utilisés pour lier le parfum et la couleur.

Le Dr Carmen Messerlian et ses collègues du département de santé environnementale de l’université de Harvard ont cherché à découvrir si l’exposition au gel à ultrasons perturbait le système endocrinien. Ils ont publié leurs résultats dans une étude intitulée « Ultrasound gel as an unrecognized source of exposure to phthalates and phenols among pregnant women undergoing routine scan » (Le gel pour échographie comme source méconnue d’exposition aux phtalates et aux phénols chez les femmes enceintes subissant un examen de routine, ndt.), dans l’International Journal of Environmental Health en 2017.

Faisant équipe avec des cliniciens du Massachusetts General Hospital, l’équipe du DMesserlian a analysé l’urine d’une douzaine de femmes enceintes dans le cadre d’une précédente étude sur la fertilité. Dans cette dernière, les femmes ont toutes subi une échographie de routine au deuxième trimestre.

Trois échantillons d’urine ont également été prélevés sur chacune d’elles : l’un avant l’échographie, l’autre de une à deux heures après l’échographie et, un troisième, de 7 à 12 heures après l’échographie.

Les échantillons d’urine ont ensuite été analysés par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour déterminer la présence et les taux de concentrations de 19 phtalates et de 11 phénols différents.

Les phtalates atteignent leur plus haute concentration 7 à 12 heures après l’échographie

Les résultats ont montré que les phtalates atteignaient leur concentration maximale dans l’urine des femmes enceintes environ 7 à 12 heures après l’exposition au gel à ultrasons. De plus, les plus fortes concentrations de presque tous les produits chimiques analysés ont été observées dans les troisièmes échantillons d’urine, soit près de 8 heures après l’échographie.

Toutes les participantes de l’étude ont rapporté avoir mangé un aliment ou utilisé des produits de soins personnels pouvant contenir des perturbateurs endocriniens. Il se peut que les résultats aient été légèrement biaisés.

Cependant, une constante s’est dégagée chez les 12 participantes. Le temps nécessaire pour qu’apparaissent des concentrations élevées de phtalates dans l’urine après avoir appliqué du gel à ultrasons était équivalent pour toutes ces femmes.

« Bien que des recherches additionnelles soient nécessaires, cette étude préliminaire identifie une source potentielle d’exposition aux phtalates et aux parabènes qui était jusqu’alors inconnue chez les femmes enceintes qui subissent une échographie de routine », concluent les chercheurs.

Comment fonctionnent les ultrasons ?

L’échographie prénatale utilise des ondes sonores pour créer une image du bébé qui grandit dans l’utérus de sa mère.

« Les ultrasons sont des ondes de très haute fréquence que nous ne pouvons pas entendre. Il s’agit du même principe que le radar ou l’écholocalisation », explique le DLise Eliot, neuroscientifique à l’université de médecine et de sciences Rosalind Franklin.

« Vous émettez un son. Si un objet se trouve à proximité, il réfléchira ce son. Les ondes sonores passent dans l’abdomen de la mère et le corps du bébé reflète ces ondes. Cette technologie permet de créer une image en deux ou trois dimensions de l’enfant à partir des ondes réfléchies. »

Un élément de routine des soins prénataux

Les échographies sont utilisées pour déterminer le sexe et la position du fœtus, ainsi que pour déceler d’éventuelles anomalies, dont certaines peuvent parfois être corrigées par chirurgie avant la naissance du bébé. Par exemple, il est possible d’opérer la forme la plus grave de spina bifida, la myéloméningocèle, pendant la grossesse. De plus, si l’échographie montre un état pathologique grave ou une anomalie génétique du fœtus, mettant en péril la vie de l’enfant, les médecins recommandent souvent que la grossesse soit interrompue.

Autrefois utilisée ponctuellement, l’échographie intègre aujourd’hui couramment, et de façon incontestée, les soins médicaux prénataux conventionnels. En fait, les échographies de grossesse sont considérées comme une composante si essentielle des soins de maternité modernes que la majorité des obstétriciens estiment qu’il serait « impossible » de fournir des soins de haute qualité sans y avoir recours.

Une femme qui choisit de ne pas subir d’échographie – parce qu’elle ne consentira jamais à se faire avorter ou parce qu’elle remet en question l’innocuité, la nécessité et la fiabilité de cette technique – fait souvent face à l’étonnement et à la résistance de ses prestataires de soins.

Les femmes occidentales dont la grossesse se déroule normalement ont généralement trois à cinq échographies par grossesse, quel que soit le risque. Les femmes enceintes considérées comme « à haut risque » peuvent faire une échographie à chaque rendez-vous.

Une mère du New Jersey, Jen Simon, a subi 30 échographies au cours de sa première grossesse. Elle ne mesurait qu’un mètre soixante et son mari ne mesurait qu’un mètre soixante-sept. Malgré cela, leurs médecins, à New York, ont fait valoir la nécessité de pratiqué de nombreuses échographies étant donné que leur bébé était trop petit. « On m’a dit que j’avais de la chance de ne pas en avoir trois par semaine », déclare Mme Simon.

Ces échographies sont-elles vraiment nécessaires ? Réfléchissons-y. Une étude, publiée en 1993, portant sur plus de 15 000 femmes enceintes a révélé que les échographies n’améliorent pas la condition des fœtus. Une autre étude, portant sur plus de 2 800 femmes, a montré que les femmes enceintes ayant subi cinq échographies étaient plus susceptibles d’avoir des bébés présentant un retard de croissance que celles n’en ayant subi qu’une seule. Cela suggère que l’échographie elle-même pourrait, en partie, être la cause de l’état pathologique qu’elle cherche à surveiller.

« Si le risque est faible, il est honnêtement très peu justifié de faire plus d’une échographie », soutien mon collègue et co-auteur, le Dr Paul Thomas, pédiatre à Portland, dans l’Oregon. « Même une seule échographie peut ne pas être nécessaire, à moins que le dessein soit d’avorter un fœtus qui n’a aucune chance de survie. »

Facteurs qui invitent à la prudence

Dans le même temps, il existe un nombre croissant de preuves scientifiques liant l’exposition aux ultrasons in utero à des anomalies cérébrales et autres problèmes de santé chez les jeunes enfants.

Par exemple, une étude de 2016 publiée dans la revue Autism Research par des scientifiques de l’Université de Washington a examiné 2 644 enfants atteints d’autisme. On a constaté que les garçons exposés aux ultrasons au cours du premier trimestre présentaient des symptômes d’autisme plus graves, notamment une baisse du QI et une augmentation des comportements répétitifs.

Les recherches menées par le Dr Manuel Casanova, professeur de sciences biomédicales à l’université de Caroline du Sud, ont également montré que l’exposition précoce aux ultrasons peut déclencher une migration inopportune des cellules cérébrales, susceptible d’entraîner des perturbations cérébrales et l’autisme.

Les alternatives au gel à ultrasons

Il est possible d’éviter l’usage de gel échographique, un potentiel perturbateur endocrinien, en disant à l’échographiste que vous ne souhaitez pas l’utiliser. Apportez à votre rendez-vous de l’huile de noix de coco biologique et demandez au technicien de l’utiliser. Certains techniciens peuvent également simplement utiliser de l’eau, plutôt que le gel, pour faciliter le déplacement du transducteur et voilà le problème est résolu.

Le Dr Thomas mentionne quelques autres mesures simples pour réduire les risques de l’échographie pour votre enfant. Par exemple, de nombreux techniciens ne savent pas que, selon les directives obstétriques, les échographies doivent être réalisées le moins longtemps possible et avec la plus faible intensité possible. C’est ce qu’on appelle le « niveau le plus faible qu’il est raisonnablement possible d’atteindre », ou le principe « ALARA » (acronyme de « As Low As Reasonably Achievable »).

« Si vous voulez passer une échographie ou si votre médecin insiste vraiment, demandez au technicien de régler son appareil à l’intensité la plus basse pour obtenir l’image requise », suggère le Dr Thomas. « Dites à votre médecin et au technicien que vous voulez que l’exposition soit la plus faible possible pour le fœtus et la durée la plus courte possible. Ce sont, en fait, les directives en vigueur, mais la plupart des médecins ne les suivent pas. »


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